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Tolérance Zéro
Patricia Cornwell
Le Livre de Poche, n° 31534, traduit de l’anglais (Etats-Unis), polar, 187 pages, septembre 2009, 6,50€

L’inspecteur Win est appelé à son service par Monique Lamont, candidate au poste de gouverneur du Massachusetts.

Celle-ci veut promouvoir un nouvel outil scientifique d’analyse d’ADN capable d’élucider n’importe quel crime. Pour cela, elle décide de revenir sur un meurtre commis vingt ans plus tôt ; mais le passé ressurgit avec violence…



A-t-on sacré un peu trop vite Patricia Cornwell du titre un peu vain de « nouvelle reine du crime » ? Car si la série consacrée à Kay Scarpetta devenait de plus en plus intéressante au fur et à mesure qu’elle s’éloignait du pur polar pour emprunter une structure de saga, ses excursions hors de cette série ont donné quelques jolis ratés (sans parler de son « Jack l’Éventreur : affaire résolue » aussi péremptoire que discutable…)

Ce roman très court (presque une novella selon les critères anglo-saxons), donc, n’est jamais qu’un travail de commande pour le supplément littéraire du New York Times : est-ce pour cela qu’il dégage un sentiment d’inabouti, voire de bâclé ?
Car là, on a l’impression d’une série d’éléments balancés dans un mixer et servis tel quel : les personnages n’ont pas vraiment d’existence propre et semblent limités à leur nom, l’intrigue est assez chaotique (l’agression du personnage de Monique Lamont, intégrale au récit, est si mal annoncée qu’on a l’impression d’être entré dans un autre roman sans crier gare), rendant l’immersion quasi-impossible, et le pire est encore que la conclusion se termine sur un problème d’éthique intéressant, quoique déjà traité ailleurs, mais à peine esquissé.

Et puis, en refermant le roman, on garde un goût amer en bouche : en dehors de tout chantage au féminisme, faire l’apologie à peine voilée d’une politicienne arriviste, égoïste, cynique, prête à tout pour parvenir à ses fins (ce qui est paraît-il encore amplifiée dans « Trompe l’œil », second roman mettant en scène le duo) et pour qui la prétendue justice -quelles qu’en soient les conséquences- n’est qu’un tremplin électoral comme un autre, est-il vraiment l’idéal pour une héroïne de fiction ?

Un coup pour rien donc dans la carrière de Cornwell, et on se demande pourquoi son éditeur US a tenu à publier ce court récit en roman au lieu de l’inclure dans un recueil de nouvelle où la pilule serait un peu mieux passée. Tel quel, on peut difficilement le conseiller, même en poche, à moins d’être lecteur fan.
Par contre, inutile de dire que ce raté est bien insuffisant pour enterrer un auteur qui, malgré les cohortes d’imitateurs syndiqués qui ont suivi, a injecté en son temps un sang neuf bien venu dans le genre thriller !

Dernière remarque : les Editions des Deux Terres ont entrepris d’éditer ou rééditer toute l’œuvre de Cornwell. Pourquoi pas, mais à part de sombres raisons de droits, on se demande pourquoi avoir jugé bon de refaire les premières éditions parues au Masque, où les traductions de Gilles Berton étaient tout à fait remarquables ?


Titre : Tolérance zéro (At Risk, 2006)
Auteur : Patricia Cornwell
Traduction de l’Anglais (Etats-Unis) : Jean Esch
Couverture : 3D4Medical.com/Getty Images
Editeur : Le Livre de poche
Première édition française : Ed. des Deux Terres
Site internet : éditeur, site de l’auteur (en anglais)
Pages : 187
Format (en cm) : 18 x 11
Dépôt légal : septembre 2009
ISBN : 978-2-253-11907-4
Prix : 6,50 €



Thomas Bauduret
21 janvier 2010


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