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Washita (T3)
Gauthier, Lérolle et Labourot
Dargaud

Au début est un mal mystérieux qui décime les peuples indiens et la faune de cette Amérique du Nord d’avant l’irruption des Blancs. Le guerrier cherokee Equani, originaire d’un village de l’Est, se voit alors confier la mission d’aller à la recherche d’un remède à l’épidémie, mission qu’il accepte d’autant plus volontiers que vivrait là-bas, dans les terres lointaines de l’Ouest, la femme qui hante ses rêves et dont il sait qu’elle se nomme Washita.



Après que le premier album ait posé les bases de l’intrigue, le suivant a montré Equani dans son cheminement difficultueux et sa rencontre violente avec Yânû, le Maître des Ours qui rend les humains responsables de la maladie fatale. Et s’il échappe de justesse à ses griffes, c’est pour se retrouver captif de la tribu des Tsitsitas, de qui il apprend que vivrait non loin de là une certaine... Washita !

Et donc, nous voici plongés dans la troisième étape de ce qui n’est pas un chemin de croix, même si la lenteur de l’exposé, si l’esthétisme plutôt gratuit des images (même s’il se fonde sur des motifs indiens garantis authentiques) et si la propension à abuser de plans-séquences faits d’enfilades d’arrêts sur image façon puzzle ont souvent davantage rebuté que les aléas de la route. Or cette fois, le courant passe. Sans tout à fait renoncer à leurs tics narratifs et visuels, Séverine Gauthier et Christian Lerolle semblent se décider à laisser le flux de l’histoire s’écouler plus naturellement.

C’est donc une bonne surprise que ce troisième album où le Cherokee, guidé par la petite-fille du chef des Tsitsitas, progresse en direction du village où vit sa Washita. Et même si sa rencontre avec les grands esprits du peuple des Daims et du peuple des Ours sont là pour lui rappeler qu’hommes et bêtes souffrent le martyre, se couvrant de taches noires avant de rendre l’âme, et qu’il faut donc agir, l’amour est le plus fort, qui fait qu’Equani met ces urgences entre parenthèses, le temps de vivre une véritable idylle avec cette femme dont il avait tant rêvé et qui, de son côté, semblait bien n’attendre que lui.

Ce tome 3 de “Washita” fait figure d’intermède, qui laisse à ses auteurs le loisir de traiter des thèmes prenants et comme apaisés : la complicité mêlée de tendresse qui, chemin faisant, lie Equani à sa jeune guide, ce bonheur presque trop beau d’une femme idéale devenue réalité... Oui, le récit fonctionne, si bien qu’on se prend même à trouver épatante la mise en images de cette légende indienne confrontant le soleil, rayonnant comme jamais, aux humains que son éclat fait grimacer. Ah ça, serait-ce que le charme de l’histoire agirait enfin ? Ou bien qu’un mal sournois s’est emparé du lecteur ? L’avenir nous le dira.


Washita (T3)
- Scénario : Séverine Gauthier
- Dessin : Christian Lerolle
- Couleurs : Thomas Labourot
- Éditeur : Dargaud
- Date de publication : 7 mai 2010
- Pagination : 56 pages couleurs
- Format : 24 x 32 cm
- Prix public : 13,50 €
- ISBN : 978-2-5050-0811-8


© Editions Dargaud et les auteurs



Alain Dartevelle
26 juin 2010




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