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Star Wars : Interview Jerome Blake
Mas Amedda, Rune Haako, Oppo Rancisis
1er octobre 1999


Entretien réalisé à la librairie Arkham dans le cadre du Sci-Fi, Horror and Pictures show

Avant toute chose, pourriez-vous vous présenter au public français ?

Oui, bien sûr ! Mon nom est Jérôme Blake, j’ai 43 ans et je suis anglais. J’interprète, au total, six rôles dans « La Menace Fantôme », le plus important étant celui de « Rune Haako » le Neimoidian, mais je suis également « Mas Ameda » dans la scène se déroulant au sénat et « Oppo Rancisis », l’un des membres du conseil Jedi. Je revêts aussi trois autres identités, des apparitions plus anecdotiques. Mais à chaque fois je suis méconnaissable sous les masques et maquillages.

J’ai ouï dire qu’un tournage dans le cadre de « La Guerre des Etoiles » est toujours entouré de beaucoup de secret, une sorte de conspiration du silence. Tout d’abord est-ce exact ? Et si oui, comment cela se gère t-il ?

En fait, nous avons dû signer des déclarations de respect de confidentialité. Nous n’avions pas le droit de parler de quoi que se soit concernant les personnages, leurs apparences, leurs rôles ; aucune possibilité de dire quoi que ce soit étant susceptible de dévoiler le contenu du film : en deux mots « Maximum Security ».

Cela ne donne- t-il pas un certain climat de paranoïa, comme avait pu en parler Dave « Darth Vader » Prowse concernant les épisodes V et surtout VI ? (1)

Non, ce n’est pas de la paranoïa ! Vous savez, un épisode de la saga « Star Wars », que l’on imagine à l’avance extrêmement populaire, déclenche, obligatoirement, un grand intérêt . Que ce soit le projet en lui même, les techniques utilisées pour sa réalisation ou encore plus simplement l’histoire. Tout cela excite la curiosité de beaucoup de personnes qui n’hésiteraient pas à voler des idées, s’ ils le pouvaient. C’est donc très important de les protéger aussi bien et aussi longtemps que possible.

Comment êtes vous arrivé dans le casting de cet épisode 1 ?

J’avais déjà travaillé avec Nick Dudman (2), en charge des créatures et des maquillages. Je l’ai rencontré lorsque j’ai travaillé sur « Le Cinquième élément » de Luc Besson.
[Tout en masquant ma surprise, je lève les yeux afin de dévisager mon gigantesque interlocuteur tout en re-visionnant mentalement le 5ème élément ...]
Mais ne cherchez pas à vous rappeler, j’étais, une fois de plus, complètement méconnaissable.
Rappelez-vous les « Mondoshawans », les gardiens des Pierres. Ces énormes créatures avec une carapace dorée. Et bien j’étais sous une de ces carapaces. Je suis celui qui est blessé dans le temple et qui passe la main dans la porte pour délivrer la clé, puis je pilote le vaisseau avant qu’il ne s’écrase.
Méconnaissable, complètement déguisé, vous disais-je !
Bon, toujours est-il que Nick Dudman m’a appelé, il y a deux ans et demi, pour me dire qu’il travaillait sur le prochain film de « La Guerre des Etoiles ». Il m’a demandé si je voulais être de la partie.
Et me voici ! J’ai dû changer complètement mon agenda à cause de lui (rires)

Pensez-vous que c’est votre taille impressionnante qui les a décidé à vous proposer ce(s) rôle(s) ?

C’est l’une des raisons, mais, en fait, je pense qu’il y a deux facteurs principaux dans ce choix. La taille, bien sûr, puisque les Neimoidians devaient être des personnages imposants par leur taille mais aussi par leur apparence très spéciale qui nécessite masques et maquillages. Si ce genre de conditions de travail posent souvent des problèmes aux acteurs, ce n’est pas un problème pour moi.
Mais avant tout, j’avais déjà travaillé avec Nick Dudman et, pour « le cinquième élément », c’était 18 kilos sur le dos, alors après un tel tournage, tout est plus facile (rires) ...

Etes- vous un amateur de Science-Fiction ?

Oui, mais pas uniquement de Science-Fiction, je m’intéresse aussi à la science et à l’exploration spatiale. Récemment, les membres du groupe BLUR m’ont expliqué qu’ils étaient impliqués dans un programme consistant à rechercher des traces de vie organique sur Mars, leur tâche étant de récupérer des fonds pour le financement du projet. J’ai, tout de suite, été intéressé et me suis joint à eux pour les aider.

