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Skully Fourbery joue avec le feu
Derek Landy
Hachette Jeunesse, roman traduit de l’anglais, service secret magique, 295 pages, février 2009, 16€

Stephanie a hérité du manoir de son oncle, auteur de romans fantastiques, et a découvert ainsi toutes les forces qui agissent dans l’ombre des hommes. Elle a rejoint les forces du Sanctuaire, où le détective Skully Fourbery, ancien magicien réincarné en squelette, immortel (ou presque), narquois et surpuissant, l’a prise sous son aile et lui apprend à contrôler la magie. Dans le tome précédent, ils ont mis fin ensemble aux projets de Serpine, un grand méchant qui planifiait le retour des Sans-Visage, d’anciens dieux maudits.
Dans ce second tome, ils vont avoir affaire au second des 3 généraux, le Baron Vengeous, qui vient de s’échapper de la prison où Skully l’avait envoyé bien des années plus tôt, au prix d’un duel épique. Très vite, il apparaît que le Baron veut rappeler à la vie une abomination, la Grotesquerie, et pour cela il compte s’emparer de l’armure de Lord Vile, un nécromancien très puissant.



« Skully Fourbery joue avec le jeu » démarre sur des chapeaux de roues. Et le style fluide et détaillé de Derek Landy nous immerge immédiatement dans le Dublin contemporain et nocturne. Stephanie, qui s’appelle désormais Valkyrie Caïne, est devenue une apprentie magicienne sous la férule de Skully, et traque les criminels démoniaques avec lui (ou pas). Bien qu’encore jeune (12 ans), elle est très mature, grâce (ou à cause) d’un environnement familial réjouissant et surtout des précédentes aventures qu’elle à traversées. Quand débute le récit, elle est plus motivée pour chasser le Baron que pour accompagner ses parents à une réunion familiale (et on la comprend !)

Pour ceux qui comme moi n’ont pas lu le premier tome (une erreur à vite réparer, d’autant qu’il est sorti en poche), Derek Landy résume succinctement et sans nous abrutir les faits marquants des mois précédents, aussi on situe rapidement les personnages secondaires et leurs liens. Un petit reproche cependant : leur description physique est parfois très réduite, et on aura tendance à leur coller une image stéréotypée faute de mieux.

Les détails abondent par contre dans l’aventure, notamment au niveau des combats, très nombreux, à coups de poings comme de magie. Landy a enseigné les arts martiaux aux enfants, aussi les séances de castagne entre les deux camps sont-elles découpées mouvement par mouvement. On peut presque reproduire la chorégraphie, avis aux réalisateurs qui souhaitent l’adapter sur grand écran. C’est d’ailleurs un sentiment qui domine : « Skully Fourbery joue avec le feu » est très visuel, profondément actuel dans son rythme, son découpage et son « cadrage » des scènes, aussi n’a-t-on aucun mal à l’imaginer au cinéma.

Le roman est truculent, avec un Skully cabotin en diable, toujours une réplique ironique aux lèvres (enfin, aux dents), une bonne blague à faire ou un coup de bluff à réussir, et son humour décapant ne fait pas de différence entre amis et ennemis, au grand dam de Stephanie/Valkyrie qui ne sait pas toujours sur quel pied danser. Néanmoins le squelette passe très rapidement du rire au plus grand sérieux, avec un aplomb qui rappelle les meilleurs James Bond (génération Sean Connery ou Roger Moore).
Les seconds rôles, bons ou méchants ne sont pas en reste, et leurs personnages ont de l’épaisseur, ce qui fait plus que plaisir.

Enfin, les péripéties vécues par Stephanie/Valkyrie brassent des thèmes d’une grande maturité. À la mort de son oncle s’ajoute sa double vie, qu’elle gère grâce à son reflet magique. Et lorsque Skully s’en sert pour mettre en scène la mort de Valkyrie, elle en ressent une certaine peur et un grand malaise. Disparaît soudain le simple émerveillement de ce monde magique, et plane l’ombre de sa mort probable, entre les griffes du Baron Vengeous ou d’un de ses sbires, entre Dusk le vampire sous contrôle, plus effrayant que les grands méchants de la série « Buffy contre les vampires » et Sanguin le fou du couteau qui peut disparaître à volonté dans le sol...

« Skully Fourbery joue avec le feu » est un grand moment de divertissement, de grande qualité, qui ne prend pas le jeune lecteur (pas trop jeune, non plus... c’est quand même violent) pour une petite nature ni un imbécile ; et le lecteur plus grand, adulte, y trouve aussi son compte. Et tous attendront avec impatience le tome 3, « Skully Fourbery contre les Sans-Visage », tout un sinistre et réjouissant programme. Ah, ben ça tombe bien, il sort ce mois-ci !

Peu de coquilles à signaler.

Texte - 892 octets
Skully Fourbery joue avec le feu - 12 corrections

Titre : Skully Fourbery joue avec le feu (Skulduggery Pleaseant Playing with Fire, 2008)
Série : Skully Fourbery, tome 2
Auteur : Derek Landy
Traduction de l’anglais : Jean Esch
Couverture : Tom Percival
Éditeur : Gallimard Jeunesse
Site Internet : Roman (site éditeur)
Pages : 295
Format (en cm) : 15,5 x 24 x 3
Dépôt légal : février 2009
ISBN : 978-2-07-060315-2
Prix : 16 €


Nicolas Soffray
16 mars 2010


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