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Au Carrefour des Étoiles
Clifford D. Simak
J’ai Lu, S-F & Presses de la Cité, Omnibus, roman (É.U.), science fiction, 222 pages, janvier 1999 & février 2004, 4,80€ & 24€

Tout commence par l’évocation sanglante d’une des dernières batailles de la Guerre de Sécession. Enoch Wallace, survivant du carnage, sera contacté quelques années plus tard par un extraterrestre devant le perron de sa maison. S’il accepte l’étrange proposition faite par ce voyageur hors du commun, sa demeure deviendra un relais de transport galactique dont il sera le gardien. Les voyageurs stellaires y feront un bref arrêt puis repartiront vers des ailleurs inconnus.

Grâce à cette proposition, Enoch, homme seul et solitaire, comme bien des êtres ayant souffert des affres de la guerre, trouve enfin un but à sa vie, une raison d’exister.



Dès lors, protégé par la technologie alien, le temps n’aura plus aucune prise sur Enoch, ni sur son cadre de vie. Ne s’accordant qu’une petite heure de vieillissement naturel lors de sa promenade journalière, Enoch a l’air d’un jeune homme d’une trentaine d’année alors qu’il approche des 124 ans !

Isolé du reste du monde et tapi au fin fond du Wisconsin, uniquement entouré de voisins peu regardants et vaguement dégénérés, Enoch Wallace remplit sa mission avec le sérieux et la conviction d’un moine cistercien. Pendant que le temps égrène ses parcelles d’éternité, la mission de « chef de gare » galactique d’Enoch tisse un lien entre notre petite Terre et une immense civilisation galactique.
Sa tâche, invisible aux yeux du reste du monde, n’est que le premier pas vers une admission future de notre planète au sein du grand conseil.
Seul le facteur du coin, qui approvisionne Enoch en vivres et en lecture depuis des lustres, a tissé avec le reclus une étrange amitié.

Tout irait donc pour le mieux dans le plus inconnu des mondes, si la CIA et l’agent Claude Lewis ne finissaient par enquêter sur ce mystérieux et bien jeune vieillard. La découverte d’une sépulture extraterrestre dans le cimetière de la famille Wallace, le vol d’un artefact religieux vital à la stabilité galactique et la rencontre de Lucy, jeune adolescente sourde et muette présumée simple d’esprit, finiront par transformer la destinée d’Enoch et le sort de la Terre.

Quand tous les fils du roman seront enfin dénoués, Enoch n’aura cependant rien gagné. Il restera là, immuable et quasi éternel.
Homme granitique défiant la marée du temps et prêt à accomplir son devoir pour les siècles à venir. Seul. Immensément seul. Nécessairement seul.

Un grand roman mélancolique


Le vacarme avait maintenant pris fin, cette phrase qui ouvre « Au Carrefour des Étoiles » et un premier chapitre aux accents romantiques, n’est que le prélude d’un récit tout entier placé sous le sceau de la mort et de la mélancolie.
Clifford D. Simak, en utilisant des phrases très courtes, axées sur l’analyse des sentiments les plus personnels de son personnage principal, ponctue régulièrement son roman de flash-backs destinés à renforcer la structure historique et temporelle de ce conte moderne. Cette trame narrative, qui peut sembler de prime abord déstructurée, donne cependant naissance à une vision toute personnelle et logique. Le temps n’est pas subi, mais s’impose de lui-même par sa grandeur infinie et inexorable. Enoch Wallace devient ainsi l’archétype de l’homme qui choisit de sacrifier sa petite humanité à l’accomplissement d’une destinée vouée aux devoirs de sa charge.
Quoi qu’il arrive, il ne déviera pas de sa route et accomplira minutieusement tous les actes le détachant de son ancienne vie terrestre. Les dernières lignes du roman sur le destin d’Enoch sont de ce point de vue significatives : Il avait un travail à faire. Et, à présent, il était prêt à le faire. Enoch Wallace avait prononcé son dernier adieu.
Après avoir accepté sa destinée et s’être délesté de tout ce qui faisait de lui un terrien presque normal, Enoch peut enfin prétendre à la plénitude de son existence galactique.
Toute la beauté du crépuscule d’une vie qui n’annoncerait pas la nuit, mais une renaissance.

« Au Carrefour des Étoiles » obtint justement le Prix Hugo en 1964. Moins connu du lectorat que la suite de nouvelles qui composent « Demain les Chiens », il s’agit sans doute de son roman le plus accompli et le plus personnel. Tout entier tendu par une émotion à fleur de peau, le récit ne flirte jamais avec le sentimentalisme larmoyant, mais touche profondément l’âme.
Simak était un jeune homme d’une soixantaine d’années lorsqu’il publia ce roman crépusculaire et pourtant porteur d’espérance.

Œuvre majeure de la science fiction, « Au Carrefour des Étoiles » est disponible en poche chez J’ai Lu (superbe et mythique couverture de Philippe Caza) ainsi qu’avec d’autres classiques du même auteur dans un ouvrage plus conséquent de la collection Omnibus des Presses de la Cité (cf. fiches techniques).


Titre : Au Carrefour des Étoiles (Way Station, 1963)
Auteur : Clifford D. Simak
Traducteurs : Michel Deutsch
Couverture : Philippe Caza
Éditeur : J’ai Lu
Collection : S-F
Site Internet : fiche roman (site éditeur)
Pages : 223
Format (en cm) : 11 x 1,4 x 16,5 (poche)
Dépôt légal : janvier 1999
ISBN : ISBN-13 : 978-2-290008478
Prix : 4,80 €

Titre : Les Mines du Temps
Textes : « Demain les Chiens », « Dans le Torrent des Siècles », « Chaîne Autour du Soleil », « Le Pêcheur », « Ils Marchaient Comme des Hommes », « Au Carrefour des Étoiles »
Auteur : Clifford D. Simak
Préface : Jacques Goimard
Éditeur : Presses de la Cité
Collection : Omnibus
Pages : 1184
Format (en cm) : 13 x 3 x 20
Dépôt légal : 19 février 2004
ISBN : 2-258-06404-X / 316863
Prix : 24 €



Stéphane Pons
6 octobre 2009


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L’édition de poche J’ai Lu.



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Un volume Omnibus (Presses de la Cité) regroupant les grands classiques de Clifford D. Simak.



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