Chargement...
YOZONE
Le cyberespace de l'imaginaire




Dernier Roi des Elfes (Le)
Sylvie Huguet
La Clef d’Argent, KhRhOnyk, nouvelle (France), fantasy, 105 pages, mars 2010, 9€

Ce récit se situe dans les temps anciens, lorsque les hommes attaquaient sans répit les derniers royaumes des elfes.
Voici l’histoire d’Ilgaël, roi d’Elmoor, qui sauva et adopta un enfant humain. Voici l’histoire de l’homme elfe Lindyll, le plus fidèle compagnon du dernier roi des elfes, mais aussi le plus grand traître à sa race.

Reprenant le canevas d’une nouvelle intitulée « L’Anneau d’Ilthiar », publiée dans la revue « Chimère » (n°50) en mai 2001, Sylvie Huguet nous propose un texte original et sortant des sentiers battus.



N’étant pas, et il s’en faut de beaucoup, un spécialiste du genre fantasy, « Le Dernier Roi des Elfes » m’a très heureusement surpris. Loin, très loin des conventions que nous offrent de trop nombreuses séries à rallonges, Sylvie Huguet m’a rappelée, stylistiquement, le Tolkien du « Silmarillion » dans sa volonté d’offrir un texte très structuré.

Par rapport au premier texte paru en 2001, que l’on peut d’ailleurs toujours lire grâce au Net, la plume s’est densifiée avec le temps. Et les quelques pages d’origine sont devenues un conte beaucoup plus développé et construit, franchissant allègrement la centaine de feuillets.

Proposé sous un angle historique et légendaire intéressant, « Le Dernier Roi des Elfes » serait un document archéologique retrouvé dans le futur de l’humanité, vers les années 2050. La présente édition est celle que les historiens du 3e (ou 4e ?) millénaire n’ont de cesse d’analyser.
L’avant-propos de cette édition, venu du futur, nous explique ainsi qu’il s’agit de la version la plus pure, seulement accompagnée des commentaires de l’archéologue Sandwell, le premier découvreur du manuscrit.

Trouvaille centrale de Sylvie Huguet, casser la mythique image des elfes sympathiques, êtres éthérés ne connaissant pas le mal, et en faire les redoutables ennemis d’une espèce humaine en pleine période d’expansion hégémonique.
Ainsi, le roi des elfes du royaume d’Elmoor sauve du massacre perpétré par ses troupes un enfant humain. À partir de cette séquence, le récit se définit par une narration qui nous renvoie à des épopées historiques classiques (telle celle de « Beowulf ») plutôt qu’à un récit habituel de fantasy. C’est entre-deux, soutenu par une belle écriture, sensible, poétique et mélancolique, mérite l’éloge, mais possède néanmoins un petit défaut.
L’histoire n’a pas de narrateur attitré (ou évoqué) et sa logique de récit historique retrouvé sur le tard ne colle pas totalement avec cette absence. On peut penser qu’il aurait été utile à la crédibilité du projet littéraire que l’on évoque aussi d’hypothétiques auteurs (comme il est d’usage pour tous les « vrais » récits analysés des siècles plus tard).
Par conséquent, le questionnement initial subsiste jusqu’à la conclusion du récit et on ne sait plus trop si on lit un texte purement imaginaire ou une histoire véritablement venue des temps anciens.
Ce petit défaut de la cuirasse, qui ne saute cependant aux yeux qu’après la lecture de l’ouvrage, au moment de l’analyse à tête reposée, mériterait sans doute que l’auteur s’interroge à nouveau sur le sens réel qu’elle veut donner à son « Dernier Roi des Elfes ». Une ou deux phrases auraient sans doute suffi pour résoudre ce problème qui structure la logique de l’ouvrage.

Mais ne coupons point les fins cheveux des elfes en quatre, on se laisse prendre par l’ambiance fin de règne, quasi apocalyptique, qui décrit intelligemment une société elfique en plein décalage avec l’ascension de l’espèce humaine. On apprécie aussi le questionnement, tout à la fois très ancien et foncièrement moderne, qui joue de la dualité des sentiments entre le roi des elfes, suzerain et père de son plus proche compagnon.
Car c’est bien dans cette intimité du couple « père-fils » que le doute s’inscrit. Tous les suspenses y trouvent donc leurs origines, mais aussi leurs conclusions.

Sylvie Huguet, dont nous avions déjà salué le précédent recueil de nouvelles publié par La Clef d’Argent (« Le Passage »), confirme de fort belle manière tous les espoirs placés dans sa plume.


Titre : Le dernier roi des elfes (nouvelle, 2010)
Auteur : Sylvie Huguet
Couverture : Ash (illustration © 2010)
Carte : Fernando Goncalvès-Félix
Conception et mise en page : Philippe Gindre
Précédent recueil : Le Passage (nouvelles, La Clef d’Argent)
Éditeur : La Clef d’Argent, 9, rue du Stade, 39110 Aiglepierre
Collection : KhRhOnyk (Chroniques merveilleuses & terrifiantes des royaumes de l’imaginaire)
Sites Internet : page recueil, fiche auteur (site éditeur)
Pages : 105
Format (en cm) : 11 x 17,5 x 0,5 (poche, broché)
Dépôt légal : mars 2010
ISBN : 978-2-908254-77-8
Prix : 9 €


Nota bene
Frais de port gratuits si votre commande est passée par Internet directement sur le site de l’éditeur quelle qu’en soit le montant et votre adresse de réception !


Stéphane Pons
18 mars 2010


JPEG - 19.7 ko



JPEG - 47.6 ko



Chargement...
WebAnalytics