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Trône de Fer (Le) – L’Intégrale 1
George R. R. Martin
J’Ai Lu, Fantasy, roman, traduit de l’anglais (États-Unis), fantasy, 798 pages, décembre 2009, 14,90€

À Winterfell, les Stark mènent une vie sans grandes surprises. La proximité du Mur, qui les protège d’une hypothétique menace provenant du Nord, ne les trouble pas outre mesure. Le loup-garou représente l’emblème de cette maison, alors quand ils découvrent une portée de sept jeunes loups-garous à côté de leur mère morte, ils y voient un heureux présage. Robb l’aîné, Sansa, Arya, Brandon (Bran) et Rickard, ainsi que Jon le bâtard, chacun des enfants en adopte un.
Peu après, la venue du roi des Sept Couronnes avec une partie de sa cour est annoncée. Robert Baratheon, dit l’Usurpateur, arrive avec la reine Cersei Lannister accompagnée de ses frères, Tyrion le nain et Jaime, dit le Régicide car il a tué l’ancien roi Aerys Targaryen qu’il avait juré de protéger. Robert demande à Eddard (Ned) Stark de devenir sa Main, car l’ancienne est subitement décédée de maladie.



En souvenir de leur amitié, Ned accepte, mais la mort dans l’âme, d’aider Robert dans l’exercice de ses fonctions. Avant son départ pour le Donjon Rouge à Port-Réal, un malheur frappe sa famille avec la chute de Bran qui reste inconscient, les jambes brisées. Ned laisse Winterfell aux mains de sa femme Catelyn et de Robb, âgé de treize ans. Seules Sansa, promise au prince Joffrey le fils aîné de Robert et de Cersei, et Arya l’accompagnent dans le Sud. Jon intègre la Garde de Nuit, les défenseurs du Mur à l’extrême nord des Sept Couronnes.
À Port-Réal, Ned Stark comprend vite que le décès de son prédécesseur n’est pas naturel. En homme d’honneur, il agit selon ses convictions, même lorsque l’horrible vérité lui éclate à la figure…

Pour beaucoup, Le Trône de Fer est un cycle fleuve avec ses douze tomes parus. Pourtant, il s’agit seulement des quatre premiers de cette série prévue par l’auteur en sept volumes. Déjà souvent annoncé, le cinquième opus « A Dance with Dragons » tarde à sortir, mais cette année devrait être la bonne.
Au vu de leur taille importante, chaque roman original a été découpé lors de la traduction chez Pygmalion. « A Game of Thrones » est sorti en deux fois, « A Clash of Kings » en trois fois, « A Storm of Swords » en quatre fois et « A Feast for Crows » en trois fois.
Pygmalion a bien publié les deux premiers volumes en édition intégrale, mais s’est arrêté là. J’Ai Lu reprend le flambeau dans un format semi-poche avec rabats intérieurs et illustrations de Marc Simonetti sur les deux faces de la couverture.
Nous avons ici affaire à un très beau livre aux pages denses pour caser « A Game of Thrones », regroupant « Le Trône de Fer » et « Le Donjon Rouge », dans un peu moins de 800 pages. Le suivant fait dans les 950 pages ! Mais l’édition originale est respectée, ce qui est très important. On peut regretter qu’il porte le titre « L’Intégrale 1 » au lieu de la traduction de « A Game of Thrones », J’Ai Lu ayant sûrement préféré mettre l’accent sur la notion d’intégrale.
Les deux premiers volumes sont parus simultanément en janvier 2010, le troisième est annoncé pour mai 2010 et le dernier avant la fin de l’année.

Même ceux qui ne lisent pas de fantasy et l’évitent en pensant que chaque roman n’est qu’une énième resucée du « Seigneur des Anneaux », connaissent Le Trône de Fer. Ne pas l’avoir lu, d’accord, mais ne pas le connaître, au moins de nom, serait nier l’évidence. La lecture de douze tomes tronçonnés peut à juste titre effrayer, peut même rebuter ; celle de quatre tomes, aussi épais soient-ils, apparaît déjà plus abordable et surtout beaucoup plus intéressante…

George R. R. Martin commence avec beaucoup d’intelligence. Il ne se disperse pas avec la pléthore de personnages que l’on va rencontrer au fil des pages. Il débute par la menace qui repose au-delà du mur et que l’arrivée de l’hiver rend tangible. Ici les saisons ne sont pas les nôtres ; chacune peut durer des années et cet hiver s’annonce particulièrement rude et long.
Même si le propos premier de « A Game of Thrones » n’est autre que le royaume des Sept Couronnes, la menace venant du Nord devrait devenir un des moteurs de ce cycle, que l’auteur inscrit d’emblée sur plusieurs plans. Certaines trames ont une finalité rapide, alors que d’autres sont appelées à se développer et à chambouler la situation dans le futur du royaume. Résumer toute l’histoire sans remplir des pages tient de la gageure. On peut juste suggérer l’ampleur de cette saga, sa richesse, et encore…