Avez-vous participé à d’autres films de Science-Fiction ou Fantastique ?

Non, pas vraiment, à part le film de Besson et ce premier épisode de « Star Wars ». J’ai aussi tourné dans un court métrage, un projet avec le groupe QUEEN.Freddy Mercury avait laissé de l’argent pour aider quelques jeunes réalisateurs . Après sa mort, ils ont chacun choisi un morceau de l’album posthume pour servir de support à un court métrage. J’ai participé à celui réalisé par Jim Gillespie (« souviens-toi l’été dernier »), qui avait une idée de mise en scène SF et, une fois de plus, je me suis retrouvé couvert de plastique et maquillage dans la peau d’un Alien. Dans l’ensemble, je ne suis pas trop inquiet pour les temps à venir, je trouverai bien quelque chose à faire. (rires)

N’est-ce pas problématique pour vous de ne jamais vous montrer sous votre réelle apparence ?

Non. Enfin, évidemment j’aimerais bien me retrouver dans un rôle sans être recouvert de plastique, comme cela m’est déjà arrivé sur des scènes de théâtre. Mais vous savez, je suis tout nouveau dans le monde du cinéma. J’ai débuté il y a seulement quatre ans, donc tout est très nouveau, frais et excitant pour moi. Pour l’instant, je ne me pose pas de question. Je fais ce que l’on me propose. De toute façon, je travaille et c’est ce qui est le plus important.

Il semble que par le passé vous étiez plutôt connecté avec le monde musical pop rock, je me trompe ?

Vous dites cela à cause de mes contacts avec QUEEN ou BLUR .... En effet, avant de commencer à jouer la comédie, j’étais bassiste. Sans être vraiment ce que l’on peut appeler musicien, mais grâce à mes contacts dans l’industrie du disque, j’y ai un peu travaillé et rencontré du monde.

Avez-vous participé à des concerts ou à des enregistrements de disque ?

Oui, quelques- uns, mais j’étais plutôt ce que l’on appelle un troisième couteau. J’ai joué sur quelques morceaux lors d’enregistrements et participé à quelques tournées, mais jamais avec des groupes très connus.
Des groupes qui jouaient des vieux trucs, genre Traditionnel ou Rythm & Blues. Des morceaux de la fin des années 40 jusqu’au début des 60s, ce genre de chose.
J’ai également joué d’autres styles musicaux, bien sûr. Mais les trois albums auxquels j’ai participé étaient ceux de différentes formations qui jouaient du Traditionnel.

Au niveau du tournage de « La Menace Fantôme », quelques acteurs se sont retrouvés ennuyés, voir déstabilisés, de jouer face aux fameux « Blue Screen ». Liam Neeson s’est, d’ailleurs exprimé dans la presse à ce sujet. Qu’en est-il pour vous ?

Effectivement, j’ai entendu parler Liam de celà, mais pour moi ce n’est pas un problème. Parfois, il m’est arrivé de jouer la comédie sur scène, au théâtre. J’avais beau avoir un acteur, en chair et en os devant moi, il ne me donnait rien pour mon propre jeu. Quand cela arrive, il faut trouver en soi, créer pour soi-même, travailler un peu plus dur et composer avec le fait que vous n’avez rien en retour. Face à « l’écran bleu », c’est un peu la même chose. Sauf que là, il n’y a vraiment personne et on est donc obligé de les inventer et de jouer. Mais vous savez, la technique de donner les répliques sans partenaire n’est pas nouvelle. C’est Orson Welles qui préférait tourner des gros plans de ses acteurs l’un après l’autre, plutôt que de filmer les dialogues en contre champs.

Gardez- vous de bons souvenirs de votre collaboration avec Luc Besson sur « Le cinquième élément » ?

Oui, j’ai vraiment beaucoup aimé travailler avec lui. Il est totalement passionné et en plus il est drôle et très sympa. Il me rappelle d’ailleurs un ami à moi, un jeune metteur en scène dont je suis sûr que vous entendrez parler dans un avenir proche, Greg Michael. J’ai travaillé avec lui sur 3 ou 4 projets différents. Luc Besson me fait penser à lui, même si « Le Cinquième Elément » était un film à gros budget - 85 millions de dollars, ou quelque chose comme ça - car il était comme un jeune étudiant en réalisant ce film. Parfois tout était prêt sur le plateau, 3 caméras étaient déjà installées afin de commencer à tourner lorsque soudain on entendait : « Mais où est Luc ? » et on le voyait revenir avec une autre caméra sur l’épaule, car une nouvelle idée lui était passée par la tête et on le retrouvait étendu sur le sol pour filmer la scène sous un autre angle. Des trucs comme ça. Et ça, c’est vraiment merveilleux. Il travaille à l’inspiration, le cerveau en ébullition permanente.

