En préambule de sa nouvelle « Le Jour de la Photo de Classe » (adaptée au théâtre en France), tirée du recueil « Le Styx Coule à l’Envers », Dan Simmons expliquait la difficulté de faire preuve d’originalité sur le thème archi-balisé de l’invasion zombie. Bon, il est vrai qu’à l’époque, les années 90, où l’auteur des « Cantos d’Hypérion » faisait cette remarque, le zombie était en voie d’extinction après la glorification outrancière de la production du genre dans les années 80.
Mais depuis « 28 jours plus tard » et l’adaptation au cinéma du jeu vidéo « Resident Evil », les morts-vivants ont effectué un incroyable retour en force. Au cinéma, bien sûr, où les bons films de zombies se succèdent à une cadence soutenue, en bande dessinée, avec des séries remarquables comme « Walking Dead », et même à la télévision, à l’instar de la mini-série « Dead Set » de nos voisins anglais.
À vrai dire, seule la littérature traînait la patte avant que Max Brooks, le fils de Mel, ne dégaine deux ouvrages connexes passionnants sur le sujet, à savoir « World War Z » et le fameux « Guide de survie en territoire zombie » (déjà critiqué sur la yozone).
La grande réussite de « World War Z » est justement son approche détournée. Son postulat est que la guerre contre les zombies a déjà eu lieu et son propos est d’analyser, via une série d’entretiens, comment l’épidémie, depuis son point d’origine, est parvenue à se propager sur la planète entière.
Une étude, certes fictionnelle, mais pertinente, qui prend tout son sens au moment où les autorités de nos pays occidentaux s’essaient à la mise au point de procédures, comme la vaccination en masse, dans le but de circonscrire une pandémie virale de seconde zone. Car, finalement, c’est bien de cela dont il est question avec la grippe H1N1, dont les ravages sont incomparables avec ceux d’un fléau comme la grippe espagnole : permettre aux populations de se familiariser avec des procédures sanitaires d’urgence.
Une répétition grandeur nature, en quelque sorte, pour contrer l’éventualité d’une attaque bio-terroriste d’envergure. Mais si, une fois de plus, les Français se montrent de mauvais élèves, la faute est à mettre au crédit de nos dirigeants qui, plutôt que d’énoncer clairement le but et les enjeux, préfèrent jouer la carte de la psychose tout azimut.
Mais revenons à notre sujet : « World War Z ».
Heureusement Max Brooks a sérieusement réfléchi à son projet. Si, dans son roman, l’épidémie zombique est effectivement virale, il ne traite pas sa propagation de façon superficielle. C’est ainsi qu’il aborde des sujets comme la transplantation d’organes, le manque de régulation et de traçage desdits organes et la manne financière que ce commerce représente sur le marché noir.
Ce n’est, bien entendu, pas le seul dysfonctionnement que « World War Z » met intelligemment en lumière, Max Brooks n’hésitant pas à relater massacres et exactions pour illustrer le culte du secret des gouvernements en crise, les disparités des mesures pour contrer la menace zombie, et bien d’autres choses que vous découvrirez en dévorant les deux zombie-books de Max Brooks, « World War Z » faisant, à maintes reprises, référence au « Guide de survie en territoire zombie », ce fameux livre qui peut vous sauver la vie.
Titre : World War Z (une histoire orale de la guerre des zombies) (World War Z, 2006)
Auteur : Max Brooks
Traduction (de l’anglais (États-Unis) : Patrick Imbert
Couverture : Néjib Belhadj Kacem
Éditeur : Calmann-Lévy
Collection : Interstices
Site Internet : fiche du roman (site éditeur)
Pages : 420
Format (en cm) : 15 x 23 x 2,8 (broché)
Dépôt légal : mars 2009
ISBN : 978-2-7021-3973-8
Prix : 20 €