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Un Long Destin de Sang, Acte 1
Bollée & Bedouel
12 Bis

Le moins qu’on puisse dire est que la commémoration récente de la Première Guerre mondiale n’a pas donné lieu qu’à des copies conformes aux clichés habituels. En fait, plusieurs albums ont abordé le sujet de façon allusive, voire ludique. Ainsi en a-t-il été de « Notre-Mère la guerre » (Maël et Kriss) ou de « L’Obéissance » (Franck Bourgeron), tous deux chez Futuropolis, le premier introduisant la hantise d’un tueur de femmes au cœur de la boucherie des hommes, et le second usant d’une anecdote historique pour offrir le spectacle saugrenu d’une guillotine brinqueballante du côté d’un front qui se délite...

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Un long destin de sang” est de la même veine narrative, qui ne nous sert les images de cadavres de poilus dans la boue des tranchées - conséquence d’une attaque au gaz - qu’en début et fin d’album. Entre les deux, une remise en question des vérités officielles. Celle de ce massacre-là, d’abord, puisqu’il semblerait bien que les soldats soient morts avant l’irruption du fameux gaz moutarde. Celle d’une autre tuerie ensuite, qui surviendra bientôt au cœur de Paris, Square du Temple, et qu’on imputera à l’armée allemande.

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Tandis que s’installe un doute généralisé, le scénario de Bollée maintient le suspense en suivant pas à pas, par une sorte de tressage narratif, les heures qui ont précédé la supposée canonnade allemande. Ainsi s’entrecroisent ou se développent en parallèle les destins individuels d’Hélène, une institutrice militante, de Féraud l’imprimeur de tracts politiques, du jeune soldat Beauchamp dont Hélène est la marraine de guerre, du député de la Vigne, animal politique ô combien dissemblable d’Etienne, son candide acteur de frère... Ou encore du général des Rozières, qui devrait en savoir beaucoup plus qu’il n’en dit sur l’élimination du 418e régiment d’infanterie... Sans oublier le commissaire Michel Crespin et le journaliste Philippe Loisel, qui aimeraient tirer tout cela au clair...

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Bien sûr, on se doute quelque peu des ressorts cachés de cette fiction, et bien sûr, on sait intuitivement que les destins de ces gens-là vont converger jusqu’au point d’orgue du Square du Temple. Mais ce qui frappe avant tout et emporte l’adhésion, c’est le rythme : des séquences qui se succèdent au pas cadencé puis en accéléré, à tel point qu’une ou deux cases suffisent pour faire le point sur ce que vient de vivre un des personnages, juste avant de passer à un autre, puis aussi sec à un troisième. Et tout ça tient la route sans qu’on perde ni emmêle les fils d’une narration pourtant complexe. De la belle ouvrage sans aucune baisse de tension : l’apothéose risque d’être grandiose.


Si vous appréciez le travail du scénariste Laurent-Frédéric Bollée, auteur notamment de la série « Apocalypse Mania » (Dargaud), de « L’Ultime Chimère » (Glénat) ou encore le récent « L’Idole & le Fléau » (12 Bis), je vous invite à découvrir son blog perso et l’idée qu’il jette sur son travail depuis 20 ans dans la BD. Très instructif, empli autant d’envie que d’humilité, notamment dans l’article intitulé « Un (long ?) destin de BD » daté du 8 avril 2010.
Il y dit également tout le plaisir qu’il éprouve devant l’excellent accueil de la presse pour « Un long destin de sang », album qu’il juge comme son meilleur parmi les 30 qu’il a produits.
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Un long destin de sang (Acte 1)
- Textes : Laurent-Frédéric Bollée
- Dessins : Fabien Bedouel
- Editeur :12 Bis
- Dépôt légal : 8 avril 2010
- Pagination : 56 pages couleurs
- Format : 24 x 32 cm
- ISBN : 978-2-35648-118-4
- Prix public : 13 €


Illustrations © Fabien Bedouel et 12Bis (2010)



Fabrice Leduc
Alain Dartevelle
21 juin 2010




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Illustration de 4e de couverture



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