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YOZONE
Le cyberespace de l'imaginaire




Arthur Ténor, auteur de « L’Elfe au Dragon »
Interview Yozone
septembre 2009

Arthur Ténor est une machine de guerre de la littérature jeunesse. Très éclectique dans les sujets qu’il aborde, il se tourne plus particulièrement ces derniers temps vers la Fantasy avec deux séries. C’est à l’occasion de la sortie chez Le Seuil Jeunesse du tome 2, « Le jugement des Dragons » ainsi que du tome 3 « Sorciers des mondes glauques » de « L’elfe au dragon » que nous avons interrogé le créateur de Khendil, l’elfon aux mystérieuses origines...




Les livres d’Arthur Ténor sur la Yozone :
L’elfe au Dragon - Tome 2 : Le jugement des dragons
L’elfe au Dragon - Tome 1 : Les Mauraudeurs d’Isuldain
Le secret du génie humain
Si vous tenez à le savoir.com
Les messagères des Abysses


Pourriez-vous en quelques mots vous présenter ?

A l’origine, Arthur Ténor était un personnage de fiction, un explorateur de l’Imaginaire, passionné par les épopées fantastiques. J’en ai fait un personnage réel, toujours passionné d’Imaginaire, mais qui raconte « pour de vrai » ses aventures vécues dans ses espaces intérieurs. Lorsque je me présente, je dis bien sûr que je suis écrivain, mais mon vrai métier est celui d’Arthur Ténor, l’explorateur.

Pourquoi vous être lancé dans une trilogie de fantasy ? La passion ou la mode ?

« L’Elfe au dragon » n’est pas une trilogie. J’évite aussi de parler de saga, car cela signifie pour le lecteur qu’il ne faut pas avoir raté un épisode pour comprendre l’ensemble. Or ce n’est pas du tout le cas. Certes, la quête du héros avance d’aventure en aventure, mais il ne trouve à chaque fois qu’une pièce d’un puzzle qui montrera son vrai visage à la fin du sixième tome de la série. Pourquoi donc la fantasy ? Tout simplement, je reviens à ma première passion. Souvent, j’explique que j’ai été élevé au biberon « Seigneur des anneaux ». Mon tout premier livre (écrit à 18 ans) était une épopée d’héroic fantasy. J’ai longtemps attendu avant de me lancer dans de telles aventures (2006 avec le premier « Voyage extraordinaire » chez Plon Jeunesse), car je ne voulais pas rater mon entrée en fantasy. Aujourd’hui, je suis comme un poisson dans l’eau, ou plutôt un dragon dans le feu…

Pourquoi avoir choisi un elfe (demi-elfe), un personnage assez classique de la mythologie de la fantasy, comme héros ?

Demi-elfe ? Hum… est-ce vraiment cela ? Kendhil a certes des tendances « humaines », mais la réalité est peut-être plus complexe. Le choix de l’elfe s’explique ainsi : j’ai écrit quelque part que l’elfe représente pour moi une bonne vision de ce que pourrait devenir l’être humain dans… trois mille ans, quand la sagesse l’aura enfin touché, qu’il aura appris à dominer ses pulsions prédatrices, à vivre en harmonie avec son environnement, à se respecter lui-même... On retrouvera de temps en temps dans la série quelques-unes de mes idées sur l’humanité, capable du meilleur comme du pire, déroutante à bien des égards pour cette sorte d’extraterrestre qu’est un elfe. Mettre en scène un héros elfique, voir le monde des hommes à travers son ingénuité m’a paru plus riche et instructif que le modèle du héros garçon qui se lie à un dragon.

Quelle différence entre écrire cette fantasy et celle des « Voyages extraordinaires » ?

Du point de vue de l’écriture, je ne fais guère de différence. C’est sur le fond que tout change. Thédric est une créature du réel, Kendhil est un pur personnage de fiction. Le premier pourrait me ressembler, le second… j’aimerais bien. L’esprit est différent, le ton, le traitement… mais pas tellement le décor. L’elfe au dragon est de la fantasy pure, tandis que les Voyages sont un mélange de SF, de fantasy, de fantastique… Lorsqu’on plonge dans l’Empire des Mondes, il n’y a pas d’elfes, d’orques, de magiciens. Et pourtant, cela ressemble à une épopée d’héroic fantasy. C’est surtout le décor qui change, l’esthétique, un peu la technologie...

Même si l’elfon cherche le secret de ses origines (fil rouge de la série), chaque roman a sa propre histoire qui aurait pu être un One-Shot. Vous n’avez pas peur que cela nuise à l’ensemble ?
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Je ne sais pas. J’espère que non. Nous ferons le bilan après la sortie du sixième épisode. La difficulté était que l’on puisse suivre du T1 au T6 l’aventure comme une saga, et qu’il soit tout aussi aisé de prendre les titres dans n’importe quel ordre. Personnellement, j’ai un peu de mal avec ces œuvres où, si l’on n’a pas pris le fil par le début, on n’y comprend rien.

Le parallèle avec les gladiateurs romains est évident : fascination ou répulsion ?

