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Légendes du Pays – T3 : L’Envol des Égarées
Steve Cockayne
Pygmalion, Fantasy, roman, traduit de l’anglais (Grande-Bretagne), fantasy / fantastique / science-fiction, 336 pages, octobre 2009, 21,90€

Sous le joug du grand maître Croc l’usurpateur, le Royaume est malade. Même les mouettes se sont perdues dans les terres et des enfants, les Meneurs, les suivent, persuadés que les ramener à la mer permettra le retour à une situation normale.
Pendant ce temps, Leonardo Pegasus se bat pour débarrasser le réseau de signalisation des gobelins, c’est-à-dire de Lee.
Ashleigh, la fille de Rusty, quitte la cité avec son père et le vagabond Liam. Elle s’imagine comme une détective, mais cherche encore sa voie.
Toutes les pièces du puzzle s’assemblent…



Avec « L’Envol des Égarées », Steve Cockayne clôt la trilogie Légendes du Pays, dont nous avons déjà parlé avec les tomes un (« Vagabonds et Insulaires ») et deux (« Les Chaînes et les Fers »).
Fidèle à son habitude, Steve Cockayne ne nous assomme pas avec plus de 500 – 600 pages. Un peu plus de trois cents lui suffisent.

Cette fois-ci, il mène entre autre son récit du point de vue d’Ashleigh qui s’exprime comme l’adolescente qu’elle est, parfois brouillonne, se perdant dans les méandres de son esprit, s’interrogeant si elle aime vraiment Liam et si vivre avec lui est du domaine du possible.
Leonardo est bien sûr toujours sur la brèche. Comme il est l’inventeur de la machine à empathie et qu’il dispose d’une version améliorée, la machine à empathie multiple qui lui permet de cerner l’ensemble des possibilités, il est le plus apte à résoudre le problème du réseau saturé de parasites. Pendant que sa femme tient l’auberge dont il a hérité, il expérimente à tout va, aidé en cela par Joey, un enfant boiteux, et une imposante machine à musique, une erreur de livraison. La tâche s’avère insurmontable, mais une nouvelle mystérieuse entité se dévoile à lui dans le réseau.

Comme ses personnages se focalisent surtout sur les évènements qui leur arrivent, Steve Cockayne nous présente l’Histoire du Royaume à travers de fréquents extraits d’un manuel historique. Des noms aperçus de-ci de-là prennent alors toute leur importance et expliquent certains passages des tomes précédents. L’auteur a construit un vaste filet dont les points de rencontre ne sont jamais gratuits. On pourrait lui reprocher tous ces hasards qui ramènent toujours les uns vers les autres, mais l’Être Suprême n’y veillerait-il pas ?
D’autant que le progrès arrive à ses portes et que les Îles, autrefois lointaines, attirent toutes les convoitises, car elles disposent d’une solution alternative à la pénurie de pétrole.

La légende des Vagabonds et des Insulaires prend ici toute sa signification. Alors qu’ils formaient autrefois un seul peuple, les siècles les ont divisés et le fossé entre eux s’est agrandi, nourri par une aversion toujours plus grande. Suite à la rénovation de la Maison du Repos, leurs retrouvailles ne semblent plus illusoires.

Comme l’ensemble du cycle, la fin oscille entre technologie, fantastique et fantasy. Le territoire insulaire avec ses différentes îles, difficiles à relier, complique la mission de Leonardo, Rusty et Ashleigh, acteurs à part entière dans la conclusion. La Tradition se rappelle à tous, le Passé n’est pas mort et le Futur ne doit pas l’oublier.

Même si les fréquentes interrogations des tomes précédents ont disparu et qu’il ramène finalement tout à la lutte entre le bien et le mal, Steve Cockayne réussit à boucler sa trilogie de belle manière. Des images fortes imprègneront nos mémoires : les Meneurs de mouettes qui, tel le Joueur de flûte d’Hamelin, entraînent les enfants dans leur sillage, le festival des Vents et Marées qui n’a lieu qu’une fois tous les six ans, la complicité entre Leonardo, grand amateur de café, et Joey, tous deux composant une étrange symphonie…

Légendes du Pays n’est peut-être pas d’un accès facile, car déconcertant par endroits, mais Steve Cockayne en appelle à la participation des lecteurs qui doivent souvent assembler les morceaux. À la limite des genres, traitant de sujets souvent actuels, cette trilogie n’en est que plus savoureuse pour ceux qui n’hésitent pas à s’arrêter au cours de l’histoire afin d’y réfléchir. Là, on est servi et que c’est bon !
Et même une fois le dernier mot lu, des questions demeurent. Qui sait, peut-être qu’une seconde lecture dévoilera d’autres facettes des légendes… Il est certain que s’attaquer aux trois opus à la suite aide à en saisir toutes les subtilités.

Ce cycle est à conseiller aux lecteurs qui ont un minimum d’exigence, ainsi qu’aux autres qui découvriront alors que l’imaginaire est vaste et que tout n’est pas servi sur un plateau en une soupe qui glisse toute seule…

Steve Cockayne figure au rang des belles découvertes des éditions Pygmalion. Espérons que son nom ne disparaitra pas de notre paysage éditorial et que les décideurs s’intéresseront à son roman jeunesse « The Good People » (2006).


Titre : L’Envol des Égarées (The Seagull Drovers, 2004)
Série : Légendes du Pays (Legends of the Land), tome 3
Auteur : Steve Cockayne
Traduction de l’anglais (Grande-Bretagne) : Michelle Charrier
Couverture : Miguel Coimbra
Éditeur : Pygmalion
Collection : Fantasy
Directeur de collection : Thibaud Eliroff
Site Internet : Roman (Site éditeur)
Pages : 336
Format (en cm) : 24 x 15,2
Dépôt légal : octobre 2009
ISBN : 978-2-7564-0231-4
Prix : 21,90 €



Voir aussi sur la Yozone, les avis sur :
- T1 : « Vagabonds et Insulaires »
- T2 : « Les Chaînes et les Fers »


François Schnebelen
29 novembre 2009


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Illustration de Miguel Coimbra



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