Chargement...
YOZONE
Le cyberespace de l'imaginaire




Blue Cerises : Jean-Michel Payet/Satya
Interview Yozone
Octobre 2009

Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

J’ai commencé à faire des livres avec la casquette d’illustrateur. Romans, documentaires, couvertures, presse, … j’ai baladé mes crayons dans plein de supports chez plusieurs éditeurs avec toujours ce désir, même avec le dessin, de raconter des histoires. Puis un jour, j’ai réalisé une série de livres mêlant textes, dessins, BD, devenant auteur complet et comprenant alors que je ne pourrais sans doute plus faire machine arrière et ne plus raconter mes propres histoires. Ce projet m’a amené à réaliser des BD dans la presse pendant plusieurs années et, en parallèle, à commencer à écrire des romans sans dessin. J’ai ainsi publié des petits romans chez Milan, d’autres dans la presse jeunesse (Bayard, Milan) puis une grosse trilogie pour ados aux éditions du Panama. Et aujourd’hui les projets d’écriture se multiplient, sans abandonner les crayons ni l’aquarelle…



Qu’est-ce qui vous a attiré dans le projet « Blue Cerises » ?

L’activité d’un auteur est plutôt solitaire. Il nous faut choisir, décider d’une intrigue, de personnages, seuls. L’idée de partager ce moment magique, et mystérieux de la création à plusieurs était une expérience que j’avais envie de vivre et lorsque Cécile me l’a proposée, je n’ai pas hésité une minute. Et c’est encore mieux que ce que j’imaginais. A l’origine, je ne connaissais pas personnellement les autres auteurs, Sigrid et Maryvonne. Ce sont nos personnages qui ont d’abord fait connaissance via le forum. Lorsque nous sommes passés à l’écriture, j’ai découvert la fabuleuse richesse de l’expérience puisque certains personnages, secondaires dans les histoires de Satya, sont imaginés et développés par d’autres auteurs que moi. Donc ce qui reste parfois simplement esquissé en arrière plan dans un récit écrit seul prend là une authenticité étrange et passionnante : je ne décide pas tout ce que font les personnages que je mets en scène et mes petites camarades peuvent me dire : « Non, Zik, Violette ou Amos, ne pourra pas être là à ce moment là. » ou « Non, il ou elle ne peut pas avoir ce type de réaction ». Je dois alors composer avec et c’est fascinant. Du coup nous passons un temps colossal avec les « blue Cersies », sans commune mesure avec la taille des livres. Ils font partie de notre vie et il y a peu de jours dans l’année où nous ne soyons amenés à échanger par mail à leur sujet.

Pourquoi avoir choisi Satya ?

C’est très étrange, mais aujourd’hui, j’ai du mal à considérer Satya comme un personnage qu’il aurait fallu inventer, construire… Il s’est mis à parler sur le forum où nous avons échangé les premières confidences de nos personnages, puis sa famille, son histoire se sont progressivement révélées.
Son prénom est celui d’un camarade de ma fille et il renvoie à l’Inde, pays où je me rends assez régulièrement, sans que, dès l’origine, il y ait d’autres intentions que l’exotisme de ce prénom. Du coup, cela m’a donné la trame de l’histoire de ses parents, qui s’intéressaient à ce pays, et qui y sont morts accidentellement. Petit à petit, j’apprends à mieux connaître Satya, ses deux grands-mères avec lesquelles il vit, puis leur librairie, etc… aujourd’hui, j’en sais beaucoup plus qu’au début de cette aventure, je connais l’arbre généalogique de Satya en remontant sur deux générations, et cela me permettra peut-être un jour de parler de ses antécédents. Pour le reste, ses goûts, ses choix, je me laisse assez porter par mes souvenirs d’ado… et mes goûts actuels.

Pourquoi avoir choisi ce jeu de piste culturel ?

