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Dragon Age : Le Trône Volé
David Gaider
Milady, Fantasy, roman traduit de l’anglais (États-Unis), franchise fantasy, 445 pages, août 2009, 8€

Férélden est sous le joug des Orlésians, un mignon de l’Empereur Florian sur le trône des Theirin. Moira, la Reine Rebelle, vient d’être assassinée par des traîtres, et son fils Maric est pourchassé par ses assassins. Courant pour sa vie dans la forêt, il tombe sur Loghain Mac Tir, un jeune homme de son âge qui vit exilé dans la forêt avec les gens de son village, faute d’avoir accepté de se soumettre à l’envahisseur.
Ces pauvres gens paient bien vite leur soutien au jeune prince, et Maric et Loghain doivent fuir rapidement, via les marais de Korcari, où une sorcière leur fait une étrange prophétie.
Retrouvés par l’armée rebelle, en partie commandée par Rowan, la fille du Arl Rendorn et fiancée de Maric, les deux hommes vont devenir amis.
C’est l’occasion pour Maric de prouver sa valeur et de mériter sa couronne, et Loghain de comprendre que la valeur d’un homme ne tient pas qu’à sa naissance.



La guerre durera plusieurs années, alternant batailles et diplomatie. Années qui verront le rapprochement de Loghain et Rowan (mais qui restera quasi platonique) mais aussi de Maric et Katriel, une jeune barde elfe, qui s’avèrera une espionne de Severan, le sorcier de l’usurpateur.

La révélation de la trahison de Katriel sera le point d’orgue de ce roman, mettant fin aux vestiges de naïveté de Maric, brisant la camaraderie du Prince avec Loghain, et d’un côté aussi sa relation particulière avec Rowan, sa fiancée de toujours et sa future Reine. L’adolescent joyeux disparaît au profit d’un Roi sévère mais juste.

Avant “Origins”


Pur produit dérivé du jeu vidéo, ce roman sera à réserver aux fans de « Dragon Age : Origins ». Écrit par David Gaider, défini ici comme l’auteur principal du jeu (et crédité comme chef de l’équipe rédactionnelle dans le générique), « Le Trône volé » se pose comme un prequel aux évènements d’« Origins ». L’occasion d’en apprendre plus sur l’accession au trône de Maric, mais surtout découvrir les premières armes de Loghain. L’histoire se déroule à l’aube de l’Âge du Dragon, soit 30 ans avant « Origins » (je vous laisse calculer l’âge de chacun).

L’intrigue de ce « Trône volé » est, vous l’avez vu, assez maigre, d’autant que la narration souffre de certaines lourdeurs. Ainsi, trois années de conflit sont survolées en quelques pages (aux alentours de la 160-170e), années durant lesquelles se nouent certains liens, notamment entre Loghain et Rowan.
L’auteur ne semble guère familier avec les concepts d’unité de temps et de lieu, et on s’étonnera parfois, en suivant la carte, de la distance avalée en une ligne (la traversée du royaume) après que plus de dix pages aient été nécessaires pour sortir d’une vallée.

Une lecture difficile


Si le style m’avait paru assez soutenu dans les premières pages, et plus exigeant que dans les habituelles novélisations, il se change en calvaire au fil des interminables chapitres.
Certaines phrases semblent traduites par un ordinateur tant elles sonnent mal, sans parler des fautes de toute sorte, une bonne cinquantaine (voir comme d’habitude le document ci-dessous, certaines lignes sont épiques).

Texte - 3.5 ko
Le Trône Volé - corrections

Le point de vue narratif externe est très mal maîtrisé, passant d’un personnage à l’autre au fil des phrases, dans un ping-pong vite fatiguant pour le lecteur qui ne sait plus qui est qui.