Le livre commence dans le Nord, à Winterfell avec les Stark. On apprend à les connaître avant que d’autres acteurs n’arrivent et n’enrichissent la galerie de personnages. L’auteur part d’un comité restreint, avant d’en disperser les membres pour élargir l’histoire. Les ramifications tendent à se développer, amenant leur lot de noms. Comme George R. R. Martin démarre en douceur, avant de monter en puissance, il ne perd pas le lecteur en route. Avouons tout de même que la flopée de personnages secondaires se mélange vite dans nos esprits, mais sans que cela nuise à la bonne compréhension de l’histoire.

L’ambition démesurée de ce cycle apparaît rapidement. À titre de comparaison, on pensera bien sûr aux « Rois Maudits » de Maurice Druon. Du souffle, de la politique, l’équilibre fragile du pouvoir, des complots, traîtrises en pagaille, des batailles parsèment cette « Intégrale 1 ».

Même si Le Trône de Fer est classé fantasy, beaucoup verront dans cette « Intégrale 1 » un roman historique aux lieux imaginaires. En effet, point de sorciers ou de magie qui décalent tout de suite le récit. Certains faits suggèrent bien l’étrangeté : le règne de la dynastie des Targaryen s’appuyait sur des dragons, la famille Stark trouve des loups-garous, toutes les histoires racontées par de veilles femmes sur les Autres semblent receler une parcelle de vérité… Pourtant la grande majorité des habitants des Sept Couronnes ne croit plus en de telles calembredaines, la longueur des saisons rendant les mémoires volatiles.
Le traducteur Jean Sola appuie ce sentiment de roman ancré dans notre propre passé avec des expressions volontiers datées, des tournures vieillottes. À l’occasion, on peut être surpris, même douter du bon français de certaines phrases, mais ce n’en est pas moins parfaitement adapté au récit.

Plonger dans Le Trône de Fer, c’est s’imprégner du royaume des Sept Couronnes et de ses principaux protagonistes. Les Lannister, les Stark, les Baratheon, les Targaryen… autant de noms que l’on n’oubliera plus, car George R. R. Martin sait brosser un portrait. Et là il peut s’en donner à cœur joie !
Il est clair que l’auteur nous en met plein la vue, il développe avec minutie une histoire passionnante et réussit parfaitement à nous faire partager et à nous accrocher à sa création souvent cruelle. Le lecteur est intégré au récit, le vivant presque de l’intérieur, car il réagira souvent à telle ou telle décision prise par untel et qu’il imagine mauvaise quant à son avenir.

Il faut reconnaître le talent de George R. R. Martin à nous embarquer dans Le Trône de Fer. Son excellente réputation n’est en rien galvaudée, cette « Intégrale 1 » nous le prouve de façon imparable.
On en redemande et on réserve déjà une belle place dans la bibliothèque pour les quatre volumes de cette Intégrale de chez J’Ai Lu.

Et projetons-nous dans le futur : imaginons la publication directe de « A Dance with Dragons » en un gros et beau volume, et non en plusieurs tomes enchaînés.
On peut toujours rêver, d’autant que sa publication outre-Atlantique se fait désirer…


Titre : L’Intégrale 1 (A Game of Thrones, 1996)
Série : Le Trône de Fer (A Song of Ice and Fire), tome 1
Auteur : George R. R. Martin
Traduction de l’anglais (États-Unis) : Jean Sola
Première édition française : Le Trône de Fer (1998) et Le Donjon Rouge (1999) chez Pygmalion Fantasy
Couverture : Marc Simonetti
Éditeur : J’Ai Lu
Collection : Fantasy
Site Internet : Roman (Site éditeur)
Pages : 798
Format (en cm) : 12,9 x 19 x 4
Dépôt légal : décembre 2009
ISBN : 978-2-290-01943-6
Prix : 14,90 €



À lire également sur la Yozone, les critiques de :
- « Le Chevalier Errant », suivi de « L’Épée Lige » (Préludes au Trône de Fer) version J’ai Lu et version Pygmalion


François Schnebelen
28 avril 2010


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Version J’Ai Lu (2010) - Illustration de Marc Simonetti



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Version Pygmalion Fantasy (2008)



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Le Trône de Fer, J’Ai Lu (2001)



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Le Donjon Rouge, J’Ai Lu (2001)



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