Ces attentats poétiques d’inspiration surréalistes m’intéressaient beaucoup : une façon de mettre réellement du merveilleux, de l’étrange dans le quotidien et qui nous font voir la vie différemment. De là, il m’a paru intéressant d’imaginer le personnage énigmatique d’une jeune fille qui évolue dans ce monde là, un monde, qu’en définitive elle se fabrique et qu’elle va offrir à un Satya un peu déstabilisé. Me restait à découvrir pourquoi elle avait tant besoin d’insuffler de rêve et de poésie dans sa vie de chaque jour. C’est en écrivant que j’ai appris quelle était sa fêlure. Et cette confrontation entre monde de l’art, de la poésie et la vie quotidienne me paraît refléter certains aspects de la vie adolescente. Et de la vie tout court.

Où aimez-vous travailler ?

Pour les idées, partout. Mon carnet ne me quitte jamais et j’y jette pêle-mêle mes idées, des pistes de travail, des fragments de dessins, parfois. Pour écrire, c’est dans mon atelier, chez moi, devant l’ordinateur. Sans musique.

Avez-vous une méthode de travail particulière ?

Rêver beaucoup. Prendre des notes, beaucoup. Connaître les grandes lignes et la chute de l’histoire avant d’écrire. Humer le parfum de la première phrase avant d’activer Word. Ecrire. Ecrire. Ecrire. Ré-écrire. Corriger. Re-corriger. Jouer avec les phrases. Avec les mots. Avec les sentiments. Essayer de se surprendre soi-même. Voir l’histoire évoluer dans une direction imprévue et l’accompagner sans perdre de vue le projet d’ensemble. Ecrire, écrire, écrire.

Avez-vous un objet fétiche (stylo, ordinateur...) ?

L’ordinateur, les mails, etc sont pratiques mais ce ne sont pas un objet fétiche. Cela étant, comment se serait développé le projet « blue Cerises » sans forum ???

Avez-vous un rituel avant de commencer un livre ? Pendant l’écriture ? Après l’avoir terminé ?

Avant, non. Pendant l’écriture j’aime à avoir une théière devant moi (comme en ce moment). Le thé est toujours plein d’histoires et de mots. Ses vapeurs me permettent de basculer dans le monde de mes histoires à tel point que je l’ai évoqué dans un roman (« Ærkaos ») sous la forme d’une boisson parfumée qui donnait aux personnages la possibilité de voir réellement les récits des autres personnages. Cela étant, je refuse d’être tributaire d’un rituel. Je peux aussi très bien écrire sans thé. Mais c’est moins agréable. Après, non : je pense au suivant.

Auriez-vous quelques conseils à donner à un aspirant-écrivain ?

S’amuser. Se faire plaisir. Jouer avec les personnages, les situations. Jouer avec les mots, les façons de s’exprimer, d’écrire. Le véritable trésor, c‘est de prendre suffisamment de plaisir pour supporter les difficultés, les pannes, les refus, les ré-écritures multiples. Car il faut savoir qu’il n’y a que rarement des textes écrits au fil du clavier qui soient publiés tels. Un texte est comme un objet réalisé par un artisan qui le polit, le polit, le polit encore, lui ôte des scories, contourne un nœud dans le bois, l’affine, l’affine, l’affine…

Quel est votre futur éditorial ?

De nouvelles « blue Cerises », un projet d’album avec Sigrid (mais là je serai illustrateur), une énigme dans le magazine « Moi je lis »… et plusieurs autres livres en cours d’écriture (ou déjà écrits) dont la parution est prévue au cours de l’année 2010. Mais, chut, il ne faut pas tout révéler à l’avance !


La saison 1 des Blue Cerises sur la YOZONE
L’interview de la directrice de collection : Cécile Roumiguière
L’interview de Sigrid Baffert/Amos
L’interview de Maryvonne Rippert/Zik
L’interview de Cécile Roumiguière/Violette



Michael Espinosa
25 octobre 2009


JPEG - 17.3 ko



JPEG - 30.4 ko



JPEG - 31.2 ko



Chargement...
WebAnalytics