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Galaxy Quest
La quête galactique du capitaine Starshine
4 octobre 2000


En 1998, la firme Dreamworks achète les droits de « Capitaine Starshine », une comédie largement inspiré de « 1001 Pattes » (du concurrent Disney) avec Roth’h’ar Sarris dans le rôle de la vilaine sauterelle géante, les Thermians remplaçant le peuple des fourmis et l’équipage du Protector matérialisant le cirque des insectes. Séduit par l’histoire, Harold Ramis (« Un jour sans fin ») se lance dans le projet de son adaptation, mais ces choix artistiques se heurtent à ceux de la production, qui trouve le coût de ses ambitions beaucoup trop élevé. Il préfère jeter l’éponge pour se consacrer à l’écriture et à la réalisation de « Analize this » et « Bedazzled ».

Dreamworks propose alors à Dean Parisot de travailler avec le designer Linda DeScenna sur l’élaboration du projet. Les résultats qu’ils obtiennent, à des coûts tout à fait raisonnables, leur permettent d’obtenir l’aval du studio pour pousser plus en avant leurs investigations.

Parisot peut alors travailler sur un scénario plus élaboré (le script ayant évolué sous la plume de Robert Gordon) que celui de Ramis, dans lequel l’action l’emportait sur l’aventure et la comédie. De plus, sa collaboration avec DeScenna lui permet d’influencer les légères modifications nécessaires pour capitaliser leurs recherches visuelles. Là où Harold Ramis pensait utiliser des plateaux de tournages exiguës mais riches en détails visuellement discutables, le duo Parisot/DeScenna choisit l’option de décors spacieux et dépouillés, leur permettant d’inscrire le récit dans le graphisme plus kitch que rétro sur lequel ils ont travaillé et auquel un savant retraitement des couleurs apportera le look flashy satisfaisant : à l’exemple des Thermians dont le cadre est très sophistiqué mais auquel les déclinaisons de gris apportent un aspect désuet et intemporel, en plus des contrastes saisissants, ainsi que pour le vaisseau de Sarris qui, à la différence de la lueur rougeoyante des vaisseaux Klingons, baigne dans un climat de dégradés de verts.

Toujours est-il que ces dernières propositions finissent par emporter l’adhésion des producteurs et par convaincre les futures têtes d’affiches de participer à l’aventure.
Le capitaine Starshine entame sa Quête Galactique.

Finalement, Dreamworks décide de réinvestir les économies de budget réalisées par Parisot/DeScenna dans les effets spéciaux et les maquettes géantes nécessaires à la concrétisation du projet. Parisot fait appel à Bill George pour superviser les opérations. Il faut dire que ce pilier d’ILM a travaillé sur « Star Trek the motion picture », « Blade Runner », « Star Wars, Le retour du Jedi->995 » en tant que maquettiste, comme directeur artistique des effets visuels sur « Star Trek VI » et « Star Trek Generation » et participé plus récemment à « Star Trek, Premier contact », « Deep Impact » et « Star Wars, La menace fantôme ».

Pour renforcer l’impression de parodie des séries de SF des années 60-70, designer, réalisateur et responsable des effets spéciaux vont travailler de concert, apportant chacun sa pierre à l’édifice. Dean Parisot confie avoir tiré profit de ses souvenirs de spectateur (il suivait assidûment les productions du genre à la télévision) et de sa connaissance des productions télévisées pour employer les filtres appropriés, la bonne lumière, les objectifs et zooms adaptés ainsi que les mouvements de caméra, ou plus exactement l’absence de mouvement, caractéristiques de ce genre de programme. Et ajoute : « J’en arrivais à rechercher le plan le plus terne, le mouvement le plus inerte et les raccords les plus mauvais. C’était surréaliste ! ». Le design du vaisseau était également un élément primordial de leur réussite, explique Dean Parisot : « Si l’on veut parler d’homogénéité visuelle pour un film, le NSEA Protector était le nœud susceptible de lier ou désagréger notre travail. Il fallait préserver son aspect excentrique tout en y intégrant les modifications réalisées par les Thermians. Mon but était de faire du Protector une sorte de jouet ultime dans lequel tous les miracles peuvent s’accomplir en appuyant sur un bouton. » Pour donner à l’engin le look rétro d’un vaisseau spatial des années 60, les maquettistes s’inspirent des premières générations de Boeing 747 auxquelles ils ajoutent une petite touche Art Déco en incurvant les ailes.

