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Quinzinzinzili
Régis Messac
L’Arbre-vengeur, collection L’Alambic, roman (France), science-fiction, 200 pages, septembre 2007, 13€

Alors que le Concert des Nations a tourné à la cacophonie, jusqu’à disparaître dans une guerre atomique éclair, un groupe d’enfants et leur précepteur sont les derniers représentants vivant de l’Humanité...

Écrit au début des années 30, avec une précision politique incroyable, le chef-d’œuvre pessimiste de Régis Messac, « Quinzinzinzili », retrouve le chemin des librairies.



Ainsi commença la guerre. Et ce fut, vraiment, le commencement de la fin.

Il y a des romans qui vous filent une claque dans la tronche, qui vous marquent réellement dans votre vie de lecteur, et pour lesquels on peut dire qu’il y a un avant et un après.
« Quinzinzinzili » est de ceux-là.
Le seul conseil que je puisse vous donner, si vous ne connaissez pas encore ce court roman, c’est de le mettre en haut de votre pile de livres à lire, dans cette toute récente édition due à L’Arbre Vengeur, qui a la bonne idée de le rendre à nouveau disponible.

Magnifiquement écrit, ce roman pose un regard d’un grand pessimisme et d’une grande intelligence sur l’Humain.
Un précepteur désabusé était en voyage avec un groupe d’enfants lorsqu’éclate la Dernière Guerre (dont l’analyse politique est incroyablement bien vue, quand on sait que la première édition du texte date de 1935...) Et il s’agit, strictement, de la Dernière Guerre, puisque c’est celle qui voit la mort de l’Humanité. Les seuls survivants sont ce précepteur et ses élèves.
Mais les principes de la vie sont tels que ce petit groupe de têtes blondes (une dizaine, à tout casser) va se mettre à réinventer une Humanité nouvelle. Mais cette Humanité, loin de porter haut la Raison et la Civilisation, verra un retour vers les vieux atavismes religieux (comme cette prière à Quinzinzinzili, entité nébuleuse qui donne son nom au roman), au langage humain simplifié et réadapté, à la stupide sauvagerie des instincts animaux. Nous ne sommes pas chez Rousseau, le “bon sauvage” n’est qu’un faux mythe (c’est ce même thème du bon sauvage qui est d’ailleurs également abordé dans un autre roman de Régis Messac, Valcrétin).

La force de ce roman est de montrer, de manière un peu extrême mais diablement intelligente, la mort d’une civilisation, qui portait en elle aussi bien de magnifiques œuvres d’art et d’incroyables tyrannies obsènes, et la naissance d’une nouvelle, sauvage, primaire, et déjà biaisée. Ainsi, l’Humanité semble porter en elle cette incapacité viscérale de vivre bien. Pessimiste, vous avez dit ?
Pas seulement. Parce que Régis Messac est un grand écrivain. Son écriture est magnifique. Sa narration, tendue comme une flèche. Et ses personnages, on sent bien qu’il les aime, malgré tout. Malgré cet humour grinçant et cette cruelle analyse qu’il propose des travers de l’Humanité. Il aime l’Humain, sous sa vision pessimiste est caché l’immense espoir qu’il est possible de placer en l’Homme.


Titre : Quinzinzinzili (France, 1935)
Auteur : Régis Messac
Couverture : Jean-Michel Perrin
Editeur : L’Arbre-vengeur
Collection : L’Alambic
Site internet : fiche du roman
Pages : 200 pages
Format (en cm) : 17 x 11,5 cm
Dépôt légal : septembre 2007
ISBN : 2916141189
Prix : 13 €



Jérôme Charlet
17 octobre 2009


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