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Max et les Maximonstres
film fantastique américain de Spike Jonze (2009)
16 décembre 2009

***



genre : Fantastique, Aventure
durée : 1h40

Avec Max Records (Max), Pepita Emmerichs (Claire), Catherine Keener (la mère), Steve Mouzakis (le prof), Mark Ruffalo (le petit ami), James Gandolfini (voix de Carol), Vincent Crowley (Carol costumé), Paul Dano (voix de Alexander), Sonny Gerasimowicz (Alexander costumé), Catherine O’Hara (voix de Judith), Nick Farnell (Judith costumée), Forest Whitaker (voix de Ira), Sam Longley (Ira costumé), Michael Berry Jr. (voix de The Bull), Angus Sampson et Mark McCracken (The Bull costumé), Chris Cooper (voix de Douglas), John Leary (Douglas costumé), Lauren Ambrose (voix de KW), Alice Parkinson et Garon Michael (KW costumée), ...

Max se sent incompris chez lui, et décide de s’évader sur l’île des Maximonstres, des créatures étranges aux émotions sauvages et imprévisibles. Max rêve de gouverner un royaume, et les Maximonstres sont ravis d’en faire leur roi, d’autant plus que le petit garçon leur a promis le bonheur pour tous. Mais la promesse s’avère plus délicate à tenir qu’il ne l’imaginait...

« Je n’ai pas cherché à faire un film pour les enfants ; j’ai voulu faire un film sur l’enfance », explique Spike Jonze. Déroutant pour une adaptation du désormais classique « Max et les Maximonstres » de Maurice Sendak ? Peut-être, mais le postulat de départ est en tout cas essentiel pour appréhender le film du réalisateur virtuose de « Dans la peau de John Malkovich » et d’« Adaptation ».

Avec le très attendu « Max et les Maximonstres » - auquel on préfèrera le titre original, « Where the wild things are » -, Spike Jonze confirme tout son talent de réalisation et de direction d’acteurs, en imprimant à son film son œil de photographe et de réalisateur de clips (notamment pour Björk, Fatboy Slim, Beastie Boys et REM) : esthétiquement scotchant, le résultat est vibrant de poésie et d’urgence de vivre, magnifié par une mise en scène et une photographie sublimes.
Ce n’est pas une vision idyllique de l’enfance que nous propose Spike Jonze, mais une lecture furieuse et sauvage de ces années d’apprentissage, de découverte, de frustration aussi, d’impatience souvent. Le film s’ouvre sur un plan-séquence survolté - comme Spike Jonze sait si bien les faire - d’un Max déchaîné aboyant et courant après son chien, suivi directement par une scène apaisée du même Max soudain pensif et solitaire : le ton est donné, et cette dualité entrevue dès le début ne quittera pas le film.

Sa rencontre avec les Maximonstres, sorte de quête initiatique au cours de laquelle l’enfant part à la découverte de son lien aux autres, sera elle aussi marquée par cette opposition entre insouciance et colère, entre le bonheur d’être au monde et le besoin impérieux d’affirmer son existence. Les monstres sont une projection, une extériorisation de tout ce qui se bouscule à l’intérieur de Max, de tous les conflits, les élans et les pulsions qui le traversent et le secouent.
Tous sont incroyablement réussis, mélange de vraies marionnettes de trois mètres de haut et d’animation numérique pour densifier les expressions des visages : Spike Jonze souhaitait obtenir le plus de réalisme possible, pour que l’enfant ait la possibilité d’interagir physiquement avec eux. Chaque monstre est doté d’une personnalité propre et totalement habité, à tel point qu’on en oublie par moment qu’ils ne sont pas humains.

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Au-delà des costumes - une grande réussite signée par la Jim Henson Company et son fameux Atelier Créatures de Los Angeles -, c’est aussi la direction d’acteurs menée par Spike Jonze qui fait toute la différence. Non content d’avoir fait preuve de beaucoup d’audace et de flair dans le choix des acteurs qui prêtent leur voix aux monstres (James Gandolfini - alias Tony Soprano -, Lauren Ambrose, Chris Cooper, Catherine O’Hara, Forest Whitaker et Paul Dano), Spike Jonze n’a pas hésité à innover en réunissant tout ce beau monde sur un même plateau, là où il est habituellement d’usage d’enregistrer séparément chaque voix, pour leur faire interpréter l’intégralité du film en deux semaines. « Nous nous sommes livrés sans restriction à nos instincts gamins, nous nous sommes provoqués les uns les autres, nous avons hurlé comme des sauvages, en essayant de préserver le niveau d’énergie nécessaire », raconte Paul Dano. Que ce soit au cours de ce pré-tournage ou du tournage principal, Jonze ne s’est pas économisé, effectuant lui-même certaines cascades et allant jusqu’à s’improviser cracheur de feu derrière la caméra pour provoquer la peur dans les yeux de Max Records (le hasard ayant voulu que l’enfant se prénomme Max également dans la vie).

