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Pensée Magique
Augusten Burroughs
10/18, domaine étranger, recueil traduit de l’anglais (Etats-Unis), tranches de vie d’un pubard gay new-yorkais, 285 pages, octobre 2009, 7,90€

Augusten travaille dans la pub, a écrit un roman puis deux, est gay et mal dans son corps pas assez désirable à son goût, mais au final, s’en sort plutôt bien. Tranches de vie que ce recueil aussi bancal que la vie d’un tel spécimen de cette fin de XXe siècle à New York.



Vingt-sept récits d’un évènement majeur ou pas de la vie de l’auteur-narrateur-protagoniste, en deux mots Augusten Burroughs, nous sont proposés ici.
Partant de l’enfance d’Augusten, par le souvenir du tournage d’une pub dans son école (“Pause publicitaire”, où à vouloir trop bien faire le garçon échoue et est coupé au montage), la suite n’est guère chronologique, et il faudra attendre “Mon dernier premier rendez-vous”, et sa rencontre avec l’homme qui partage toujours sa vie, pour pouvoir situer vaguement certaines histoires.

Ce texte est d’ailleurs fondamental, puisque la rencontre et la vie avec Dennis est ce qui semble le grand bouleversement de la vie de l’auteur, auparavant grande tafiole (pardon, mais le mot est faible) hystérique digne de « La Cage aux Folles », notamment dans “La chose rat”, et dont les principales préoccupations de jeunesse, hormis son boulot qu’il honnit ou encense selon les heures (“Et maintenant, un mot de notre sponsor”), est le sexe, le plus souvent, avec n’importe qui, du croque-mort (“Rancard avec un croque-mort”, ou la gâterie dans le salon funéraire) aux prêtres catholiques (“Sainte Pipe”, tout est dans le titre).
Suite à sa rencontre avec Dennis, l’Augusten s’assagit quelque peu, est en tout cas aussi caustique mais moins graveleux. Le grand ado schyzo incapable de s’occuper de lui laisse place à un homme mûr plus sage mais tout aussi féroce envers ses compatriotes, mais poussant tout de même jusq’à l’auto-analyse et reconnaissant parfois ses torts.

On lira donc en filigrane de ce « Pensée Magique » un portrait de l’Amérique de la dernière génération, celle qui a traversé les mutations culturelles, économiques, technologiques, psychologiques et évidemment sexuelles de cette fin de siècle.

Il ne faudra pas être effrayé par le ton parfois fatiguant de grande folle, et on se laissera attendrir par certaines réflexions d’un homme ayant parfaitement assimilé qui il est et ce qu’il est (“Tout en haut de l’escalator”, qui clôt le livre) sans se départir d’un grain de folie, comme cette pensée magique, qui en ouverture du livre est ainsi définie :
désordre mental de type schizoïde consistant à prêter à ses propres faits et gestesun caractère parfaitement étrangerà sa propre personnalité, et se convaincre ainsi d’avoir sur les évènements une influence bien plus grande qu’en réalité.
Il faudra attendre le texte éponyme pour bien le comprendre, d’autant que cette pensée magique n’est guère présente dans la quasi-totalité des pages. La preuve que l’auteur n’est pas encore monomaniaque et bon pour l’asile.

Un texte pas désagréable, le ton caustique d’Augusten Burroughs faisant sourire assez régulièrement. Ainsi, dans “Fascinations transsexuelles”, troisième texte, en parlant de Dieu : “Comme ils étaient incapables de me donner une réponse sensée, j’en conclus que Dieu était aux adultes ce que le Père Noël était aux enfants. Mais j’aimais l’image de cet homme nu, les bras grands écartés, comme pour remercier le public après son spectacle”.
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Aux lecteurs comme moi aguichés par la couverture et qui pensent trouver une pointe de fantastique dans ce « Pensée magique », je vous dis passez votre chemin, nous sommes là dans du roman autobiographique comme l’Amérique seule en produit en voulant tâter de l’humour anglais.
Pour ceux à qui aura plu la citation au-dessus, un petit bouquin à découvrir, mais rien d’impérissable à mon goût.

Quelques coquilles retrouvées. Le traducteur fait merveille, mais semble peiner à écrire correctement des marques pourtant bien connues dans l’Hexagone, comme Playstation ou M&M’s...

Texte - 870 octets
Pensée magique - corrections

Titre : Pensée magique (Magical Thinking, 2004)
Auteur : Augusten Burroughs
Traduction (de l’américain) : Philippe Rouard
Couverture : Nicolas Galy pour noook.fr / Photo Tara Moore - Gettyimages
Première édition française : Eloïse d’Ormesson, 2008
Editeur : 10/18
Collection : Domaine étranger, dirigée par Jean-Claude Zylberstein
Site internet : Page roman sur le site éditeur
Pages : 285
Format (en cm) : 10,8 x 17,8 x1,7
Dépôt légal : octobre 2009
ISBN : 978-2-264-04839-4
Prix : 7,90 €



Nicolas Soffray
21 novembre 2009


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