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Notre Mère la Guerre, Première complainte
Maël et Kris
Futuropolis

Après les multiples célébrations faites par Tardi avant tout le monde, puis la brassée de parutions accompagnant la commémoration de la Première Guerre Mondiale, s’indiquait-il de publier un album de plus sur le sujet ? Maël et Kris prouvent que oui en travaillant sur deux plans narratifs.



Bien sûr, les auteurs sacrifient – le mot n’est pas innocent – à une imagerie hélas devenue lieu commun : l’absurdité et la folie meurtrière en action, la boue des tranchées et le désespoir de poilus dont la plupart sont encore des adolescents, la violence qu’ils côtoient au quotidien, leur hantise de survivre malgré tout et ce décalage dramatique entre la réalité du front et les principes guerriers parfaitement désuets auxquels se réfèrent les officiers supérieurs.

Autant de « clichés » que Kris restitue de façon convaincante, malgré le tremblé de son dessin et des approximations anatomiques : essentiellement par une maîtrise des couleurs, sombres et poisseuses, qui rendent pour ainsi dire palpables aubes glauques et soirs de suie, crasse physique et désarroi mental.

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Mais la trouvaille, en parallèle de la boucherie générale, est d’imaginer que sévit sur le front un mystérieux serial killer avant la lettre. Qui donc s’est rendu coupable du meurtre de trois femmes, dans ce monde d’hommes qui s’entretuent ? C’est au lieutenant Roland Vialatte, gendarme d’active égaré en première ligne, que revient l’impérieuse mission d’identifier celui que, sans rire, on nomme un ignoble assassin parmi les tueurs.

Un personnage tout à fait crédible, que ce lieutenant Vialatte partageant solitude, indépendance d’action et mort dans l’âme avec les enquêteurs de polars moins atypiques ! Mis sous pression par les autorités militaires, considéré presque comme un planqué par ceux de la troupe, il fréquente l’innommable sans trop savoir où chercher ni qui soupçonner. De quoi méditer tout à loisir cette évidence que si la guerre s’est spécialisée dans le meurtre de masse légalisé, il faut bien convenir de son inadéquation aux choses policières… De la belle ouvrage qui devrait faire trois tomes.


Notre Mère la Guerre, Première complainte
- Scénario : Maël
- Dessins et couleurs : Kris
- Éditeur : Futuropolis
- Parution : 17 septembre 2009
- Pagination : 64 pages couleur
- Format : 22,5 x 29 cm
-  ISBN : 9782754801652
- Prix public : 16 €


© Edition Futuropolis - Tous droits réservés



Alain Dartevelle
5 novembre 2009




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