Et tout ce travail s’est avéré payant, puisque le jeu des monstres (animés physiquement par des comédiens qui se sont inspirés des images du pré-tournage) est totalement bluffant, et l’interaction avec l’enfant tout à fait convaincante. Le jeune Max Records est impressionnant de justesse dans ce rôle de môme si complexe et pluriel ; le tout est sublimé par des décors naturels d’une grande beauté, mis en valeur par une très belle photographie et soutenu par une superbe bande-son, signée Cartel Burwell (déjà présent sur « Adaptation » et « Dans la peau de John Malkovich ») et Karen O. (du groupe Yeah Yeah Yeah’s).

Spike Jonze réalise donc ici une adaptation très intime de l’album de Maurice Sendak, fidèle dans le refus d’y plaquer une quelconque morale. Un film furieusement libre qui donne envie de perdre le contrôle...

Amandine Prié (****)


« Max et les Maximonstres » est l’adaptation du livre éponyme pour enfants de Maurice Sendak. Et c’est bien là où ce situe le problème qui m’a taraudé le cerveau durant la durée du film : ce dernier est tout sauf pour les enfants. Il est vrai que les dessins de Sendak sont à la base assez particuliers, avec des monstres pouvant être impressionnants mais possédant toujours ce détail qui finit par les rendre amusants pour le jeune lecteur. Et il faut avouer que ces monstres sont la grande réussite de la version cinématographique de Spike Jonze. Les monstres se fondent avec les décors naturels et les scènes avec Max ne laissent quasiment pas la place au détail permettant de voir quelle technique est utilisée pour donner vie à ces créatures. Alors pourquoi je joue les bougons me direz-vous ?

Tout d’abord, ceux qui connaissent le livre d’images vont se dire que le film est dédié à nos chères petites têtes blondes, qui pourront voir en vrai ce qui n’était jusqu’alors qu’une histoire racontée pour les aider à dormir. Monumentale erreur ! « Max et les Maximonstres » est tout sauf pour les enfants. C’est un film d’adultes pour les adultes, poussant à l’extrême les dessins de Sendak au point de limiter les décors à une forêt triste à mourir, une ancienne carrière et un désert, qui serait même le lieu le plus attrayant. Pas une trace d’imaginaire enfantin, aucune place à une pointe d’originalité. Il faut pourtant garder à l’esprit que cet univers est né dans la tête de l’enfant et devrait par conséquent se nourrir de ses rêves ou de ses cauchemars. C’est au contraire un monde froid et aseptisé d’adulte qui ressort à l’écran, limite séance chez le psy.

Le second point qui me dérange fortement est la morale de cette histoire. Jonze a choisi d’en rajouter une sacré couche sur la névrose de Max. l’enfant turbulent, qui défie ses parents comme le font les gamins de 10 ans (je parle en connaissance de cause), subit en plus la séparation de ses parents, l’éloignement d’un père qui lui manque et une mère qui redécouvre l’amour avec un autre homme. C’est un enfant qui se sent délaisser et qui finit par se prendre pour le grand méchant loup. Son aventure dans l’univers des Maximonstres le met devant ses propres réalités, le personnage de Carol symbolisant la colère de Max tandis que KW prend l’image de l’amour maternel. Le garçon va découvrir que jouer au roi n’est jamais bénéfique et on pourrait croire qu’en partant, il aura retenu la leçon. Malheureusement, la scène finale avec sa mère m’a laissé dans un profond scepticisme : a-t-il vraiment retenu la leçon ou finalement, cela n’a-t-il servi à rien ? A vous de juger.

« Max et les Maximonstres » est finalement une déception non pas comme film mais comme adaptation d’un livre destiné au enfants qui a perdu tout son esprit pour n’être qu’une énième pseudo critique de nos pré-ado.

Frédéric Leray


FICHE TECHNIQUE

Titre original : Where the wild things are

Réalisation : Spike Jonze
Scénario : Spike Jonze et Dave Eggers
D’après le livre de Maurice Sendak

Producteur : Tom Hanks, Gary Goetzman, John Carls, Maurice Sendak, Vincent Landay
Producteur exécutif : Thomas Tull, Jon Jashni, Scott Mednick, Bruce Berman
Producteur associé : Natalie Farrey, Catherine Keener, Emma Wilcockson

Directeur de la photographie : Lance Acord, ASC
Décors : K.K. Barrett
Montage : Eric Zumbrunnen, A.C.E., James Haygood, A.C.E.
Costumes : Casey Storm
Musique originale : Karen O., Carter Burwell
Supervision animation et effets visuels : Daniel Jeannette
Supervision de l’animation : Michael Eames
Supervision des effets visuels : Marc Kolbe, Ben Gibbs
Directeur artistique : Jeff Thorp, Lucinda Thomson

Production : Warner Bros Pictures, Legendary Pictures, Village Roadshow Pictures, Playtone / Wild Things
Distribution : Warner Bros

Relations presse : Eugénie Pont, Carole Chomand, Sabri Ammar, Florence Debarbat


LIENS YOZONE

La bande-annonce (vost)
Le teaser

INTERNET

Le site officiel : http://www.maxetlesmaximonstres-lefilm.com



Frédéric Leray
Amandine Prié
10 décembre 2009



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