Yquem parcourt le pays afin de récolter de l’argent pour sauver de la famine les pauvres habitants de Delpont. Bon, le fait qu’il possède le don de convaincre les gens par ses discours l’aide quelque peu dans sa mission et surtout, il semble bien avoir convaincu Rava du bienfondé de son œuvre de bienfaisance. Par contre, ce ne sont pas les arguments de ce bonimenteur qui vont convaincre Lynche de les accompagner pour un bout de route. Non, ce sera un talisman, un collier offert à Rava dont le symbole ramène la guerrière loin dans son passé, durant son enfance. Alors soit, elle accepte de suivre la caravane des sauveurs de Delpont et le trajet choisi par Yquem est truffé d’obstacles, de créatures peu sympathiques et de villages encore plus pauvres que Delpont. Mais Yquem cache un secret peu honorable, et malheureusement, nos deux guerrières vont le découvrir à leurs dépens.

Bienvenue dans le monde de Troy... Bon, ça fait un peu réchauffé me diriez-vous et vous n’auriez pas tort. Il faut dire que le monde inventé par Christophe Arleston est déjà très riche et les déclinaisons pullulent. Depuis le succès de “Lanfeust de Troy”, nous avions déjà à nous mettre sous la dent “Troll de Troy”, “Lanfeust des Etoiles”, “Les Conquérants de Troy”, “Tykko des sables”... De quoi attraper une overdose ! Alors pourquoi continuer à lire Troy ? Vraie question. Tout d’abord, par la variété des périodes. En effet, toutes ces sagas ne sont pas de simples séquelles de Lanfeust, nous visitons Troy en diverses périodes de ce monde. “Les Guerrières de Troy” nous emmènent plus de 3000 ans avant les sagas de Lanfeust. Nous suivons les aventures de deux guerrières amazones, Lynche et Rava, à travers le passé de la première et la candeur de la seconde. Le scénario d’Arleston, s’il ne possède pas le même humour exacerbé que la série originale, est bien plus critique et sarcastique sur notre époque. Arleston s’attaque dans ce tome aux associations humanitaires, défendant de justes causes, mais parfois leurrant sans le moindre scrupule les pauvres pigeons payant pour tout et n’importe quoi. Yqueme est une caricature des soit-disant défenseurs des pauvres gens.

Et en évoquant ce thème qui va être le fil rouge de ce tome, il faut immédiatement parler de la seconde raison de lire “Les Guerrières de Troy” : l’arrivée de Dany au dessin. L’idée de cette critique des associations humanitaires n’est pas étrangère au dessinateur que nous n’avons plus à vous présenter. Dès la couverture, vous reconnaissez le style graphique qui fait l’image de marque de Dany, ce style semi réaliste, avec ses personnages aux proportions bien particulières, mais avec cette qualité du trait qui a fait la réputation du père d’Olivier Rameau. L’univers peint par Dany est original car le dessinateur a choisi de ne pas lire les autres albums de Troy, afin de garder une certaine fraicheur et d’échapper à des comparaisons qui ne sont jamais innocentes. Et surtout, c’est un plaisir sans nom de voir de vraies couleurs, du vrai crayon et non de la palette graphique, ce qui donne ces dégradés de teintes permettant de rendre d’une grande lisibilité un combat très fouillis comme l’abordage des pirates. Les effets spéciaux de Mourier sont les seuls ajouts par ordinateur et ils permettent de finaliser de superbe façon les planches de Dany.

L’arrivée de Dany est peut-être enfin une très bonne chose pour la saga de Troy et si l’humour reste un cran en dessous, le ton critique de ce tome est des plus délectables et donne envie d’aller plus loin dans les aventures de Lynche et Rava.

(T1) : Yquem le Généreux
 Série : Les Guerrières de Troy
 Scénario et couleur : Christophe Arleston et Mélanyn
 Effets spéciaux : Jean-Louis Mourier
 Éditeur : Soleil
 Dépôt légal : 26 mai 2010
 Format : 234x323 mm
 Pagination : 54 pages couleurs
 Prix public : 13,50 €
 Numéro ISBN : 2-30201-069-7

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