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Collège de Magie (Le)
Caroline Stevermer
Le Livre de Poche, Fantasy, roman, traduit de l’anglais (États-Unis), fantasy, 544 pages, septembre 2009, 7,50€

En attendant d’être en âge de régner sur le Galazon, un petit duché d’Europe central, Faris Nallanine est envoyée à Verteloi, un collège de Normandie.
Son oncle Brinker l’éloigne ainsi de ses terres qu’il peut gouverner à sa guise.

Toutefois Verteloi apparaît bien différent d’un collège normal, ses élèves sont censés sortir diplômés en magie…



Née en 1955, Caroline Stevermer fait partie de l’école des écrivains de fantasy de Minneapolis (Steven Brust, Ellen Kushner…) qui ont largement contribué à renouveler le genre dans les années 80 – 90.

Pour tout lecteur, le titre évoquera sûrement « Harry Potter ». Pourtant, à bien y regarder, « Le Collège de Magie » date de 1994, soit quelques années avant que le sorcier à lunettes n’apparaisse. Si influence il y a eu, il faut chercher du côté de J. K. Rowling. Sur certains points, la création de cette dernière prend le contrepied de celle de Caroline Stevermer, mais cela n’en rend la comparaison que plus flagrante.

À Verteloi, la magie ne s’enseigne pas, elle s’acquiert avec le temps, car le collège baigne dans une atmosphère magique. Les élèves, uniquement des filles, avancent donc un peu à l’aveuglette dans leurs études, car la seule matière qui compte finalement elles ne l’apprennent pas. Verteloi révèle en chaque fille sa capacité ou non à exercer la magie. Les diplômées sont traitées de sorcières.

Dans ce milieu, Faris Nallanine est bien sûr déboussolée, le Galazon lui manque beaucoup. Heureusement elle trouve en Jane, une Anglaise, une amie qui l’aidera à traverser toutes les épreuves qui l’attendent. Même si Faris ne semble pas douée pour la magie, un grand destin l’attend. Gouverner le Galazon ? Devenir reine ? Ou encore bien plus grand ? Dans son testament, sa mère demandait son envoi à Verteloi, ce qui cachait forcément quelque chose.

La magie n’apparaît que fort peu, les relations humaines (haine envers Menary, une autre étudiante, amitié avec Jane, amour naissant pour son garde du corps Tyrian, antagonisme avec son oncle Brinker…) et les enjeux politiques sont placés au cœur du récit. Dans cette Europe du début XXe siècle à la géographie légèrement bouleversée, Caroline Stevermer met en scène une histoire d’une grande originalité. Tout en douceur, elle développe une intrigue qui n’en est pas à une surprise près. Elle nous présente Faris sous les traits d’une adolescente à l’humeur changeante, d’une véritable peste elle peut se transformer en une copine adorable. Ses années à Verteloi ne sont que le prélude à l’entrée dans le vaste monde où bien des projets ont déjà été faits pour elle. Mais loin d’être une marionnette, elle se battra afin qu’on l’entende et surtout l’écoute.

Cette fantasy change des romans qui s’entassent chez les libraires, elle s’adresse à un plus vaste public qui s’enthousiasmera des aventures de Faris et de ses compagnons. Le cadre participe à cette accessibilité et permet aux lecteurs de se concentrer sur l’histoire.
Qui sait, les lecteurs de J. K. Rowling se laisseront peut-être attirer par le titre, ils découvriront alors qu’il y a un avant « Harry Potter », plus adulte, plus ancré dans la réalité...

Abstraction faite de la couverture peu attirante, on peut juste regretter qu’au début du roman, le style est plutôt lourd et que la lecture accroche par moments, sans que je puisse juger qui, de la romancière ou de la traduction, en est responsable. Cela ne dure heureusement pas et, de toute façon, pris par les péripéties de Faris, on n’y prend sûrement plus garde.

Intelligent, tout en retenue, proche de notre quotidien, le vrillant d’une façon subtile, « Le Collège de Magie » mérite vraiment de s’y intéresser. Sa lecture ne déçoit pas, car il y en a pour tous les goûts. L’étiquette de précurseur n’est en rien galvaudée.

Saluons les éditeurs courageux qui l’ont révélé au public francophone alors qu’Harry était déjà passé par là.

Le Livre de Poche annonce pour 2010 la réédition de « L’Étudiant de Magie », se déroulant dans le même cadre que le présent roman.
Pour les impatients, les Moutons Électriques ont publié les deux livres en un seul.


Titre : Le Collège de Magie (A College of Magics, 1994)
Auteur : Caroline Stevermer
Traduction de l’anglais (États-Unis) : Patrick Marcel
Première édition française : Les Moutons Électriques sous le titre L’Équilibre des Ancres (2006)
Couverture : © Plainpicture / Arcangel
Éditeur : Le Livre de Poche
Collection : Fantasy
Site Internet : Roman (site éditeur)
Pages : 544
Format (en cm) : 17,8 x 11
Dépôt légal : septembre 2009
ISBN : 978-2-253-11691-2
Prix : 7,50€



François Schnebelen
22 décembre 2009


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