Le polar, comme tous les genres, est marqué par son époque, et celui-ci semble ancré dans les années 70 : milieu de riches plus ou moins décadents, chantage, crime parfait, maîtresse encombrante… Tous éléments qu’on croirait tiré d’un des meilleurs Spécial-Police de la grande époque, genre Brice Pelman, voire d’une dramatique radiophonique comme la radio en offrait à l’époque ! De même, on imagine aisément un Alain Delon ou même un Gérard Philipe dans le rôle de Michel. Seules des allusions tout à fait actuelles recadrent le récit dans notre époque.

Alors bien sûr, l’essentiel est l’habillage. L’écriture est ici à la fois classique au sens premier et précise et, surtout, offre un portrait on ne peut plus crédible du milieu des acteurs. Logique, puisque Sylvie Granotier est elle-même comédienne (on l’a vue dans « Viens chez moi, j’habite chez une copine », entre autres)… Au bout d’un moment, au fur et à mesure de la déchéance personnelle du narrateur (inversement proportionnelle à sa réussite professionnelle !), on plonge dans un climat étrange, très onirique, jusqu’à la pirouette finale qui donne un nouvel éclairage sur un titre a priori bateau (et homonyme d’un “James Bond”, curieusement !).

Un drôle de roman donc, à la fois classique et bien senti, qui captivera probablement ceux qui s’intéressent au métier d’acteur et aux nostalgiques du genre des années 70, jusqu’à une conclusion ironique qui tire le récit vers le haut. Rien de révolutionnaire, juste une curiosité qui a plus sa place en poche qu’en grand format.

Titre : Tuer n’est pas jouer
Auteur : Sylvie Granotier
Couverture : Andrew Hobbs
Éditeur : Le Livre de Poche
Collection : Thriller
Éditeur original : Albin Michel (2008)
Site internet : Page roman (site éditeur)
Pages : 310
Format (en cm) : 18 x 11
Dépôt légal : octobre 2009
ISBN : 978-2-253-12714-7
Prix : 6,50 €