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Le cyberespace de l'imaginaire




Laïka
Nick Abadzis
Dargaud

C’était le 3 novembre 1957 et l’URSS, pour fêter dignement les 40 ans de la révolution bolchevique, mettait l’engin spatial Spoutnik 2 en orbite autour de la Terre. A son bord, le premier être vivant à être lancé dans l’espace : en l’occurrence la chienne Laïka, dont on sait qu’elle ne survivra que sept heures environ aux pénibles conditions de vol.



Une première ? Certainement, et d’autant plus surprenante qu’elle a été improvisée. C’est que, dans la foulée du succès du premier satellite artificiel Spoutnik 1, lancé un mois plus tôt, il s’agissait de satisfaire les désirs de Krouchtchev qui étaient autant d’ordres. Dont celui d’innover, de faire plus fort encore et de surprendre le monde tout en damant le pion aux rivaux américains.

C’est dans cette atmosphère triomphaliste, sur fond de guerre froide et de raison d’État, que l’ingénieur en chef Korolev va se résoudre à sacrifier une chienne pour la gloriole de la Patrie. Un sacrifice d’autant plus absurde que l’expérience fut pauvre en enseignements scientifiques. Mais une mort de fort peu de poids pour qui, comme Korolev, ayant fait l’expérience du goulag avant d’accéder à ses très hautes fonctions de chef du programme spatial soviétique, savait l’importance relative qu’on peut accorder à la vie.

En définitive, seule la technicienne de laboratoire Yelena manifeste quelque compassion pour le sort de l’animal promu bien malgré lui héros de l’État soviétique. Si du moins il est héroïque de mourir des suites conjuguées d’un stress extrême, d’un manque d’oxygène et de la surchauffe de l’habitacle d’un cercueil volant...

Cependant, au-delà de la triste histoire de Laïka, contée par le menu mais sans sensiblerie facile, l’ambition de ce roman graphique est plus vaste encore. C’est en fait l’histoire de toute une époque que retrace Nick Abadzis dont on salue le travail de recherche documentaire. Il nous livre ainsi une façon de périple anthropologique dans les méandres de la société cloisonnée à outrance que fut la Russie soviétique, et dont les petites cases narratives qui composent l’essentiel de l’album semblent fournir un reflet approprié.

Bref, nous tenons avec “Laïka” une reconstitution historique d’autant plus convaincante que le dessin d’Abadzis, volontairement simplifié pour mieux aller à l’essentiel - sorte de mixe entre un Emile Bravo qui se lâcherait et un Jijé débutant, parsemé ça et là de simulacres de linogravure -, confère à l’ensemble un charme tout à la fois nostalgique et vériste.


Laïka
- Scénario et dessin : Nick Abadzis
- Couleurs : Hilary Sycamore
- Éditeur : Dargaud
- Dépôt légal : mai 2009
- Pagination : 208 pages couleurs
- Format : 16 x 21 cm
- ISBN : 978-2205-06191-8
- Prix public : 18 €


Illustrations : © Dargaud et l’auteur



Alain Dartevelle
16 septembre 2009




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