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Hôtel étrange (L’)
Philip Reeve
Gallimard Jeunesse, Hors Collection, roman traduit de l’anglais (Grande-Bretagne), uchronie steampunk spatiale, 408 pages, septembre 2008, 15€

Après « Planète Larklight », Philip Reeve nous offre la suite des aventures du jeune Art Mumby dans l’espace de l’Empire britannique du XIXe siècle.



Si la référence aux univers de Jules Verne saute aux yeux, l’auteur anglais sait y redonner un coup de jeune pour captiver les lecteurs d’aujourd’hui. L’aventure se déroule dans un XIXe siècle alternatif, où les grands empires coloniaux ont envahi l’espace, et y ont tracé des voies de chemin de fer sillonnées par les locomotives à vapeur, tandis que les vaisseaux éthériques, semblables aux galions et aux caravelles de nos bons vieux océans, naviguent dans le vide inexploré grâce à la puissance de l’alchimie. On est donc dans l’uchronie la plus totale, mâtinée d’un peu de steampunk, ce qui donne un cocktail des plus divertissants.

Bien que n’ayant pas lu le premier volume (« Planète Larklight »), je n’ai eu aucun mal à trouver mes marques, Reeve faisant de discrètes allusions aux évènements passés avec suffisamment de détails pour qu’on cible vaguement les mésaventures initiatiques du jeune Art et le passif de chacun des protagonistes.

En gros, Art Mumby, jeune garçon de 12 ans, est le fils d’un savant anglais en xénobiologie et de l’incarnation sous forme maternelle de la puissance créatrice de l’univers. Il est affublé de Myrtle, une grande sœur qui fait tout pour être digne de la bonne société londonienne, mais dont le cœur balance pour un jeune pirate et espion, le beau Jack Havock.
Le souci permanent d’Art, lorsqu’il ne lui arrive pas d’aventures extraordinaires, est de casser les pieds à sa sœur, la faire tourner en bourrique, lire son journal... bref tout programme normal d’un garçon de 12 ans, en plus de se passionner pour les pirates, les extra-terrestres, etc.

L’intrigue de cet « Hôtel étrange » démarre sur des chapeaux de roues, avec deux espions anglais transmutés en arbres sur un astéroïde habité par une bande de gens effrayants en masques à gaz et chapeaux hauts-de forme. Le ton est donné dès le premier chapitre.

Suite aux évènements de « Planète Larklight », des travaux s’imposent dans la maison des Mumby, aussi la mère d’Art accepte-t-elle l’invitation de Mr Titfer de venir en villégiature dans son hôtel spatial, Starcross, où une faille temporelle fait apparaître et disparaître une mer à intervalle régulier. Génial, se dit Art, des vacances à la mer au milieu de l’espace !

Les choses se corsent rapidement : Jack loge à l’hôtel Starcross, en mission pour l’Empire, et il semble faire les yeux doux à Delphine, une jeune Française ! Voilà qui excède Myrtle, qui se sent trahie. Mais il y a anguille sous roche... Art rencontre une étrange forme cotonneuse qui dit “Moob !”, une mystérieuse boîte à chapeau semble l’appeler, la faille temporelle semble faire des siennes...
Mais lorsque les clients de l’hôtel et les hommes de jack débarquent, chacun un haut-de-forme sur le crâne, les yeux dans le vague et l’air zombifié, Art pressent une invasion d’aliens hypnotiseurs !

Et ce ne sont pas ses 12 ans qui vont l’empêcher de sauver l’Empire !

Cavalcades et effets spéciaux sont à l’honneur dans cette histoire, richement agrémentée de dessins de David Wyatt, auxquels le texte fait parfois directement référence. En effet, c’est Art qui raconte son aventure, avec un peu de recul, lors de la publication de ses mémoires. Il se permet au passage quelques commentaires savoureux contre ces maudits Français ou lance une pique à sa sœur. Le résultat est très sympathique, et renforce la sensation sinon d’avoir vécu l’aventure, du moins qu’elle nous est racontée par notre meilleur ami, sans trop d’exagérations et avec autant de complicité que de sincérité.

Les adultes pourraient éventuellement tiquer à certains ressorts faciles, des hasards qui font bien les choses et des clichés (la cavalerie qui arrive trop tard...) mais cela fait à mon avis partie du second degré de cette histoire, et on dévore les pages en souriant ou en frissonnant, sans se poser de telles questions, emportés par ces grandes aventures spatiales.

Peu de coquilles notées (voir fichier joint), et un bien bel ouvrage présenté relié, mais dont l’encollage des cahiers m’a paru un peu grossier (mais là je pinaille beaucoup).

Texte - 759 octets
L’hotêl étrange - 9 corrections


Un troisième tome devrait bientôt paraître pour clore cette trilogie.

En conclusion, « L’Hôtel étrange » est un bon roman pour les plus jeunes (10-14 ans) qui pourra les inviter à découvrir les classiques de Jules Verne, dans un style léger et divertissant, et un univers loin des écoles de magie... Merci, Philip Reeve !


Titre : L’Hôtel étrange (Starcross, 2007)
Série : Les aventures d’Art Mumby, tome 2 sur 3 (titre non officiel)
Auteur : Philip Reeve
Couverture et illustrations : David Wyatt
Traduction de l’anglais (Grande-Bretagne) : Jean Esch
Éditeur : Gallimard Jeunesse
Collection : Hors Collection
Site internet : Page roman (site éditeur)
Pages : 408
Format (en cm) : 14,8 x 18,8 x 2,7
Dépôt légal : septembre 2008
ISBN : 978-2-07-061737-1
Prix : 15 €



À lire sur la Yozone :
- Tome 1 : « Planète Larklight », double avis !


Nicolas Soffray
1er avril 2010


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