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De Feu et de Sang
Melvin Burgess
Gallimard Jeunesse, roman, traduit de l’anglais (Grande-Bretagne), science-fiction, 336 pages, mai 2007, 15 €

Le roi Sigmund Volson a été atomisé en même temps que Londres. Alors mis en sécurité, son fils Sigurd est à présent âgé de 15 ans et va devoir accomplir le grand destin pour lequel il est programmé.
Son entourage l’envoie combattre le dragon Fafnir. Autrefois humain, celui-ci est devenu invincible à force de transformations technologiques. Comment un jeune homme de 15 ans peut-il espérer le battre afin de s’approprier ses trésors ?
Et pourtant…



Un bain dans le sang du dragon vaincu en fait un surhomme qui résiste à toutes les agressions. Mais une feuille d’arbre, tombée malencontreusement sur son dos, empêche que cette armure soit complète, le rendant ainsi mortel pour qui connaît ce secret. D’ailleurs Sigurd n’en fait aucun mystère, se vantant même de cette portion de peau encore humaine. Quinze ans et naïf, alors qu’il est taillé pour être un héros ! Le lecteur, tout comme l’auteur, se demande d’où peut bien provenir cette feuille dans un coin stérilisé, donc sans arbre. Et la radioactivité dans tout ça ? Quinze années après l’explosion, elle semble s’être envolée. Pour les besoins de l’histoire, Melvin Burgess ne recule devant aucun artifice. Là réside justement un des gros défauts de ce bouquin.

Dans une Angleterre du futur – pas évident de la dater précisément -, les dieux scandinaves, Odin au premier chef, interviennent dans les affaires humaines et les mutations génétiques (Mi-Hommes, Cochonchiens…) sont légion. Entre science-fiction et mythologie nordique, l’ensemble a du mal à prendre. Il faut dire que Sigurd, Siegfried, le parallèle est immédiat, et, pour qui connaît un tant soit peu l’histoire originale (en voici une ébauche), la remise au goût du jour peut laisser de marbre. Quant aux autres, une partie du public à qui s’adresse ce livre, ils auront peut-être du mal à s’identifier au héros. Sa naïveté, son exubérance dans les sentiments, ne les inciteront pas forcément à vouloir lui ressembler.

De plus, le lecteur assiste au récit, il n’y participe pas, ne le vit pas. La faute à l’auteur avec son traitement assez déconcertant, comme s’il hésitait sur la manière de mener son histoire. Le récit est à la troisième personne du singulier, puis dans le chapitre suivant, on peut avoir le point de vue d’un des personnages à la première personne, sans qu’il y ait une grande logique là-dedans. Dans certains passages, le romancier nous prend même à témoin en s’adressant au lecteur. Bref, tout ce qu’il faut pour nous éjecter du livre et nous donner envie de le fermer une bonne fois pour toute.

Même si Melvin Burgess recycle de l’ancien, il ne faut pas lui retirer quelques bonnes idées qui nous redonnent quelque intérêt pour « De Feu et de Sang ». Malheureusement elles sont insuffisamment exploitées, les travers reviennent vite et les pages ne défilent pas aussi rapidement qu’on le voudrait.
Le roman alterne le bon et le moins bon, on ne sait pas de quelle manière il faut l’aborder, et s’attarder dessus ne présente finalement pas grand intérêt.
Dommage, car il y avait moyen de faire bien mieux avec cette adaptation et d’éviter cette impression de coquille vide, de roman aux limites mal définies et aux personnages sans grande consistance.

Pourtant, les opinions à son encontre divergeront. Certains trouveront cette exubérance, le monde décrit et le ton employé géniaux, alors que d’autres crieront au grand n’importe quoi. Un peu mon cas… Ici, le clivage des générations devrait jouer à plein et les grands enfants ou jeunes adultes se retrouveront dans « De Feu et de Sang », alors que beaucoup d’adultes se perdront au détour d’une ligne.

Beaucoup traduit chez Gallimard Jeunesse, Melvin Burgess a aussi écrit « Rouge Sang », un de ses ouvrages jugés les plus aboutis, nous parlant également de la dynastie des Volson.
Pour ma part, je ne suis guère curieux d’en connaître le contenu…


Titre : De Feu et de Sang (Bloodsong, 2005)
Auteur : Melvin Burgess
Traduction de l’anglais (Grande-Bretagne) : Philippe Loubat-Delranc
Couverture : Benjamin Carré
Éditeur : Gallimard Jeunesse
Pages : 336
Format (en cm) : 15,5 x 24
Dépôt légal : mai 2007
ISBN : 978-2-07-057489-6
Prix : 15 €



François Schnebelen
22 octobre 2009


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Illustration de Benjamin Carré



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