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Sens Interdit
Danielle Martinigol et Alain Grousset
Flammarion, Ukronie, n°6, SF/anticipation, 325 pages, août 2010, 15€

La grippe espagnole de 1918 a supprimé une grande partie de l’odorat des gens. Chacun ne peut sentir qu’un genre d’odeurs et de ce fait se retrouve emprisonné dans une caste, Animale, Végétale ou Minérale, ce qui induit la suite de sa vie.
Ce fléau a servi d’excuse aux Flagellants, un ordre religieux extrémiste, pour prendre le pouvoir et faire régner une terreur obscurantiste.
Le jour où Mathis, orphelin caché en Afrique, est détecté comme Odorant Absolu, donc capable de tout sentir, il devient la proie de toutes les convoitises, et en particulier des Flagellants qui voient dans son état un risque d’écroulement de leur pouvoir…



Ce nouveau titre de la collection « Ukronie » (voir « Ceux qui sauront » et « Les Fils de l’Air ») a été écrit par Alain Grousset, directeur de la collection en question, et Danielle Martinigol, auteure de SF connue du monde de la littérature jeunesse. Les deux compères ont déjà collaboré à maintes reprises, et on sent la machine bien rodée derrière cette nouvelle histoire.

Le postulat de départ exhale un concept intéressant : plus personne ne peut sentir toutes les odeurs qui font notre monde. Ce qui implique que le goût est aussi modifié voire annihilé pour beaucoup. En gros, la saveur de la vie est devenue une denrée rare et se distribue selon la richesse, donc de façon inégalitaire. Pire, la possession de ce « pouvoir » induit votre futur. Avoir du nez devient un super pouvoir. Effrayant !

Monté comme un thriller, l’aventure ne perd pas une seconde. On a le droit à des scènes d’action menées comme dans un bon Tom Clancy des familles, suivant les attaques de forces spéciales entraînées au combat rapproché. Mais c’est aussi une cavalcade à travers la planète qui hume bon le « Jason Bourne ». Et en parallèle, le fanatisme religieux omniprésent dégage ses relents nauséabonds, capable des pires extrémités au nom de Dieu mais en réalité afin de conserver des pouvoirs personnels.

Ce roman dégage aussi les fragrances du combat d’humains, une lutte pour la liberté. Une liberté que personne ne flaire plus, comme si chacun était anesthésié et poursuivait sa vie sans plus se poser de questions sur ce qui est le bien ou le mal, sur ce qui est progrès et ce qui est réactionnaire, sur ce qui vaut d’être vécu et ce qui ne l’est plus. L’apparition d’un messie pourrait changer les choses.
Oh, les auteurs rappellent tout de même que malgré ce remède miracle, il faudrait un temps avant que les hommes n’acceptent le changement, mais une certaine forme de révolution commence à se répandre.
Les parallèles avec notre situation actuelle ne seraient-ils que fortuits ?

On remarquera un petit Deus Ex Machina qui permet de remettre le héros, Mathis, sur le bon chemin, mais rien qui ne puisse entacher la dynamique de ce bon roman de SF/anticipation dont les 300 pages se lisent et se reniflent avec un plaisir suave et délicat.


Titre : Sens interdit
Auteur : Danielle Martinigol et Alain Grousset
Couverture : Benjamin Carré
Éditeur : Flammarion
Collection : Ukronie
Site internet : page roman (site éditeur)
Numéro : 6
Pages : 325
Format (en cm) : 14,5 x 22 x 2,4
Dépôt légal : août 2010
ISBN : 978-2081230439
Prix : 15 €



Michael Espinosa
22 août 2010


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