Chargement...
YOZONE
Le cyberespace de l'imaginaire




2 sœurs
Film sud-coréen de Kim Jee-Woon (2003)
16 juin 2004


Genre : fantastique
Durée : 1h59

Grand Prix du Festival du Film Fantastique de Gérardmer 2004

Avec Im Soo-Jung (Su-Mi, sœur aînée), Moon Geun-Young (Su-Yeon, sœur cadette), Yeom Jeong-A (Eun-Joo, la belle-mère), Kim Kab-Su (Mu-Hyun, le père)

Voici donc le Grand Prix du Film Fantastique décerné à Gérardmer. Tiré d’un conte traditionnel et anonyme coréen, l’histoire a malheureusement et quasiment perdu tout son cadre narratif fantastique pour devenir un récit sur la perte, la folie et le désespoir d’où un léger malaise à l’énoncé de la récompense précédemment mentionnée...

Deux adolescentes sont ramenées par leur père dans la maison familiale où semble régner en maître une belle-mère passablement dérangée. De cauchemars en disputes, d’apparitions en faits troublants, le récit alterne entre une étude de cas sur la paranoïa et la schizophrénie et des implications surnaturelles assez obscures jusqu’au dénouement final... qui ne surprendra malheureusement aucun des spectateurs qui se risqueront à subir ces deux heures de travail parfaitement réalisées mais totalement inutiles.

Acteurs convaincants, réalisation soignée et ambitieuse, ambiance délétère parfaitement maîtrisée, scènes-chocs correctement proposées, les arguments ne manquent pas pour attirer le cinéphile. Il n’en reste pas moins qu’il ne s’agit absolument pas d’un film fantastique mais plutôt d’une œuvre on ne peut plus logique sur la folie. A peine un léger doute effleure-t-il le spectateur vers la fin de la projection. Doute inutile tant tout ce qui a été dit et prouvé auparavant contredit les dernières scènes de « fantômes ». Dans le cadre fort bien défini du film fantastique de revenants, il s’agit d’un échec total. D’un beaucoup de bruit pour pas grand-chose, typique d’une certaine intellectualisation d’un jury émettant une opinion sur la forme et pas sur le fond. Par contre, si l’on veut bien oublier le Grand Prix et se référer à une simple approche cinématographique de l’œuvre, et seulement dans ces conditions, le film est tout à fait intéressant et suscite la curiosité.

Le problème fondamental est qu’il ne s’agit pas d’un film comme les autres mais du Grand Prix de Gérardmer. On veut bien croire que la sélection du Festival n’était pas fameuse ou enthousiasmante mais quand on pense à ce que Jeepers Creepers 2 proposait à l’amateur de base d’un point de vue purement fantastique ainsi que sur un second degré de vision (analyse de la mythologie rurale américaine, obsessions adolescentes et homosexuelles du réalisateur, démontage à la Carpenter d’une société de consommation à l’outrance et j’en passe), on se prend à rêver et à se demander ce que contenaient les plateaux-repas de Gérardmer... Des substances à fort pouvoir hallucinogène sans aucun doute !

Destinée sans doute à surfer sur l’attrait finalement assez parisien et très 6ème arrondissement d’un cinéma asiatique parfois ébouriffant mais souvent consternant (désolé), cette œuvre a fort peu de chance de rafler la mise des amateurs du genre qui nous préoccupe. Pour le reste, si l’on parle de cinéma « classique », l’investissement peut valoir le coup.

Kim Jee-Woon, déjà réalisateur de l’agréable « Memories » dans « 3 Histoires de l’Au-delà », offre pour le coup un long métrage à l’usage des fans du cinéma coréen, des étudiants en classes de psycho et des grands curieux qui garnissent parfois les salles obscures. Tout cela n’étant pas de sa faute mais ne compensant absolument pas le fait qu’il y ait une erreur de casting sur le fond et sur l’AOC - qui devient non contrôlée pour le coup - de « Film Fantastique ».

Stéphane Pons

Décidément, cette année, la Corée était à l’honneur au festival du film fantastique de Gérardmer avec le magnifique « Wonderful Days », vainqueur dans la catégorie animation, et l’intrigante histoire de ces « Deux sœurs » qui rafle le Grand Prix. Un choix, malgré tout, surprenant car si « Wonderful Days », visuellement époustouflant, s’avère malheureusement un peu léger côté scénario, « A Tale of Two Sisters », libre adaptation d’un conte coréen fantastique anonyme, se confond en rebondissements pour altérer son propos fantomatique (façon le « 6ème sens » de « Les Autres » à la sauce « Ring » version nippone) en un thriller psychologique un peu longuet aux relents de « déjà-vu ».
Tout débute avec le retour, après une longue absence, de deux adolescentes dans la demeure familiale, une grande maison isolée à la campagne tenue par une belle-mère un rien maniaco-dépressive. Si d’entrée, la conduite des deux jeunes filles donne le ton et souligne le malaise ambiant, bien vite, cauchemars, disputes, apparitions et faits troublants plongent la maisonnée dans l’angoisse, entre surnaturel, paranoïa et schizophrénie.
A la limite des genres, Kim Jee-Woon, à qui l’on doit le segment « Memories » dans « Trois histoires de l’au-delà », va (malheureusement) peu à peu dissoudre les aspects fantastiques de son sujet pour n’emprunter que les voies de l’épouvante et installer, par le biais d’une mise en image soignée et d’une interprétation solide, un climat de plus en plus pesant. Nous aurions même pu parler de mise en scène inspirée si on ne flairait à l’avance les ressorts dramatiques et si, les moments d’effroi parvenaient à s’écarter des canons imposés depuis quelques années par « Ring ». Certes, cela ne fait aucunement de « Deux sœurs » un mauvais film, les qualités intrinsèques de la pellicule étant indéniables, mais cela n’en fait pas non plus une œuvre fantastique, ni même un film d’horreur innovant.

Bruno Paul

FICHE TECHNIQUE

Titre original : A Tale of 2 sisters

Réalisation : Kim Jee-Woon
Scénario : Kim Jee-Woon

Producteurs : Oh Kimin, Oh Jung-Wan
Coproducteur : Kim Young
Producteur délégué : Choi Jae-Won

Musique oOriginale : Lee Byoung-Woo
Montage : Go Im-Pyo
Décorateur : Cho Keun-Hyun
Costumes : Ok Soo-Kyung
Son : Ken Wong

Production : Masulpiri Pictures & Bom Film Productions Co. Ltd (tous droits réservés) & A Pictures, Cine Click Asia.
Distribution : BAC Films/Wild Side Films (Paris)


Bruno Paul
Stéphane Pons
16 juin 2004



JPEG - 12.2 ko



JPEG - 4.8 ko



JPEG - 5.2 ko



JPEG - 7.9 ko



JPEG - 7.1 ko



JPEG - 7.5 ko



JPEG - 7.6 ko



Chargement...
WebAnalytics