Toute personne ayant déjà lu du « Harry Dickson » peut vous dire dans quelles circonstances la rencontre avec ce détective de l’étrange a eu lieu. En effet, le ton, les personnages, et les aventures incroyables, proprement extraordinaires, marquent le lecteur dès les premières lignes. C’est assez rare pour être noté.
Pour tout vous dire, en ce qui me concerne, j’ai lu mes premiers « Harry Dickson » grâce à la collection Librio (qui proposa 10 livraisons de deux aventures, à un prix défiant toute concurrence). Et la messe était dite : j’écumais les bouquineries (avant de travailler dans l’une d’elle...) et lisais les pérégrinations du cher détective que j’y trouvais.

Mais quelques mots, tout d’abord, concernant le grand détective en lui -même. Comme le rappelle Richard D. Nolane dans sa préface, les toutes premières origines de « Harry Dickson » remonte à des fascicules populaires allemands. Là, un détective du nom de Sherlock Holmes avait un assistant, Tom Wills, et vivait des aventures abracadabrantes. Conan Doyle fit un procès, qu’il gagna. C’était sans compter que, quelques années plus tard, un autre détective, toujours accompagné de Tom Wills, fit son apparition en Hollande... Un certain Harry Dickson... Voulant percer également en France, les éditeurs engagèrent différents traducteurs, parmi lesquels, Jean Ray. Mais devant la médiocrité du texte, Jean Ray proposa vite à ses employeurs de rédiger ses propres aventures. Seule contrainte donnée par les éditeurs : garder l’illustration et le titre ! Harry Dickson, enquêteur de l’étrange, était sur la bonne voie !

C’est donc à la fois avec une grande joie et une méfiance certaine que j’ai mis la main sur cette publication des éditions Malpertuis (Malpertuis / Jean Ray : un bon signe ?...), où Brice Tarvel proposait ces « Dossiers secrets ».

Autant le dire tout de suite, je fus loin d’être déçu !
D’une grande fidélité à l’œuvre, tendance Jean Ray, les deux aventures qui nous sont proposées ici marquent le retour du détective dans sa meilleure forme, et un excellent moment de lecture.
Ma préférence va à “La Main maléfique”, cette histoire de la jeune épouse d’un diplomate anglais assassiné lors d’une mission aux Indes, aux prises avec tout ce que l’imagination populaire peut avoir de grandiose et de grandiloquent, faite d’images incroyables et de pseudo-science servant à expliquer les faits les plus étranges. Un très grand moment, avec une extrême modernité dans l’écriture et la manière de mener l’intrigue.

Mais “L’Héritage de Cagliostro” n’est pas en reste ! Même si je trouve, hélas, la résolution de l’intrigue un peu trop rapide à mon goût (mais là encore, nous sommes dans la figure imposée des fascicules populaires, et cela prouve, par la même, la fidélité de Brice Tarvel à la forme originelle), ces déguisements en cascade, ces promenades sur les terres bretonnes de la pointe Saint-Matthieu et, surtout, la mort, semble-t-il, du cher Tom Wills dès les premières pages, sont là pour nous convaincre tout de même d’une belle façon...

Vous l’aurez compris, je vous conseille vivement la lecture de ces aventures du grand détective, et si vous ajoutez à cela un prix des plus faibles, j’espère vraiment avoir achevé de vous convaincre !

Titre : La Main Maléfique - L’Héritage de Cagliostro
Série : Les Dossiers secrets de Harry Dickson
Auteur : Brice Tarvel
Couverture : Christophe Alves
Editeur : Malpertuis
Collection : Absinthes, éthers, opiums
Site internet : fiche du recueil
Pages : 117
Format (en cm) : 15,5 x 23,5
Dépôt légal : avril 2009
ISBN : 9782917035085
Prix : 10 €