Un roman noir, ça ? Il faudrait plutôt parler de roman lumineux, épicurien, presque rabelaisien !
En ces temps de malbouffe et d’OGM, il s’agit d’une ode impénitente au bien vivre et à la gastronomie. Ce qu’on a certes déjà vu chez des bons vivants du crime (même David Morgon, un auteur plus que mineur de la collection Spécial Police, parsemait les enquêtes de son détective éponyme de recettes de cuisine), ne serait-ce que chez Montalban, mais on est dans un registre tout autre.
J’avoue ignorer si les autres romans de cette série relèvent davantage du policier, mais le déroulement de celui-ci et la façon d’insérer lieux et personnages issus du réel relève d’une pure structure de roman historique.
Et, c’est le cas de le dire, qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse ! Cette plongée dans une Rome qui continue de faire rêver, entre splendeur et décadence, est plutôt roborative ; et s’il y a chantage et à un moment donné des meurtres au cours d’une orgie, ce sont de simples péripéties annexes au périple du héros, plutôt basé sur les exactions du bras armé de l’Église sous la forme de l’Inquisition -sans heureusement plonger dans les DanBrowneries qui encombrent les étals. Un puritanisme qui vaudra l’exil à notre cuisinier qui finira par découvrir l’amour !
On peut juste regretter que ce roman épicurien soit écrit d’une langue un peu terne alors qu’on rêve d’une plume fastueuse et picaresque façon Süskind, capable de nous faire plonger dans cette fête des sens, mais on ne peut pas tout avoir.
Afin de prolonger l’expérience, Michèle Barrière offre des annexes qui pourraient être rébarbatives, mais s’avèrent plutôt sympathiques : un petit historique des personnages, une bibliographie, un guide des lieux préférés de l’auteur et, bien sûr, le carnet de recettes de Bartolomeo Scappi (raison d’être du texte, dirons les mauvaises langues, le roman n’étant qu’on bonus offert avec ledit carnet !)
Plus roman gastronomique que noir ou même policier donc ; ce qui n’empêche que le voyage est fortement recommandable, surtout en poche.
Enfin, sauf si vous êtes au régime !
Titre : Natures Mortes au Vatican (2007, France)
Auteur : Michèle Barrière
Couverture : Giuseppe Arcimboldo, L’homme-potager (détail)
Èditeur : Le Livre de Poche
Collection : Policier
Première édition française : Agnès Vienot, 2007
Site internet : page roman sur le site éditeur, une fiche auteur sur Canalblog
Pages : 315
Format (en cm) : 18 x 11
Dépôt légal : août 2009
ISBN : 978-2-253-12516-7
Prix : 6,50€