Pour que le public puisse différencier, du premier coup d’œil, les passages extraits de la série (utilisé dans le film pour illustrer le Galaxy Quest télévisuel) à ceux se déroulant à bord de la réplique grandeur nature des Thermians, Bill George choisit d’utiliser deux maquettes de tailles différentes : « Nous avons construit deux modèles réduits pour le film. La petite réplique (80 cm) fut utilisée dans les scènes où évolue le vaisseau de la série télé. La différence de taille engendrant une modification de la réfraction lumineuse, ce modèle offre un aspect viellot et étriqué contraire à celui qu’affiche son étonnant grand frère (dont la maquette mesure 2m40). »

Finalement, hormis certains plans lors de l’utilisation du télétransporteur moléculaire et le monstre de pierre, les trucages numériques furent mis de côté au profit de moyens artisanaux évoquant les prestigieux ancêtres auxquels « Galaxy Quest » rend un hommage parodique.
Restait à rendre plausible qu’une race extraterrestre puisse croire aux exploits héroïques de vedettes du petit écran jusqu’à reconstituer leur vaisseau de carton pâte pour en faire un fabuleux croiseur intergalactique. Pour rendre crédible ce postulat, le réalisateur et son équipe vont se pencher sur la psychologie Thermiane, et conclurent que cette civilisation a évoluée à l’abri des notions de mensonge, fourberie et autres tricheries, laissant ainsi vierge de ces concepts son mode de pensée. « Ils ignorent le pêché originel. Ils sont totalement innocents, des enfants surdoués faisant l’apprentissage du monde concret. Nous avons exploité cette allégorie en essayant de préserver la magie qui transforme chaque gosse, chaque fan, en super-héros le temps d’un show » explique Dean Parisot.
Mais pour réussir la mayonnaise du difficile exercice parodique, sans sombrer dans le pastiche irrespectueux ou vulgaire, il fallait pouvoir donner un registre suffisant aux interprètes de « Galaxy Quest », pari dont Parisot se sort, mieux qu’avec les honneurs, avec une indéniable virtuosité.
C’est en fait trois personnalités différentes que les acteurs vont être amenés à incarner à l’écran : les comédiens « has-been » qu’ils sont devenus, après quasiment deux décennies sans engagement, les personnages, un rien ringards, de la série, jusqu’à endosser, peu à peu, la personnalité de héros qu’ils doivent devenir pour sauver leurs peaux et celles des malheureux et naïfs Thermians.

Tim Allen, qui à joué huit années dans une série télévisée, s’est facilement identifié au personnage de Jason Nesmith, et n’a pas hésité à reprendre les tics et gestes de William Shatner, pour camper un commandant Taggart dans la droite ligne d’un James T. Kirk, tout en évitant de tomber dans l’excès. Grand amateur de science-fiction, il explique qu’il ne pouvait pas refuser le rôle principal d’un film rendant un si bel hommage à l’une de ses passions. Alan Rickman (« Dogma », « Piège de cristal ») se glisse dans la peau d’un acteur Shakespearien qui a vu sa carrière s’engluer dans le maquillage de son personnage, un ersatz, un rien reptilien, de Mr Spock : « Galaxy Quest était une magnifique occasion de faire partager aux spectateurs certains aspects de notre profession. La déclaration d’amour finale aux fans m’a également beaucoup ému. C’est un lieu commun, mais, sans eux, nous ne serions rien. »
Quant à Sigourney Weaver, dont le personnage se limite à son image de Bimbo, et à répéter les indications de l’ordinateur, elle nous montre des talents, que soulignent ses décolletés plongeants, situés à 100 années lumières du style Helen Ripley : « C’est une idée géniale d’avoir imaginé que l’on puisse confier une mission de sauvetage spatial à des individus à peine capable de pousser un levier en plastique. C’est comme si la NASA me demandait de tuer une créature extraterrestre à cause de mes états de service dans Alien. Mais, au-delà de ça, le film parle des comédiens dont la carrière n’a jamais pris son essor, ou s’est effondrée. Cet aspect est très touchant, et souligne l’aspect aléatoire d’une destinée. La chance, les opportunités et le timing sont déterminant dans le métier de comédien. Quand on est la blonde à forte poitrine, on ne peut pas toujours s’extraire des stéréotypes que véhicule son image pour faire valoir ses talents. C’est cet aspect des choses qui m’a intéressé dans l’histoire de Tawny. »

Si l’ombre de Star Trek, du moins dans sa version classique, semble omniprésente dans le récit, Dean Parisot ne cache pas ses connexions avec la série. Ancien téléspectateur assidu du show (comme beaucoup d’américains), il confesse s’être replongé dans l’univers de la série (et en particulier la dernière saison) au cours de la phase d’élaboration du projet et que, lors de ses investigations, avec son équipe, dans les conventions de science-fiction, celle dédiée à Star Trek fut la plus instructive.

« Galaxy Quest est un film fait par des fans pour des fans, qui sont en fait les véritables héros du film. Les Thermians, eux-aussi, sont des spectateurs exaltés et aveuglés par la passion. En prenant les commandes du film, je ne voulais pas réaliser une œuvre purement parodique tournant en dérision des émissions qui, pendant mon enfance, m’ont fait rêver. Au contraire, je désirais les saluer chaleureusement. » souligne Dean Parisot.

Même si le réalisateur a du se résigner à expurger « Galaxy Quest » d’une vingtaine de minute, pour obtenir une certification PG-13, il n’en réussi pas moins son pari : nous offrir une superbe comédie de science-fiction tout public, au sens noble du terme, et réconcilier intelligemment le petit et le grand écran.

pour l’Interdimensionel N°8 le Fanzine de EFC : France
parue également dans ASFC 2000

INTERNET

La critique du film : Galaxy Quest


Bruno Paul
28 juin 2000



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