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Le cyberespace de l'imaginaire




Encyclomerveille d’un tueur (T1)
Patrick Chamoiseau & Thierry Ségur
Delcourt

Tout commence par un drame : en une nuit qui aurait pu être comme les autres, un monstre terrifiant massacre un couple, laissant un orphelin. A la suite de ces funestes événements, le garçon est recueilli par le fossoyeur qui en fait son assistant.
En compagnie de cet insolite mentor, l’étrange orphelin sans nom s’initiera à bien davantage qu’au travail d’entretien du cimetière. Il apprendra à voir au-delà des choses, à découvrir le monde de la Merveille, et prendra part à un combat dont il ignorait l’existence…



Cet album est étonnant, à tout point de vue.
Tout d’abord, son scénario sort la fantaisie de son écrin européen et explore la Merveille d’une culture moins familière : celle des Antilles. Outre le fait que l’origine martiniquaise des deux créateurs ne doit pas être étrangère à ce choix, il est également pour eux, comme Thierry Ségur le dit dans une interview, une façon « de proposer des imaginaires autres, différents et, au final, relativement peu exploités dans la bande-dessinée. »
C’est en effet atypique dans les albums actuels de préférer le petit cimetière de Cocoyer Grands-Bois à un quelconque lieu de l’imaginaire celtique comme décors à ce récit hors normes et halluciné.

Autre démarcation quant à la majorité des albums fantastiques, c’est son contexte actuel. Il est drôle de voir un vieux fossoyeur combattant les monstres tenir un téléphone portable quelques cases plus tard. Cette contemporanéité est appréciable, rétablissant le merveilleux dans notre monde qui a tendance à le chasser.
Les idées foisonnent, toutes plus envoûtantes les unes que les autres. Certains concepts, comme celui des univers qui se lient, des mythologies qui s’hybrident en même temps que les peuples se rencontrent, sont très beaux, même s’ils revêtent ici un caractère inquiétant.
Les personnages sont attachants bien qu’énigmatiques et le fond très dense prend souvent le pas sur eux dans notre attention. Comme l’élève qu’est l’orphelin, on suit les leçons du maître, perçant peu à peu les mystères et comprenant les mécanismes de ce monde étrange.

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Les dessins sont simplement époustouflants. Thierry Ségur ne lésine pas sur les illustrations pleine page, superbement colorisées. S’il est passé au numérique pour la mise en couleur, le résultat reste très proche d’un rendu à la couleur directe et présente une multitude de détails et de textures qui en font un outil graphique à part entière et non pas un raccourci pratique comme on le voit sur beaucoup d’albums.
Mêlant parfois quelques cases de story-board particulièrement bien rendues, il nous propose des dessins dynamiques et soignés, d’une exécution exemplaire. On est happé dans le monde hors-norme qui nous est proposé, si bien que l’on suit le récit de bout en bout sans s’interrompre.
Cet univers si fabuleusement représenté est le véritable point fort de cet ouvrage, la force qui nous emporte dans la Merveille.

La grande qualité de cet album ne laisse pas de doute. Vivement la suite !


Encyclomerveille d’un tueur, L’orphelin de Cocoyer Grands-Bois
- Scénario : Patrick Chamoiseau
- Dessins et couleur : Thierry Ségur
- Éditions : Delcourt
- Dépôt légal : novembre 2009
- Pagination : 56 pages couleur
- Format : 20 x 26,6 cm
- ISBN : 978-2-7560-0843-1s
- Prix public : 13,95 €


© Guy Delcourt Productions (2009)



Myriam Bouchet
19 février 2010




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