« Seentha » est un ouvrage que je qualifierais de « multidimensionnel ». J’entends par là qu’il procède de divers courants et influences : il s’agit certes d’un space-opéra dans l’acception la plus flamboyante du terme, mais c’est aussi un livre où se croisent légendes nordiques et œuvres lyriques, quête désespérée de l’éternel féminin et destins fabuleux. Le déroulement de l’intrigue est d’une certaine complexité et les nombreuses références « wagnériennes » incitent doucement le lecteur à s’intéresser de près à cette construction monumentale qu’est la Tétralogie, en quête de références.
Jean-Michel Archaimbault est un mélomane. L’architecture de son ouvrage suit celle d’un livret d’opéra, ce qui confère à l’histoire une intensité dramatique originale, comme peut en inspirer une composition symphonique. Cet aspect est renforcé par des descriptions évocatrices – là encore les images suscitées rappellent irrésistiblement l’univers « wagnérien » – parées d’une poésie raffinée. Je citerai parmi d’autres « peintures » les décors de l’île qu’aborde Falkenberg – notre héros si particulier - lorsque sombre son vaisseau fantôme. L’auteur en brosse un tableau qu’aurait pu signer un Claude Joseph Vernet. L’ambiance ainsi créée est envoûtante, justement en raison de cette dimension très picturale. L’intérêt du lecteur est sans cesse sollicité tandis que se poursuit le drame, car il s’agit bien d’un drame, d’une malédiction issue d’un jeu cruel que se livrent d’irréelles entités.
Un souffle véritablement épique traverse toutes ces pages, mais notre auteur a su raison garder pour maîtriser son récit et éviter les dérives qu’une œuvre musicale, elle, autorise. Car « Seentha » raconte une histoire, solidement construite, menée avec assurance, qui emporte peu à peu le lecteur des entrailles d’un vaisseau spatial jusqu’au cœur de la Voie Lactée. Ici inventivité flirte avec vraisemblance. Un calendrier issu tout droit des aventures de « Perry Rhodan » fait bon ménage avec une technologie pointue où s’exercent de nouveaux métiers tel que « cosmomythologue ». On ne manquera pas de relever quelques brèves allusions à des textes que Jean-Michel Archaimbault affectionne, comme ceux de Kurt Steiner. Bien sûr, des surprises et des révélations attendent nos explorateurs du côté du Sagittaire.
Il convient par conséquent de classer « Seentha » parmi les space-opéras. Mais quel space-opéra ! Sans doute l’un des plus réussi de toute la SF, puissant, ambitieux, riche d’une thématique basée sur les mythes et légendes, de décors somptueux, de personnages démesurés, d’envolées fantastiques. Dire qu’aucun prix n’est venu récompenser cet ouvrage exceptionnel alors que l’on couronne si facilement des œuvres sans épaisseur !
Titre : Seentha
Auteur : Jean-Michel Archaimbault
Couverture : Dimitri Rastorgoueff
Éditeur : Black Coat Press
Collection : Rivière Blanche
Site Internet : Roman (site éditeur)
Pages : 279
Format (en cm) : 20 x 12,5
Dépôt légal : octobre 2009
ISBN : 9781934543931
Prix : 20 €