Je suppose que ce genre de méthode de travail est très éloigné de celles utilisées sur une production comme « Star Wars » ?

Oui, c’est complètement différent. George, par contre, est très clair sur ce qu’il veut faire. Tout est déjà prévu à l’avance et il n’y pas de place pour ce genre de chose. Avant de commencer à tourner, il sait et a préparé exactement ce qu’il veut. Comme il s’appuie sur le savoir- faire d’une fabuleuse équipe de techniciens , il n’y a pas de place pour l’improvisation. Le directeur de la photo, David Tatersall est un As, de toute façon tous les membres de l’équipe sont d’un excellent niveau. Dans ce cadre, les prises de vue sont mises en boite très rapidement et on dépasse rarement les 4 ou 5 prises pour un plan.
Avec Luc Besson, tout se construit au fur et à mesure. Sur les scènes de gros-plan - pas avec moi puisque personnellement j’était totalement recouvert par ma carapace - avec Ian Holm, qui interprète le prêtre, il pratiquait ce que l’on appelle des « rolling takes » : Les caméras de plateau tournent et, de son côté, Luc filme lui même de très près le plan, demandant à son interprète de répéter son texte, sur différents rythmes et intonations jusqu’au moment où finalement il obtient ce qu’il désire.
[ Imaginez-moi deux secondes, du haut de mon mètre 72, voir ce géant se pencher, du haut de son double mètre et pas mal de centimètres, vers moi pour mimer Luc Besson effectuant un gros plan à 20 centimètres de mon visage !! impressionnant] Il demande de recommencer de nombreuses fois, avec toujours une nouvelle indication jusqu’au moment où il annonce « Ok, on coupe ! ».
Effectivement, c’est complètement différent.

Bien que cela ne soit pas le moment, ni l’endroit de vous poser cette question, quelle expérience, méthode préférez-vous ? Le côté très structuré de Star Wars ou celui plus improvisé de Besson ?

Et bien en fait, je suis très content de ces deux expériences totalement différentes. Comme je vous l’ai dit précédemment, tout ça est nouveau pour moi et donc cela reste très excitant. Je suis confronté, à chaque fois, à de nouvelles méthodes, des choses nouvelles et c’est surtout cela qui me plait.

Bien que cette question ne s’adresse pas vraiment à vous, avez-vous une idée pour expliquer la sortie si tardive de « La Menace Fantôme » en France.

Je n’en ai absolument aucune idée. J’étais en Italie, il y deux semaines pour la première du film, ce qui est un peu le même cas qu’en France. Mais sur ce sujet, Steve Sansweet - dit-il me pointant du nez Steve actuellement en pleine interview - qui pourrait éventuellement mieux vous renseigner. De mon côté, je pense que cela est éventuellement dû au fait que dans des pays comme la France ou l’Italie, les activités sont extrêmement réduites pendant la période estivale, car la plupart des gens partent en vacances durant cette période. C’est certainement l’une des raisons qui a poussé la Production à attendre la rentrée. Mais bon, je n’en sais rien. Ce ne sont juste que des spéculations.

Restez-vous en France jusqu’à la sortie en salle, le 13 octobre ?

Non, mais normalement je dois revenir. Tout d’abord, je dois retourner à Londres pour rencontrer les gens de la FOX demain. Je prend l’avion demain soir, nous avons une réunion pour organiser une présentation du Film.

Avez-vous beaucoup de boulot et d’engagements relatifs au film ?