Il est vrai que dans « le Jugement des dragons », le lecteur assistera à des jeux du cirque « à la romaine ». Fascination ? Certainement pas. Je n’ai jamais été fasciné par la violence. Les corridas me révulsent. Je n’y vois qu’un jeu cruel, sous couvert de tradition, où effectivement le public bascule entre fascination (le sang qui coule, la mort qu’on défie et puis… s’il pouvait il y avoir un petit accident, ce serait encore plus spectaculaire.) et répulsion (cette souffrance inutile, ce sang écoeurant, ce pauvre matador qui s’est fait encorner…) Mais soyons honnête, les jeux du cirque que j’ai imaginés, avec des dragons d’Hélion de plusieurs dizaines de tonnes et des crocs gros comme mes mains, ça m’a beaucoup fasciné et pas du tout révulsé.

L’amour a du mal à trouver son chemin dans les têtes et les cœurs des protagonistes masculins. Est-ce dû à l’estampille jeunesse ?

Pas du tout. L’amour n’est pas « censuré » en jeunesse, seules les scènes d’amour le sont. Oh certes, il arrive qu’un éditeur vous dise que les héros s’embrassent un peu trop, mais sur ce sujet, nous avons carte blanche, dès lors que les héros ne se touchent pas.
Dans la série, l’elfe Kendhil vient tout juste d’accéder à la maturité elfique (le sixième âge), celle où les elfons commencent à regarder leurs congénères elfides d’un œil différent, à éprouver des émotions inconnues, des besoins nouveaux… Qu’on se rassure, Kendhil et Errindha (l’héroïne féminine) finiront bien par nous donner une petite idée des pratiques amoureuses elfiques. Cela dit, déjà, ils échangent fréquemment des marques d’affection, « en toute innocence ».

Les 3 tomes s’enchaînent assez vite (le troisième sort en septembre). Est-ce l’envie ou la peur de ne pas perdre le lectorat en route ?

Rappelons que nous sommes dans le principe d’une série. De plus, les romans comptent à peine plus de 200 pages. Trois par an nous semblaient un bon rythme avec l’éditeur. Pour ma série du « Félin », chez J’ai Lu Jeunesse, j’écrivais six titres par an.

Quelles sont vos influences en fantasy ?
Je ne suis pas un grand spécialiste. Ma référence est on ne peut plus classique : Tolkien. Ensuite, c’est hors littérature que je trouve mes sources d’inspiration. Par exemple, j’ai éprouvé un choc formidable à la sortie en salles de « Conan le barbare ».

Où aimez-vous travailler ?

S’il ne s’agit que de travailler du chapeau : partout ! Sinon, très banalement, dans mon bureau, sur mon ordinateur.

Avez-vous une méthode de travail particulière ?

Peut-être. Je n’y ai jamais vraiment réfléchi. Je conçois, j’écris un synopsis, puis je me jette dans l’écriture, très vite ! Le premier jet est rapidement « expédié », si je puis dire, car j’ai besoin de sentir d’abord la globalité de l’histoire. Ensuite, je me transforme en moine enlumineur de l’écriture. Disons que je fais de mon mieux pour produire un texte simple, clair, agréable et publiable, c’est-à-dire professionnel.

Avez-vous un objet fétiche (stylo, ordinateur...) ?

Je ne suis pas fétichiste, mais je caresse beaucoup ma souris tout en réfléchissant.

Avez-vous un rituel avant de commencer un livre ? Pendant l’écriture ? Après l’avoir terminé ?

Un rituel ? Hum… Je fais craquer mes doigts, je respire un bon coup… et j’attaque, frénétiquement. Sinon, tout au long de la phase écriture, j’aime émailler mon travail de beaucoup de pauses (café, bricolage, lecture, télé… ) Et ensuite, quand le mot Fin est enfin tapé ? Je fais craquer mes doigts, je respire un bon coup… et je m’en vais. Mais pour revenir bien vite. L’amour de l’écriture ne vous lâche pas si facilement…

Auriez-vous quelques conseils à donner à un aspirant-écrivain ?

Beaucoup en vérité. Restons sur l’essentiel. Si l’on a l’ambition d’être publié un jour, il faudra ce jour-là être quasiment professionnel : pas de fautes d’orthographe, un style qui ne soit pas scolaire, une maîtrise minimum des règles de construction… Que sais-je ? Prenez un livre publié et essayez de le corriger. Vous verrez qu’en termes de forme, il n’y a pas trop à revoir (sauf si le travail éditorial a été négligé, mais c’est plutôt rare). Quant au fond, c’est plus délicat. Qu’est-ce qu’une idée originale ? Géniale ? Irrésistible ?
En somme, il faut être très exigeant, plus que cela même, intraitable, sur la qualité de l’écriture, travailler beaucoup, ENORMEMENT en vérité, et puis se faire un minimum confiance. Si on a du talent, ça finira par se voir.

Et votre futur éditorial ?

Les nouvelles aventures de « L’elfe au dragon » (tome 4) sont dans les tuyaux (sortie prévue en février). Et j’attends un événement d’importance avec le quatrième Voyage extraordinaire, chez Plon Jeunesse. C’est un roman dans lequel je crois beaucoup, je vous en parlerai le moment venu. La date de parution n’est pas fixée (dans les six prochains mois de toute façon). Et puis, il faut que je m’atèle au tome 5 de ma série chez Nathan, « l’Apprentie alchimiste ». Et puis, j’espère obtenir un accord pour un recueil d’histoires de guerre auquel je tiens particulièrement.
Un programme bien chargé, donc, pour mon plus grand bonheur.

Merci beaucoup Arthur.



Michael Espinosa
7 septembre 2009


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