Tout ça pour si peu


Les cinquante dernières pages seules sont réellement captivantes, et tout ce qui précède, gonflé par des aventures (plus ou moins convenues, histoire de replacer des éléments du jeu), tient de la simple mise en place. Gaider aurait pu alléger de moitié ses 445 pages, véritables blocs noirs de 34 lignes où les dialogues aèrent rarement le récit.

Les joueurs accro devront donc subir (c’est le mot) une longue introduction, où l’action prime néanmoins, avant d’espérer découvrir les réponses à leurs questions : qui est Loghain, et pourquoi trahit-il Cailan, le fils de Maric, dans « Dragon Age : Origins » ? Les réponses sont maigres.
Pour vous dire l’ampleur des dégâts, le roman ne fait même pas la lumière sur l’occupation orlésiane. Les possesseurs du jeu se reporteront aux codex 112 et 113 (Histoire de Férélden, chapitres 1 et 2, de frère Génitivi) pour en savoir plus.
Aussi, n’espérez pas en apprendre plus sur les relations entre Maric et Eamon, le petit frère de Rowan étant absent du roman, ou sur la naissance d’Alistair, ce qui (me) semblait pourtant primordial.
À moins que nous n’ayons à attendre un second tome, ce que l’épilogue ne suggère guère (contrairement à l’éditeur, qui le gratifie d’un “tome 1” sur son site, mais pas sur le livre). Cela laisse envisager le pire, c’est-à-dire une répétition de ce semblant de roman d’apprentissage très creux, avec cette fois le fils de Maric dans le rôle principal du prince orphelin. Le monde est un éternel recommencement...

Massacre à la traduction

Enfin, mon grand déplaisir vient du manque total de concertation entre les traducteurs du jeu et Fabrice Lemainque, qui n’ont semble-t-il pas su se mettre d’accord sur la traduction des termes propres à l’univers de « Dragon Age ». (Je précise que dans cette chronique, j’ai adopté l’orthographe du roman.) Les habitants de Férélden sont des Féreldiens dans le jeu, mais des Féréldans dans le roman. Cela, passe encore. Mais Orlaïs, le voisin et occupant, perd son tréma, changeant radicalement sa prononciation. Le sommet est atteint avec l’Enclin, le phénomène tout de même central du jeu, à peine abordé dans le roman, mais transcrit en “Flétrissure” ! Les “engeances” combattues par centaines sont des “rejetons obscurs”. Finalement, j’ai fait une table de correspondance…

Texte - 1.7 ko
Dragon Age - termes spécifiques

C’est d’autant plus regrettable que ce roman s’adresse exclusivement aux fans du jeu (ceux assez motivés pour lire plutôt que jouer, et lire un pavé qui plus est). De nos jours, entre la mondialisation et Internet, ce genre d’approximations ne fait plus rire les accros tatillons...
(comment s’appelait le Faucon Millenium dans la première version française de « Star Wars : A New Hope » ? Ah, oui, le Millénaire Condor... Et Chewbacca...?)

Si la couverture n’est pas vilaine du tout, elle est néanmoins assez loin de l’esthétique de la version vidéoludique.

Bref, une grosse déception, entre un calvaire de lecture et des espoirs déçus. Milady aura eu l’honnêteté de le sortir directement en poche...

Amis fans de jeux de rôles, si vous voulez lire, retournez plutôt aux aventures de Drizzt Do’Urden. En plus, ça tombe bien, c’est chez le même éditeur...


Titre : Dragon Age : Le Trône Volé (Dragon Age : The Stolen Throne, 2009)
Série : Dragon Age, tome 1 (?)
Auteur : David Gaider
Traduction de l’anglais (États-Unis) : Fabrice Lemainque
Couverture : Ramil Sunga
Éditeur : Milady
Collection : Fantasy
Sites Internet : Roman (site éditeur)
Pages : 445
Format (en cm) : 11 x 17,8 x2,8
Dépôt légal : août 2009
ISBN : 9782811201753
Prix : 8 €



Nicolas Soffray
23 février 2010


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