Ambre est une enfant de la balle ou plutôt des fourneaux. Son père, Alessandro Craprèze, est un grand cuisinier et son restaurant, le Clos des Épices, un 3 étoiles. Intransigeant avec son personnel comme avec ses enfants, il mérite largement ses trois étoiles. Mais pour cela, il a aussi sacrifié sa vie de famille, allant jusqu’à imposer la même rigueur aux siens qu’à ses cuisiniers. Si Ambre a accepté les mauvais côtés de son père, son frère Arthur a totalement coupé les ponts, allant même le défier en travaillant pour Fast-Do, un chaine de fast-food dans toute sa laideur. Bon, Arthur a tendance à arranger les hamburgers à sa façon, ce que savourent les fidèles clients. Et cette année, Ambre a décidé de partir au Japon apprendre l’art des forgerons nippons. Mais son voyage sera de courte durée car elle est vite rappelée à Paris : son père a été retrouvé mort dans son frigo.
Comment Caprèze a-t-il pu se retrouver enfermé dans la chambre froide du restaurant ? Difficile de croire à un simple accident mais Ambre et son frère ont bien d’autres problèmes pour s’intéresser aux circonstances sur la mort de leur père. Maintenant qu’ils sont devenus des héritiers, ils vont devoir assumer le lourd challenge de reprendre les rennes du Clos des Épices. Et malheureusement, quand le bateau coule, les rats quittent le navire. Tout le personnel de Craprèze ou presque va fuir lâchement, abandonnant les deux héritiers à leur triste sort. Et pourtant, Arthur n’est pas du genre à baisser les bras et s’il faut qu’il recrute lui-même de nouveaux cuistots et serveurs, pas de problème, il a une source de main-d’œuvre assurée : son fast-food. Mais transformer des adeptes du hamburger en du personnel trois étoiles, tout cela en quelques jours, cela reste mission impossible. Ambre peut-elle faire qu’un miracle se réalise ?
En lisant la préface de Yannick Alleno qui introduit ce premier tome, chef 3 étoiles au guide Michelin, on se dit que l’approche du scénariste doit certainement est très proche de la réalité. Et c’est là une autre surprise, car le dit scénariste n’est autre que Christophe Arleston ! Le papa de l’univers de Troy se retrouve bien loin de son monde magique. Il est associé à Audrey Alwett, la fondatrice des collections Blackberry et Strawberry chez Soleil. Et on va vite sentir le côté girly de “Lord of Burger” avec le personnage de Ambre et son voyage en Asie chez un maître forgeron... femme. L’association de ces deux auteurs donne une œuvre vraiment sympathique. Avec pourtant un sujet qui pouvait vite être dramatique ou caricatural, chaque situation est pris sous un côté humoristique (qui rappellera par certains côtés les premiers tomes de“ Lanfeust de Troy”), même la mort de Craprèze est décrite sous un angle comique. Et ce petit côté décalé se mélange adroitement avec des notions tout à fait sérieuses sur la cuisine, des explications sur les meilleurs ouvriers des France... Et même les recettes bien réelles sont mis en œuvre sans se prendre au sérieux. Être drôle est un art difficile mais avec deux pointures comme Arleston et Alwett, la partie était quand même presque gagnée d’avance.
Aux crayons, le duo Balak et Rachel Zimra. On sent évidemment une influence nippone dans les dessins. Le style est semi réaliste mais surtout totalement en phase avec le scénario déphasé de l’autre duo de scénaristes. Certes, certains seront un peu réfrénés par les couleurs très flashy d’Andry et Florence Torta. Un style qui n’est pas très habituel chez Torta mais qui va particulièrement bien avec le genre girly dont les éditions Soleil nous ont habitués. Et vraiment, “Lord of Burger” s’en sort grandi et non dévalorisé comme on pouvait le craindre.
Sous sa couverture très tape-à-l’oeil, “Lord of Burger” cache une petite perle d’humour, avec de très beaux dessins pour soutenir le scénario d’Arleston et Alwett. Une curiosité qui vaut largement le détour.
Lord of Burger (T1)
Scénariste : Christophe Arleston et Audrey Alwett
Dessin : Balak et Rachel Zimra
Directeur artistique : Alessandro Barbucci
Couleurs : Andry et Florence Torta
Éditeur français : Glénat
Format : 248 x 180
Pagination : 96 pages
Date de parution : 24 mars 2010
Numéro ISBN : 2-7234-7366-8
Prix : 10 €
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