Et bien en fait, je m’attends à être impliqué dans la promotion du film, à apparaître en public dans des conventions, jusqu’à la fin de l’année. Et peut-être plus longtemps d’ailleurs. En Janvier, par exemple, je serai à Miami pour une grosse convention. Il y a aussi un grand magasin Japonais qui désire réunir tous les vilains de l’épisode 1 - Ray « Darth Maul » Park, Silas « Nute Gunray » Carson, moi-même et un autre personnage, mais j’avoue avoir un trou - pour organiser une tournée dans 5 grandes villes japonaises. Comme ce programme semble vraiment sympathique, je me suis dit que je devais y participer, même si c’est la seule chose que je fais au long de l’année. Après l’Italie et la France, les deux derniers pays restants sont la Grèce et l’Inde à la fin du mois. Mais malheureusement je ne pourrai être de la partie, car à cette époque je serais à Dallas, Texas, pour une convention très importante. C’est bien dommage car j’avoue que le voyage en Inde m’aurais bien tenté. L’Inde, cela doit être quelque chose de très particulier, de fascinant.

Une petite parenthèse, à propos de Ray Park qui interprète Darth Maul, qui n’est pas ici, et comme je n’ai pas encore vu le film : Est-il aussi grand que vous ?

Non, il est beaucoup plus petit. Mais ce que j’ai de plus en taille, il le possède, lui, en largeur. C’est un athlète impressionnant.

Le système de convention et promotion pratiqué avec Star Wars semble assez unique dans le monde cinématographique ....

Oui, même si le « Cinquième élément » était un très bon film qui a eu beaucoup de succès, on ne peut rien comparer au phénomène « Star Wars ». La longévité de cette saga est complètement incroyable. D’ailleurs, des acteurs du premier film « Un nouvel espoir » continuent de participer à ces réunions, comme Richard « Amiral Motti » LeParmentier par exemple. En ce qui concerne Dave Prowse, c’est particulier dans le sens où il apparaît dans les épisodes 4, 5 et 6.Nous avons une expression en Anglais pour cela, « Job for life » (un travail pour la vie). En ce qui me concerne, je continue jusqu’à la fin de l’année et j’ai ensuite 2 ou 3 petites choses en Janvier. Après cela, je devrais normalement travailler sur des téléfilms, l’ un devrait se tourner à Londres et l’autre en Grèce. Ensuite, il me faudra trouver de nouveaux projets, voir une autre grande chance (sourires)

Pensez-vous être re-contacté pour les épisodes 2 et 3 ?

Je ne préfère pas répondre à cette question, je ne voudrais pas tenter le sort mais, quand j’ai été engagé pour celui- là, il m’a été demandé si j’étais intéressé pour jouer dans les épisodes suivants. J’ai bien entendu répondu positivement mais pour rester réaliste, on n’est jamais sûr de rien dans le monde du cinéma. Je l’espère, bien entendu, mais je préfère attendre sans m’exciter à l’avance.

Il semble qu’il y ait beaucoup d’Anglais dans le Casting de « Star Wars ». Est-ce la cause, à votre avis, des lieux de tournages ?

Certainement, car la plupart du tournage s’est déroulé dans des studios Anglais.
Le seul déplacement que j’ai fais était en Italie durant une semaine. Mon personnage n’apparaÎt pas dans les scènes tournées dans le désert. Les prises de vue n’ont duré que 3 mois et demi. Deux semaines dans le désert Tunisien, une en Italie et le reste en studio, dans la périphérie de Londres.

Ne craignez-vous pas de vous retrouver coincé dans ce que vous appelez un « Job for life » ?.

Non. Vous savez, ma participation n’est pas une obligation contractuelle mais le résultat d’un choix personnel.

Pour conclure, avez-vous quelque chose à ajouter pour le public français avant qu’il ne découvre le film ?

Oui, en effet j’ai un petit message : J’espère que vous prendrez autant de plaisir à voir le film que moi à le faire. Heu..non ...plus exactement, j’espère que vous prendrez encore plus de plaisir à voir le film que j’en ai pris à le faire.

Merci Jérôme

(1) - Dans les trois premiers films de « La guerre des étoiles » ce n’est pas la voix de Dave Prowse qui sert le personnage de Darth Vader, ou Dark Vador en français ; la production, ayant pris conscience de l’absence d’artiste de couleurs au générique, préféra la remplacer par celle de James Earl Jones. Il fût également très surpris d’apprendre, de la bouche d’un journaliste, sa mort dans le 6ème épisode et que ce ne serait pas son visage qui apparaîtrait.
(2) - Nick Dudman avait déjà travaillé au département des maquillages sur les épisodes 5 et 6 de Star Wars.
On le retrouve également à la conception des créatures et prothèses sur « Judge Dredd », « Le 5èmeElément » et« La Menace Fantôme ».


Bruno Paul
27 octobre 1999



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