Au cours du dîner, Miss Furr lui propose une séance de spiritisme, le soir même. Celle-ci tourne au cauchemar quand Nora entre en transe, possédée par l’esprit d’une femme du nom d’Antonia. Tandis que Mr Sendak, un pensionnaire inquiétant, la met en garde d’un danger, elle reçoit une lettre du jeune peintre lui proposant de poser pour lui. Sa ressemblance au modèle de Pellini et sa disposition aux visions font d’elle le médium idéal. Surtout, si de surcroît, le prénom de la belle toscane est Antonia...

On ne présente plus François Rivière, créateur d’ « Albany » (Dargaud), de « Maître Berger » (Glénat) ou de « Victor Sackville » ( Le Lombard). Spécialiste de littérature policière et britannique (les deux étant loin d’être incompatibles…), il nous livre ici une histoire plus fantastique. L’intrigue est prenante et riche, faisant la part belle aux mystères et mêlant habilement des personnages existants et fictifs. L’histoire du tableau me fait penser à « L’île des morts », de Sorel et Mosdi (Vents d’ouest), le tableau peint cinq fois par Arnold Böcklin qui est le centre de cette série.

D’aucun pourront trouver l’histoire un peu compliquée (je dois dire qu’une deuxième lecture peut s’avérer opportune), la faute, je pense, à la richesse du scénario et au fait que ce soit un diptyque. Un troisième tome aurait permis de développer plus certains aspects qui ont été survolés (comme l’institut ou l’histoire des personnages principaux), ou que les transition soient moins abruptes. Le nom de l’album fait référence à la maison de campagne d’Henry James sise à Rye dans le Sussex où il vécut à partir de 1897. Il est né le 15 avril 1843 à New York et est considéré comme le maître de la nouvelle et du roman. A la fin de sa vie, il sera naturalisé britannique, il meurt à Londres le 28 février 1916. Autre personnage ayant réellement existé, Mrs Blavatski, de son vrai nom Héléna Petrovna von Hahn, fondatrice de la société théosophique. Née le 30 juillet 1831 à Dniepropetrovsk en Ukraine (ancienne Russie), elle est décédée le 8 mai 1891 à Londres, lors d’une épidémie de grippe. Pour la petite histoire, Nora De Wing arrive en juin 1891 à Londres. Sir Lawrence Alma-Tadema (8 janvier 1836 à Dronrijp, Pays-Bas - 25 juin 1912 à Wiesbaden, Allemagne) est un peintre britannique d’origine néerlandaise et est nommé page 6.

Le dessin de Federici, classique, est superbe, rien que la couverture donne envie. Les personnages sont très expressifs, proche du réalisme. La seule ombre au tableau (si je peux m’exprimer ainsi) est la couleur. Par exemple, autant la planche 2 donne vraiment une atmosphère d’inquiétude et d’angoisse, autant la planche 4 avec ses vignettes en bleu me désoriente un peu. Ces cases de couleur unique (bleu, rose) sont assez surprenantes et je trouve qu’elles cassent le récit. Par contre, j’ai l’impression que le travail sur la couleur s’améliore en fin de récit (à partir de la page 25), où l’uniformité des teintes sanguines du début disparaît.

Une BD exigeante, à lire avec attention, qui devrait trouver toutes ses réponses dans le deuxième tome. Petite précision, cet album est sorti une première fois chez Laffont BD en 2008 (couverture identique), le deuxième tome est inédit.

(T1) Lamb house
 Série : La madone de Pellini
 Scénario : François Riviére
 Dessin : Riccardo Federici
 Couleur : Riccardo Federici
 Éditeur : Delcourt
 Dépôt légal : 3 février 2010
 Collection : Machination
 Format : 240x320 mm
 Pagination : 48 pages couleurs
 ISBN : 978-2-7560-1891-1
 Prix public : 12,90€
 Public : Ados, Adultes

© Delcourt 2010 Federici/Rivière