Si sauvage humanité
Car en dépassant la limite des terres où il ne faut pas aller, ces fameuses terres du bord-du-monde dont on entend parfois le souffle monstrueux dans le lointain, ils se sont mis en danger.
Là rôdent les hommes, qui tuent, aiment le carnage et se repaissent de la chair animale. Le repos et les rêves du jeune singe sont de très courte durée et tournent rapidement au cauchemar.Car l’attaque des hommes est un véritable carnage !
Entre leurs mains, il est dressé pour devenir une formidable machine à tuer, un combattant des arènes qu’on appelle Dieu-Fauve. Dix ans de dressage marqués par les souffrances, les coups ou les récompenses, et voilà qu’on le conduit vers la capitale de l’Empire, Alti-Antéa, pour être offert à la lignée princière lors des funérailles de l’impératrice-mère. Mais l’eau se soulève et submerge, une vague immense balaie tout, hommes, animaux, villages, au plus loin que porte le regard.
Ceux qui ont compris à temps l’anormale nervosité du singe se sont réfugiés sur une haute colline. Là, devant un paysage de désolation, un consul, une guerrière et un poète se disent que toutes les familles, déjà arrivées pour les funérailles impériales, sont décimées et qu’il faut, avant d’autres possibles survivants, aller récupérer la dolvire impériale, symbole du pouvoir alti-antéen. Leur clan, hier banni, pourrait, avec ses esclaves survivants, devenir celui qui bâtirait un nouvel Empire. “Le Dieu-Fauve”, quant à lui s’est évadé et n’a plus qu’une idée en tête : se venger.
Un grand duo d’auteurs
Dans l’effondrement subit d’une civilisation, Fabien Vehlmann a construit une histoire emplie de danger, de fureur, qui marque, autant par la tension installée, que par l’intelligence d’un propos distillé au gré de chapitres qui sont les quatre voix des personnages principaux de cette dramatique sauvage aux ressorts inattendus. Chaque nouveau chapitre est une découverte du rapport qu’entretient celui qui parle avec le nouvel horizon qui s’offre à lui. Ils imaginent le futur, rêvent de pouvoir, d’utopie, avec cette terrible menace qui les guette jusqu’à la dernière page, tant ce Dieu-Fauve a les yeux rougis par la haine.
On retrouve avec un immense plaisir le talent de Roger, formidable dessinateur de la série “Jazz Maynard” (7 albums, Dargaud), qui réalise un album dont le dessin, le découpage et la science des couleurs marquent fortement cette héroïc-fantasy qui interroge notre rapport au vivant comme notre goût pour la violence.
Sauvage et beau,“Le Dieu-Fauve” est un des grands albums de 2024.
Le Dieu-Fauve
Scénario : Fabien Vehlmann Dessin : Roger Éditeur : Dargaud Pagination : 112 pages couleurs Format : 24,1 x 31,8 cm Date de parution : 5 avril 2024 Numéro ISBN : 9782505085645 Prix public : 22,50 €
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Illustrations © Roger et Editions Dargaud (2024)