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Narcose (3) : Le Tueur Venu du Centaure
Jacques Barbéri
La Volte, roman (France), science-fiction hallucinée, 224 pages, janvier 2010, 18€

Tout commence par un flic qui vient demander à la privée Karen Novalsky de retrouver Tony Montaldi, sa moitié schizophrénique. Mission peu orthodoxe !
D’ailleurs, qui est Tony Montaldi, inconnu des forces de l’ordre de Narcose ?
À une semaine de son départ, Katleen Slobovtna découvre le cadavre d’un homme mort de combustion spontanée. Malgré son état, quelques neurones subsistent encore et transmettent un dernier message. Seule la combinaison spatiale d’Abraham Flighenstein a disparu. Elle est vite retrouvée, un mystérieux inconnu l’a endossée.
L’arrestation coupe court avec l’arrivée de deux types de la Sécurité du Territoire...



Résumer « Le Tueur Venu du Centaure » tient de la mission impossible. Un tel roman ne se résume pas, il se lit. C’est une déferlante d’informations, souvent contradictoires, une avalanche de personnages improbables, des lieux à l’espace-temps indéterminé, des aventures hautement perturbantes pour qui n’a pas un minimum de souplesse d’esprit.
Voilà justement ce qui le rend si attachant !

Dès l’écriture de « Narcose », Jacques Barbéri pensait à un triptyque. Pourtant, seuls deux titres ont vu le jour : « Narcose » et « La Mémoire du Crime », tous deux chez Présence du Futur. Presque deux décennies plus tard, « Le Tueur Venu du Centaure », ultime hommage à Philip K. Dick comme le définit l’auteur, sort chez La Volte. Heureuse initiative ! Surtout que La Volte a réédité les deux premiers tomes auparavant, avec une version de « Narcose » augmentée.
Il est clair que « Le Tueur Venu du Centaure » est en soi un évènement et constitue un incontournable en cette année 2010.

Même si l’on parle de triptyque, chaque tome peut se lire indépendamment. Pour ma part, découvert avec « La Mémoire du Crime », puis 12 ans plus tard avec « Narcose » Remix lors de sa sortie, à aucun moment, un manque de références ne s’est fait sentir dans ce roman. On rentre sans problème dans le récit, mais encore faut-il le vouloir.

En effet, l’auteur a une imagination débordante qui mélange les pistes de lecture, semant la confusion dans nos esprits avant de renouer les fils avec maestria. Il est d’ailleurs difficile de partager les impressions ressenties sans dévoiler l’histoire et ses multiples ramifications.
Jacques Barbéri, c’est aussi un style bien à lui. Ici, une bonne dose d’humour se dégage des pages. Parfois cela peut sembler de mauvais goût mais, pris dans l’action, le propos n’en est que renforcé.

L’auteur joue avec nos repères. Les personnages sont souvent un mélange entre l’homme et l’animal (la couverture est explicite), la nature humaine est détournée à travers des greffes. Certains semblent refuser leur condition, changent leur aspect ou s’évadent dans une réalité virtuelle.

Qu’est-ce seulement que la réalité ? La question n’est pas anodine et le lecteur peut légitimement se la poser. Elle s’avère plurielle, l’auteur y donnant même corps aux légions infernales. De plus, gentils ou méchants, la démarcation entre les deux camps se révèle souvent mince.

Avouons-le, on s’en prend plein les neurones. Les trames narratives sont nombreuses, il est facile de se perdre entre les différents personnages. Jacques Barbéri mène un rythme endiablé pour mieux abreuver le lecteur d’images. Il se plaît à le balader, à le laisser imaginer des choses afin de mieux le perdre en chemin, avant de le reprendre par la main. Les surprises, les rebondissements, les révélations abondent au fil des pages. Jacques Barbéri n’est pas avare en effets, les 220 pages de « Le Tueur Venu du Centaure » sont denses, fortes, au service d’une histoire folle. Écrivain du vertige, voilà une dénomination le cernant bien.

Souvent qualifié d’auteur déjanté, ce roman corrobore cette réputation, mais il est utile de préciser qu’il est accessible à tout un chacun. Il suffit d’être un tant soit peu curieux, d’aimer les récits ne rentrant pas dans un moule pré-formaté et le plaisir est garanti.

Depuis le temps que cet ultime volet narcotique est attendu, il serait vraiment dommage de passer à côté. Jacques Barbéri et nous, lecteurs, avons la chance que La Volte en fasse une réalité, alors encourageons cette belle initiative. D’autant que la présentation est impeccable !

Lisez Jacques Barbéri, découvrez ce talent parmi les plus originaux du genre et prenez-en plein les mirettes !


Titre : Le Tueur venu du Centaure
Série : Narcose, tome 3
Auteur : Jacques Barbéri
Illustration : Philippe Sadziak et Corinne Billon
Éditeur : La Volte
Directeur de collection : Mathias Echenay
Site Internet : roman (site éditeur)
Pages : 224
Format (en cm) : 23 x 16,8
Dépôt légal : janvier 2010
ISBN : 9782917157107
Prix : 18 €



À lire, également sur la Yozone, les chroniques de :
- « Narcose » d’Alain Dartevelle ou celle d’Henri Bademoude
- « La Mémoire du Crime »
- « L’Homme qui Parlait aux Araignées »



François Schnebelen
13 mars 2010


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Illustration de Philippe Sadziak et Corinne Billon



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