L’agence est chargée par les victimes de crimes en série suite à une tromperie aux assurances d’accomplir leur vengeance contre Eiichi Sumigawa. Ce boss yakusa avait réussi à échapper à une première vengeance grâce à ses appuis politiques. Mais cette fois, ses chances de s’en tirer paraissent bien minces. L’agence de Hiroshi va mettre en place les procédures spéciales prévues par le gouvernement. Un village est vidé afin de permettre la vengeance de s’accomplir sans risquer de mettre en danger la vie de civils. L’armée est le garant de la sécurité publique. Toutefois, Sumigawa va se voir attribuer un des meilleurs protecteurs existants, une légende connue sous le nom significatif du fantôme. Un adversaire à la hauteur d’Hiroshi. Mais entre un téléphone qui sonne en permanence dans sa tête, les visites de cette femmes mortes et un Mizoguchi qui veut lui faire la peau, cette mission n’annonce des plus ardues.
Vous avez dit malsain et schizophrénique, évidemment vous parlez de “Freesia”. Cette série sort définitivement du lot, à la fois par son absence totale de politiquement correct et son déni tout aussi total des règles de base des mangas. Cet ovni poursuit son analyse de Hiroshi : paranoïaque, psychotique, mais surtout dérangé par son expérience à l’armée. Encore une fois, Jiro Matsumoto nous donne une bride d’information sur les événements qui ont transformé Hiroshi. D’abord, par sa première rencontre avec Higuchi. Le jeune homme est devenu à ce point insensible qu’il n’exprime aucun remord de son inaction lors du viol de la jeune femme. Il ne ressent plus rien depuis tellement longtemps. Un petit tour en forêt va avoir un petit effet « madeleines de Proust », même si ses souvenirs sont trop fragementés pour nous expliquer réellement le coeur du problème, et se confier à un fantôme n’aide pas.
En parlant de fantôme, son duel avec l’éxécuteur va plus nous en apprendre sur Hiroshi en quelques pages que dans les deux tomes réunis. N’allons pas dire que Matsumoto en fait un surhomme, mais les réflexes montrés par Hiroshi sont loin d’être normaux ou uniquement dus à un entrainement. Quelque chose de plus profond se cache derrière. Et pourquoi le fantôme se compare-t-il à un gamin beaucoup plus jeune que lui ? Quel lien les unit ? Beaucoup de questions qui resteront pour le moment sans réponse. Matsumoto nous lâche dans un monde digne d’un asile psychiatrique et à nous de nous en sortir indemne... ou suis-je en train de parler de son personnage ?
Avec ce deuxième tome, le dessin de Matsumoto est parfaitement ingéré par le lecteur. L’effet de surprise disparu, on peut savourer sa manière de dépeindre des scènes d’une rare violence, avec un duel rappelant furieusement “Reservoir Dogs”. Toujours aucune concession dans le récit comme dans les images, oscillant dangereusement avec le porno et le gore mais sans vraiment passer le pas.
“Freesia” est une oeuvre étonnante, dérangeante et donc passionnante, à réserver évidemment à un lectorat très averti.
Freesia (T2)
Auteur : Jiro Matsumoto
Traducteur : Thibaud Desbief
Éditeur français : Kaze Manga
Format : 127 x 182, noir et blanc - sens de lecture original
Pagination : 192pages
Date de parution : 17 juin 2010
Numéro ISBN : 2-84965-845-1
Prix : 7,50 €
A lire sur la Yozone : Freesia (T1)
FREESIA © 2003 Jiro Matsumoto / Shogakukan Inc.
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