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Kié, La Petite Peste
Film japonais de Isao Takahata (1981)
9 février 2005


Genre : Animation japonaise (humour et décalage)
Durée : 1h45

La petite Kié, enfant d’un couple séparé, vit dans la province d’Osaka une enfance pour le moins agitée. Entre un père alcoolique (Tetsu) mais présent, une mère idéale, aimante mais relativement absente, un chat étrange (Kotetsu) et les mafieux du quartier pas aussi courageux que l’on pourrait le supposer. Son caractère hors du commun va cependant lui permettre de réorganiser une vie familiale digne de ce nom au travers d’aventures plus cocasses et étranges les unes que les autres.

Lorsque Isao Takahata réalisa « Kié, la Petite Peste », il était surtout connu pour avoir été le premier auteur d’une animation japonaise indépendante avec « Horus, Prince du Soleil ». Un temps, compagnon de route du célébrissime Miyazaki (« Le Voyage de Chihiro », « Le Château dans le Ciel », etc,.), Takahata a réalisé plus tard un des chef d’oeuvres absolu de ces 20 dernières années avec « Le Tombeau des Luciolles » ainsi qu’un très beau « Goshu, le Violoncelliste » où l’influence du français Paul Grimault (« Le Roi et l’Oiseau ») est patente. N’étant pas dessinateur, il ne réalise que les storyboards de ses oeuvres, Takahata est moins connu par le grand public dans nos contrés qu’un Mamoru Oshii (« Ghost In The Shell » et « Innocence, GITS 2 »), qu’un Katsuhiro Ôtomo (« Akira », « Metropolis » avec Rintaro, « Steamboy ») ou qu’un Miyazaki qui partage les honneurs parisiens d’une exposition avec Moebius aujourd’hui (déc 04-mars 05).
Néanmoins, tout comme Moebius qui signalait encore récemment son existence incontournable, nous partageons l’avis d’un des grands maîtres du graphisme contemporain. Auteur original et à part, Takahata ne se laisse pas enfermer facilement dans des boites stéréotypées. Grand ordonnateur des ces animations, rassembleur de talents divers et variés, son génie s’exprime surtout dans sa capacité à tirer le meilleur des autres au service de son envie créatrice.

« Kié, La Petite Peste » ne fait pas exception à la règle. Œuvre hybride et surement plus accessible dans sa VF que dans une VO « trop culturellement japonaise » (de nombreuses allusions à l’accent particuliers et à la culture de la province d’Osaka empêchent de percuter pleinement), Kié s’avère tout d’abord perturbant par les audaces sociales qu’il véhicule. On est loin de l’image d’Épinal du couple Japonais (parents séparés, père alcoolique, joueur, violent et petit escroc quand il le peut), présence culturelle omniprésente de la société des Yakusas dans le paysage, vision très particulière des félins en philosophes batailleurs, surpuissants et machistes, coupeurs de parties intimes de leurs ennemis... La vision de ce Japon, typique d’une « provincialité » des années 80, très éloignée des images à la « Tokyo ville du troisième millénaire », bouscule aussi pas mal les clichés. Cette animation a même un petit goût de « Zazie dans le Métro » à la mode japonaise et provinciale. Graphiquement, foin du trait affiné et léger (à l’image de sa série manga consacrée à « Heidi »), on est plus près, sur la forme et dans l’esprit, d’une de ces précédentes réalisations comme l’animation du manga « Mes Voisins, les Yamada ».

Dire que l’on est surpris est un euphémisme ! C’est que Takahata s’autorise des outrances à la limite de la vulgarité, se permet des scènes choquantes (cf. les scènes de l’omelette à la morve, les règlements de comptes entre Kié et son père où la visite parternelle auprès de son instituteur) qui risquent d’en choquer plus d’un. De cette animation dont Takahata réalisa également un prolongement télévisuel, on ressort légèrement déboussolé. Il y a ceux qui auront rigolé aux éclats (des enfants principalement et quelques adultes) et ceux qui n’auront pas accroché et aimé cet humour provoquant et décalé.

Me rangeant plutôt dans la première catégorie, je conseillerai volontiers cette animation hors norme tout en préférant prévenir le spectateur distrait d’éventuels dommages colatéraux que « Kié, La Petite Peste » peut entraîner sur votre sens de l’humour, surtout s’il s’avère être policé et distingué d’origine. Kié, c’est un peu le rire qu’ont les gamins après avoir goûté leur première morve, la vision qu’ils ont des outrances des adultes quand ils en parlent entre eux, un autre univers.

Peut-être et aussi ce qui les fera s’esclaffer de bon cœur sous votre regard ébahi ! Pour le coup, il vaut mieux y aller vierge d’a priori sur les précédentes réalisations de Takahata et se préparer à prendre quelques coups dans le plexus solaire. Bref, ça décape !

Stéphane Pons

FICHE TECHNIQUE
Titre original : Jakinko Chie
Réalisation : Isao Takahata
Scénario : Noboru Shiroyama & Isao Takahata
D’après l’oeuvre de Etsumi Haruki

Production : Hidenori Taga & Tetsuo Katayama

Direction Artistique : Nizo Yamamoto
Animation : Yasuo Otsuka & Yôichi Kotabe
Animateurs : Toshitsugu Saida, Masako Shinohara, Tsukasa Tannai, Nobuo Tomizawa, Shojuro Yamauchi, Koichi Maruyama, Kazuhide Tomonaga, Atsuko Tanaka, Yoshinobu Michihata, Noriko Goto & Reiko Okuyama.
Gouachage : Hiroko Kondo
Son : Toshi Kato
Musique : Katsu Hoshi

Production : TMS, Kitty Music, Toho
Distribution : Wild side Films (Paris)
http://www.wildsideproject.com
Soutien et participation : AFCAE & CNC
Programmation : Gebeka Films (Lyon)
Presse : Monica Donati (Paris)

SITE INTERNET
http://kie-lefilm.com


Stéphane Pons
25 janvier 2005



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