Genre : uchronie, fantastique
Durée : 2h20
Avec : Takeshi Kaneshiro (Heikichi Endo), Toru Nakamura (Kogoro Akechi), Takako Matsu (Yoko Hashiba), Jun Kunimura (Genji), Kanata Hongo (Yoshio Kobayashi), Yuki Imai (Shinsuke)...
1949, le monde n’a finalement pas vécu la Seconde Guerre Mondiale. La société japonaise a vu son clivage social empirer : les aristocrates monopolisent les richesses pendant que le peuple crève la faim dans les banlieues des grandes villes. Un mystérieux justicier sème la terreur, volant aux riches en utilisant de stupéfiantes méthodes. Roi du maquillage, il vole un générateur d’énergie électrique en pleine journée et devant une foule réunie pour sa démonstration.
Heikichi Endo est un acrobate de génie dans un petit cirque. Un étrange balafré lui propose de l’argent contre les photos du mariage de l’inspecteur Akechi et de la duchesse Yoko Hashiba. Mais c’est un piège tendu par K-20 pour faire accuser un innocent à sa place. La vie tranquille d’Endo va vite tourner au cauchemar. Il devra démasquer le mystérieux justicier pour retrouver une vie normale... peut-être...
« K-20, l’homme aux 20 visages » est tiré du bestseller, « The Fiend with Twenty Faces », saga en 24 tomes sortie en 1940. Nous entrons dans une uchronie du Japon, où les riches ignorent littéralement la pauvreté du bas peuple pour vivre tranquillement dans leur opulence. Les mariages entre personnes de classes sociales différentes étant interdits, la mixité a totalement disparu : un pauvre naît, vit et meurt pauvre.
Dans ce monde décadent, se lève un justicier masqué : K-20. Entre Robin des Bois et V de « V pour Vendetta », il est loin du super-héros sans tache, allant jusqu’à faire condamner un innocent à sa place.
La première partie du film nous raconte la descente aux enfers de Heikichi Endo, acrobate de génie dans un petit cirque. Pour gagner un peu d’argent, il va servir de bouc émissaire. Entre passages à tabac par une police s’intéressant peu à la justice, et la destruction du cirque pour l’exemple, il va atteindre la déchéance ultime et devra son salut à un simple voleur
Après ce passage très sombre et vraiment très réussi émotionnellement parlant, nous entrons ensuite dans la partie qu’on pourrait de qualifié de “vengeance”, tel un Edmond Dantès prenant les traits du Comte de Monte-Cristo.
La rupture de style clairement voulue permet d’avoir un ton plus léger, avec des touches d’humour bien nipponnes comme le coup du saignement de nez devant une femme nue.
Pour parler de cette seconde partie, il faut bien sur s’intéresser aux cascades. Car le petit plus de « K-20 » est apporté par l’utilisation de la technique parkour, rendu célèbre par les Yamakasi : cela consiste à franchir les obstacles par des sauts et des escalades. Les scènes de poursuites en deviennent très intéressantes car le décor du Japon d’avant-guerre offre des possibilités parfois insolites.
Mais s’arrêter aux effets visuels serait raccourcir énormément « K-20 » et surtout oublier les performances de deux très bons acteurs nippons. Tout d’abord Takeshi Kaneshiro : impeccable dans « Les 3 Royaumes », il incarne ce pauvre Heikichi Endo sans le surjeu qui est une tendance récurrente dans ce genre de film au Japon. Il tient une grande partie du long métrage entre ses mains et grâce à son jeu, les deux heures et vingt minutes passent à grande vitesse.
Ensuite vient Toru Nakamura, parfait dans le rôle du taciturne Akeshi. Il fait un excellent come-back dans un blockbuster. Un petit clin d’œil à Jun Kunimura, plutôt vu dans des films d’horreur comme « Audition » ou « Alive », il nous joue un excellent Genji, le mentor voleur.
Deux heures et vingt minutes d’actions, d’émotions, de suspense et une pointe d’humour, une recette qui fait mouche.
« K-20, l’Homme aux 20 Visages » est un très bon film qui aurait mérité une sortie en salles et qui se doit d’avoir un vrai succès en vidéo. Comme toutes les histoires de justiciers masqués nippons, il faut aimer un peu l’exagération et une certaine exubérance du jeu à la japonaise, mais ceux qui ont aimé « V pour Vendetta » ne resteront pas insensibles à l’histoire de Heikichi Endo et de K-20.
FICHE TECHNIQUE
Titre original : K-20, Kaijin Niju Menso Den
Réalisation : Shimako Sato
Scénario : Shimako Sato
Producteur exécutif : Shuji Abe, Seiji Okuda
Musique : Naoki Sato
Maquillage : Kakusei Fujiwara
Effets visuels : Kiyoko Shibuya
Montage : Ryuji Miyajima
Directeur de la photographie : Kozo Shibazaki
Production : Nippon Television Network Corporation (NTV), Robot Communications, Toho Company Ltd
Presse (France) : Darkstar (Paris).