Lanyue vient d’arriver dans son nouveau lycée à Hong Kong. Mais la jeune fille a beaucoup de mal à s’intégrer. Elle veut pourtant ne faire aucun mal, juste avoir de nouvelles amies. Pourtant, sa maladresse et sa timidité vont créer l’effet inverse et elle va se faire détester des autres filles. Vraiment, Lanyue n’a pas de chance. Malheureuse à l’école, ignorée chez elle par des parents qui vouent un culte sans borne pour sa petite sœur. Partie étudier à l’étranger, elle est comme divinisée alors que Lanyue, pas terrible en classe, est vue comme le vilain petit canard. Alors quand, un jour, le monstre poilu sur la pochette de son dernier CD prend vie, cela ne l’étonne pas vraiment. Bien au contraire, la créature va l’emmener dans son monde, le monde des rêves...
Dans ce monde, Lanyue va découvrir des plaisirs inconnus et des jeux hallucinants. La créature est en fait un jeune garçon dans le monde du rêve et il se nomme Kylooe. Il va lui servir de guide dans ce pays des merveilles psychédélique. Mais comme tous les mondes, celui-ci possède ses propres règles dont une très simple mais aux conséquences notables : si l’un des deux meurt dans le monde de l’autre, ils ne pourront plus jamais se revoir. Mais pour Lanyue, ce rêve est le plus beau de sa vie, elle se sent enfin revivre et surtout, elle est estimée à sa juste valeur... Malheureusement, l’histoire n’aura pas de happy end et le drame que Lanyue redoutait tant va arriver. Comme les humains normaux ne peuvent voir Kylooe, ils ne peuvent l’éviter quand ils roulent en voiture.
Une jeune fille n’arrivant pas à se faire une place dans le monde des grands, une jeune femme que même ses parents ignorent et considèrent comme une moins que rien. Alors telle une Alice chinoise, Lanyue va elle aussi passer de l’autre côté du miroir, traverser le voile qui sépare notre monde de celui de ses rêves. Difficile en cette période où Alice est à toutes les sauces de ne pas faire un lien entre le voyage de Alice et celui effectué par Kylooe avec Kylooe. Pas de lapin blanc mais tout de même une grosse bête blanche velue, encore une référence de Little Thunder à l’œuvre de Lewis Carroll. Mais une Alice sous LSD arrivant dans un monde psychédélique. Et contrairement à l’héroïne de Carroll, le retour dans le monde réel sera bien dur pour la pauvre Lanyue car contrairement à “ Alice au Pays des Merveilles”, “Kylooe” n’est pas une histoire pour distraire les petites filles mais bien une tragédie qui sonnera peut être très vraie pour beaucoup de jeunes adolescentes avec une morale : on n’échappe pas à la vie des adultes et à ses dures lois.
Little Thunder est un de ses nouveaux mangakas chinois qui vous ravit par leur imagination mais aussi vous calme par leur pessimisme. Le style graphique de cet auteur est très intéressant, très adulte, mélangeant réalisme et onirisme, sous substance prohibée chers lecteurs ! Mais son monde des rêves est très sublime et surtout particulièrement imaginatif : animaux soniques, sangsues façon bublegum, mer arc-en-ciel... Vraiment, son dessin prend toute sa force par une colorisation nullement excessive, même plutôt comparable à celle de la BD européenne, mais bien sûr, ce sera le monde des rêves et des cauchemars qui explosera d’une aura douce mais si présente par ses teintes toute en nuances et en légèreté. Une grande réussite.
“Kylooe” nous offre donc une nouvelle Alice chinoise, remarquablement mise en image mais surtout vous emmenant dans ce qui sera un vrai faux bon trip.
(T1) : Downhearted Dragonfly
Série : Kylooe
Auteur : Little Thunder
Traducteur : Aline Canino
Éditeur : Kana
Collection : MadeIn
Dépôt légal : 4 mars 2010
Format : 17x 24 cm
Pagination : 128 pages
Prix public : 18 €
Numéro ISBN : 2-5050-0851-4
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