Nous avions laissé nos amis à la bataille du défilé des Thyropiles, avec un Don Lope touché par une balle de mousquet, laissé pour mort. Le maître d’armes est prisonnier, Hermine et Séléné fuient devant une troupe de cavaliers, à bord d’une maison. Le roi Jean (et son âme noire, Mendoza) est donc arrivé à ses fins : être le maître absolu de la lune. Tandis qu’Eusébe et le caillou tentent de délivrer le maître d’armes, Kader, Armand, Andreo et Plaisant rendent un dernier hommage à leur ami espagnol. Je n’irai pas plus loin dans le résumé de ce neuvième tome, vous vous doutez bien que l’histoire va rapidement évoluée.
En effet, les habitués de la série retrouveront rapidement leurs marques. Pour les nouveaux, voir les tomes précédents. Le scénario d’Ayroles est toujours d’une grande qualité. Ses nombreuses inventions (contrebandiers contrepetuns, les mimes des bois…) sont du petit lait. Son récit est toujours parsemé de références, comme « Si j’aurais su, je serais pas venu », la fameuse réplique de P’tit Gibus dans le film « La guerre des boutons » d’Yves Robert. On trouve aussi « Le petit chat est mort », réplique d’Agnés (acte II, scène V) dans “L’école des femmes” de Molière. On remarque aussi le nom de Brioché et de Fagotin. Petite explication, François Datelin dit Fanchon Brioché était un célèbre montreur de marionnettes du XVII siècle. Il se trouve que son singe Fagotin fut tué d’un coup d’épée, au bout du pont neuf, par Cyrano de Bergerac qui l’avait pris pour un laquais et croyant que celui-ci se moquait de lui. Les allusions sur l’identité du maître d’armes comme étant Cyrano étaient déjà présentes dans le tome précédent (le nez et le siège d’Arras). On aperçoit sur un toit Benjamin Franklin avec son cerf-volant, faisant ses expériences sur la foudre.
On arpente la galerie des glaces, on fredonne Casimir (« Il est révolu le temps des ris et des chants » pour « Voici venu le temps des rires et des chants »), on croise le masque de fer ou on se retrouve dans « Meurtre dans un jardin anglais » de Peter Greenway. Vous voyez, encore une fois, la richesse de ce tome écrit avec brio ainsi que les différents niveaux de lecture qui s’y côtoient.
Le dessin de Jean-Luc Masbou est toujours formidable, il sait créer des ambiances pour chaque partie. Ses couleurs sont superbes. Pour parodier Mr De la Fontaine, si Ayroles est le ramage de « De cape et de crocs », Masbou en est le plumage. Et ce n’est pas pour jouer au flatteur.
Le prochain tome clôturera le cycle lunaire. Je pense que l’on découvrira les vraies relations entre Séléné et le maître d’armes. De son côté, Mendoza cherche à retourner sur Terre afin d’y assouvir ses rêves de domination.
Nos amis ont encore un acte à jouer, avant de tirer leur révérence.
(T9) Revers de fortune
Série : De Cape et de Crocs
Scénario : Alain Ayroles
Dessin : Jean-Luc Masbou
Éditeur : Delcourt
Collection : Terres de Légendes
Dépôt légall : 18 novembre 2009
Format : 23x32 cm
Pagination : 48 pages couleurs
ISBN : 978-2-7560-0835-6
Prix public : 12.90 €
Public : Ados, Adulte
© Delcourt - 2009
