Mais ce magnifique endroit, c’est vous qui allez le construire dans « 1001 îles », un jeu de pose de tuiles créé par Bruno Cathala et Antoine Bauza. Un jeu qui est la rethématisation de « Le Petit Prince » que les auteurs avaient créé en 2013.
La mécanique fondamentale du jeu reste la même avec des améliorations apportées grâce aux retours des joueurs.
Côté matériel, on pourra déplorer les scories restant sur les tuiles après dépunchage. Il faudrait les ébarber une à une pour avoir de jolies tuiles sans accrocs, et avouons que l’on n’en a pas une énorme envie.
Donc, dans « 1001 îles », les joueurs démarrent avec un plateau personnage qui permettra de poser les tuiles Îles à droite et les tuiles Rêve (objectifs) à gauche. Les tuiles Îles sont réparties en 3 groupes : Îles hautes avec de l’eau en haut de la tuile, basses avec de l’eau au bas, et centrales sans eau du tout. On forme 3 pioches plus une pioche avec les tuiles Rêves.
Pour commencer, le premier joueur déclaré comme Vigie, pioche dans une des piles un nombre de tuiles égal au nombre de joueurs (sauf à 2 dont le principe de jeu est différent) et les révèle à tous. Il en choisit une et la pose contre son plateau joueur. Si c’est une tuile Île, il doit la poser à droite de son plateau joueur, sur la ligne correspondante (haute, centrale ou basse) en la posant le plus à gauche possible, ici contre le plateau joueur. Ensuite, il pourra poser les tuiles orthogonalement à d’autres en respectant les consignes de pose. S’il s’agit d’une tuile Rêve, elle sera posée à gauche du plateau joueur. On ne peut placer que 4 tuiles Rêve.
Puis la Vigie désigne le joueur suivant qui prend une tuile, qui désigne le prochain joueur, jusqu’au dernier qui doit faire avec celle qui reste. Mais il sera Vigie au tour suivant, donc pourra choisir la pile et la tuile qu’il veut. Et ceci jusqu’à la dernière tuile. Vient alors le moment de compter les points.
Des points gagnés grâce à l’accumulation sur votre territoire de certains animaux mais correspondant aux objectifs que vous avez pu récupérer. Les éléphants, les fennecs, les chameaux, les singes marqueront individuellement. L’oiseau Rokh aussi, mais encore plus s’il est associé à des œufs. Le serpent est puissant, mais s’il est rejoint par des congénères, il peut ne marquer aucun point. Les gemmes s’accumulent en lignes ou en colonnes. Quant aux lampes, elles rapportent seule ou à deux, mais si une troisième apparaît, alors le génie sort, la tuile est retournée et vous perdez toutes les possibilités de points préalablement présentes sur la tuile. Il vous faudra récupérer la tuile Rêve des génies pour que ceux-ci vous amènent des points. Et attention aux Brigands qui enlèvent chacun 1 point !
Tout le jeu réside dans un habile mélange de hasard et de tactique.
Le hasard est évidemment modulable en fonction de la place du joueur dans l’ordre du tour. La Vigie va pouvoir composer son jeu, si elle a un peu de chance au tirage, grâce au choix étalé devant elle. Elle va pouvoir aussi décider d’ennuyer les autres joueurs en laissant des tuiles qui nuiront sur les autres plateaux. Le dernier joueur subit d’ailleurs de plein fouet la tactique des autres, pour mieux se venger au tour suivant puisqu’il devient la Vigie. La difficulté majeure est d’équilibrer les tuiles et objectifs pour tenter de marquer quelques points tout de même.
« 1001 îles » est un jeu de tuiles taquin où les interactions indirectes sont assez fortes.
À 2, les règles de prise de tuile sont différentes afin de conserver un véritable challenge. Cette fois, la Vigie pioche 3 tuiles dans une des piles, les consulte et en dépose 2 visibles et 1 cachée. L’autre joueur va choisir une tuile en premier. Doit-il assurer avec une tuile visible ou bien celle cachée est-elle plus intéressante car la Vigie l’a dissimulée ? Ou est-ce un piège sournois ? La Vigie prend une tuile à son tour et la troisième est défaussée.
Cet aspect de pari apporte une tension au jeu tout en laissant une latitude assez grande pour étoffer son île en suivant ses objectifs.
La partie se joue souvent à quelques points, à moins d’avoir un joueur chanceux qui raflent et les bonnes tuiles Rêve et les bonnes tuiles Île correspondantes. Et ça gratouille pas mal de vouloir en refaire une autre, histoire de chatouiller les adversaires et de remuer ses méninges.
« 1001 îles » est un jeu plaisant qui peut être proposé à tous types de joueurs et de tous âges, les illustrations de Marie Cardouat replongent les joueurs dans l’univers de la presse enfantine des années 80 avec délectation. Cependant, elles peuvent catégoriser le jeu dans une tranche d’âge restreinte alors que les adultes y trouveront leur compte.
C’est le type de jeu qui, en s’apprenant vite et se jouant donc vite, est à la fois une bonne entrée pour les néophytes, et une petite parenthèse sympathique pour les plus chevronnés.
1001 îles
Type : pose de tuiles, objectifs de score
Âge : 7 ans et +
Nombre de joueurs : 2 à 5
Durée d’une partie : 30 minutes
Auteur(s) : Bruno Cathala & Antoine Bauza
Illustrateur(s) : Marie Cardouat
Éditeur : Ludonaute
Format de la boite (en cm) : 24 x 24 x 5
Date de sortie : 20 mai 2022
Prix public conseillé : 25€
Contenu de la boite :
5 plateaux personnages
80 tuiles Îles et Rêves
1 carnet de score
1 règle du jeu
À lire sur la Yozone :
L’entretien avec Bruno Cathala
« 7 Wonders Duel », la chronique
« Abyss : Conspiracy », la chronique
Illustrations © Marie Cardouat & Ludonaute