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Alanna T.1 : Le Secret du Chevalier
Tamora Pierce
Hachette Jeunesse, roman traduit de l’anglais (États-Unis), roman d’apprentissage, 310 pages, février 2009, 13,90€

Thom ne veut pas devenir chevalier mais sorcier, et sa jumelle Alanna préfèrerait porter une armure qu’une robe en dentelles. Aussi lorsque leur père les envoie faire leur apprentissage, ils n’hésitent pas à échanger leur rôle. Thom part pour la Cité des Dieux, et Alanna rejoint le palais où, sous le nom d’Alan, elle va devenir page.
Mais les obstacles sont nombreux sur sa route, le premier étant son secret : personne, de ses camarades à ses professeurs, ne doit découvrir qu’elle est une fille. Et elle va tout faire pour leur prouver qu’elle vaut autant qu’un garçon.



« Le Secret du Chevalier » ne date pas d’aujourd’hui. Il est en fait aussi vieux que moi : 1983. Mais dans la vague actuelle de fantasy, c’est un bon texte qu’Hachette propose enfin en français à ses jeunes lecteurs.
Ces derniers seront peut-être déçus : l’histoire est loin d’avoir l’épaisseur (notamment physique) des Harry Potter, et ne fourmille pas de sorts flamboyants ou de trucs rigolos. Idem pour les ados fans de Twilight, qui resteront sans doute sur leur faim, loin d’amour impossibles et de passions longtemps retenus.
Quoique... Vous pourriez être agréablement surpris !

Alanna, comme son frère, possède un pouvoir magique, qui lui permet de guérir. La guérisseuse de son village, qui l’a formée, l’a d’ailleurs encouragée à soigner son prochain, pour effacer les peines que son devoir de chevalier la forcera à causer dans les familles de ses adversaires. C’est avec ce conseil qu’elle débarque au Palais, accompagnée de Coram, qui lui a enseigné tout ce qu’elle sait des armes.

Très vite, la vie de page au Palais se révèle différente de sa vie antérieure dans les terres de son père : elle apprend la discipline, estime injustes les punitions que lui infligent ses professeurs, peine à venir à bout de ses tâches qui la tiennent en haleine de l’aube à minuit. Alors qu’elle va renoncer, elle décide de faire face, de persévérer, pour accomplir son rêve. Elle va encaisser les brimades sur sa maigreur, sa petite taille, et faire front lorsqu’un plus grand la prend comme souffre-douleur, jusqu’à être assez forte pour le battre.

Encore enfant, puisqu’elle débarque au palais à 11 ans, elle n’est plus entourée que de garçons, pages comme elle, ou de plus grands, déjà écuyers ou bientôt chevaliers. Son principal souci est de cacher son véritable sexe à ses compagnons, et elle va devoir batailler dur, notamment pour éviter de devoir se baigner avec eux. Avec la puberté viendront d’autres problèmes, qu’elle apprendra à dissimuler grâce à la mère de son ami George, un jeune roturier accessoirement chef des Voleurs de la capitale, son meilleur ami à qui elle avoue sa véritable nature.

Durant son apprentissage, d’étranges évènements se produisent, dont l’un, une Fièvre Mortelle d’origine magique, manque prendre la vie de la famille royale, notamment de Jonathan, le prince héritier encore jeune écuyer et ami d’Alan / Alanna. Elle va donc faire appel à son pouvoir de guérisseuse pour le sauver.
Suite à cette affaire, on rappelle au Palais le cousin de Jonathan, le jeune duc Roger de Conté, le meilleur magicien de la cour. Immédiatement, Alanna le déteste, et le soupçonne rapidement d’être l’instigateur de ce mal étrange. Ses doutes se confirment lorsque Roger, devenu leur professeur de magie, les pousse subtilement à aller explorer la Cité Noire du désert, qui recèle un pouvoir dont lui-même a peur. Déterminée à sauver la vie de son ami le prince, Alanna l’accompagnera. Une ancienne épée en main, les deux jeunes gens vont affronter un mal ancien, et en ressortir plus unis. D’autant qu’Alanna se sent de plus en plus liée à Jonathan, par un mal qu’elle redoute plus encore que les maléfices de Roger : l’amour.

Mais ceci est une autre histoire, contée dans la seconde partie de cette épopée : « L’Épreuve ».

Malgré une narration parfois un peu rapide, parce qu’allant directement à l’essentiel (quatre années passent dans ces quelques 300 pages, que J.K. Rowling en prenne de la graine !), on est captivé par cette histoire. C’est un vrai roman d’apprentissage, car au-delà du secret d’Alanna, on suit le parcours de tout enfant devenant grand, et des épreuves dont il doit triompher : la cruauté d’un ado plus fort, les transformations de son corps, la camaraderie, l’incompréhension de certains adultes, l’impossibilité de tout dire à d’autres.
Le soupçon de magie et les ors de la chevalerie y ajoutent une aventure fort agréable à lire, même si elle n’est guère riche en surprises : Roger est bel et bien le méchant de l’histoire, ne vous attendez pas à un abracadabrant retournement de dernière minute. Mais n’est-ce pas simplement un signe de réalisme, qui renforce la crédibilité de l’intrigue ?

Une histoire à conseiller à tous ceux qui rechignent devant les sagas en plusieurs milliers de pages, où le lecteur est écrasé sous les détails, les personnages et les intrigues secondaires, et les interminables monologues sur les sentiments des uns pour les autres. Alanna est directe, parfois dépourvue de tact, comme les enfants de son âge. Mais elle apprend, doucement. Et on prend plaisir à la suivre.

Peu de coquilles et rien de bien grave, ce qui est fort agréable. À noter une bonne demi-douzaine de doubles espaces.

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Alanna T1 - 7 corrections

Titre : Alanna, le Secret du Chevalier (Song of the Lioness : Alanna, The First Adventure, 1983)
Série : Alanna, tome 1/4
Auteur : Tamora Pierce
Traduction de l’anglais (États-Unis) : Florence Bellot
Couverture : Yann Tisseron (illustration) / Marie Drion (conception graphique)
Éditeur : Hachette Jeunesse
Site internet : roman (site éditeur)
Pages : 310
Dépôt légal : février 2009
Format (en cm) : 13 x 19,9 x 2,6
ISBN : 978-2-01-201588-3
Prix : 13,90 €


Voir aussi :
- « Alanna, T2 : L’Épreuve »


Nicolas Soffray
3 mars 2010


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