Genre : SF
Durée : 1h51
Avec Thomas Jane (Major Mitch Hunte), John Malkovich (Constantine), Ron Perlman (Frère Samuel), Devon Aoki (Valerie Duval), Anna Walton (Severian), Benno Fürmann (Steiner), Sean Pertwee (Nathan), Justin Rodgers Hall (un NecroMutant), Shauna Macdonald (Adelaide), etc.
Dans un lointain futur (28e siècle), la Terre est contrôlée par quatre multinationales de tailles continentales (Mishima, Bauhaus, Capitol et Imperial) qui se livrent une guerre permanente afin de s’accaparer les dernières ressources de la planète. Durant une bataille, d’anciennes et obscures forces sont libérées des entrailles de la planète où elles devaient rester emprisonnées à jamais : les Nécromutants sont de retours !
Des guerriers quasi invincibles, sans aucune pitié, surgissent donc des abîmes de la Terre et gros problème, les humains tués sont aussitôt assimilés et transformés en combattants adverses…
Dernier espoir de la civilisation, un commando de Marines est formé autour du Major Mitch Hunte (Thomas Jane) avec pour mission de s’attaquer à la source du mal. Pour cela, le frère Samuel (Ron Perlman), un religieux d’un ordre mystérieux et dépositaire d’un très ancien secret doit les accompagner au cœur du territoire ennemi…
Adaptation sur grand écran de l’univers du jeu de rôle éponyme décliné depuis sa création sous de multiples formes (figurines, cartes à collectionner, etc) et noms (Warzone, Doomtrooper), « The Mutant Chronicles » se classe d’emblée dans les tentatives de films à moyens budgets où les effets 3D et écrans verts sont censés pallier à tous les problèmes -en plus de pourvoir au surplus d’imaginaire nécessaire à la réussite de l’entreprise.
S’il se dit que le projet fût refusé par John Carpenter, Stephen Norrington et Roger Christian (« Terre, Champ de Bataille »), c’est finalement Simon Hunter (« Le Phare de l’Angoisse ») qui a accepté de s’y coller.
Le résultat est mi-figue mi-raisin, oscillant entre quelques belles trouvailles visuelles (effets spéciaux, cadrages, montage) et une histoire convenue, sans grand intérêt qui s’avère touffue d’un bout à l’autre de sa narration.
Pas que le sujet soit compliqué ou original, car comme très souvent, les adaptations de jeux se construisent et s’inspirent d’univers romanesques beaucoup plus structurés et d’une grande richesse. Au final et sur grand écran, le résultat fait ressortir le manque de créativité relative qui a présidé à l’ensemble. Le scénario de Philip Eisner (« Event Horizon » quand même !) ne raconte rien d’étonnant, mais est-ce une surprise de la part de ce scénariste et la réalisation de Simon Hunter fait ce qu’elle peut avec les moyens (très moyens !) dont elle disposait…
Résultat en forme d’échec , l’univers du jeu de rôle offre d’autres attraits (montée d’adrénaline et implication du spectateur qui devient un acteur de l’aventure) qu’une simple transposition filmée ne peut proposer sans l’apport d’un supplément d’âme.
Certes tout n’est pas à jeter dans ce « The Mutant Chronicles ». Ron Perlman est un prêtre guerrier plutôt convaincant avec la trogne qu’il faut, John Malkovich (Constantine) cachetonne mais assure son rôle sans honte (en grand professionnel) et l’ensemble de la distribution semble s’être prise au jeu.
Il y aussi de nombreux aspects graphiques intéressants qui ne sont pas sans rappeler l’étonnant (et dix mille fois plus talentueux, avouons-le) « Casshern ». On retiendra tout particulièrement une emphase bienvenue dans certains plans 3D tirant vers une forme de revisitation artisitique du réalisme socialiste soviétique. Il y a clairement une volonté de création d’un univers visuel sinon original du moins « travaillé ». Alors oui, les prouesses de l’imagerie numérique compensent l’absence de décors solides.
Les acteurs s’y retrouvant (ou pas), tels des danseurs dont la chorégraphie supposerait l’évitement d’obstacles absents, mais qu’ils sont obligés d’imaginer présents.
Par contre, malgré les similitudes techniques, rien à voir avec « Le Capitaine Sky et le Monde de Demain » tout entier construit sur une reinterprétation cinéphilique amoureuse du passé de l’imaginaire SF-Comics et de son Âge d’Or.
On sent bien que dans ces Chroniques le propos était radicalement différent et entraîne souvent un grand recyclage d’idées et de plans piqués ici ou là (tout particulièrement aux « Chroniques de Riddick », à l’univers « Star Trek » et à ces Borgs pour le principe d’assimilation implacable réalisé par les forces du mal, etc). Par conséquent, les tares énoncées précédemment accouchent le plus souvent des rejetons malfaisants que l’on craignait bien voir naître.
Conclusion, entre deux plans ou scènes intéressantes, il y a toujours -et forcément- le détail qui tue et ruine quand même la globalité du projet.
Simon Hunter n’est clairement pas (ou pas encore) un petit génie capable de transmuter cette histoire basique, sous influences multiples, en autre chose qu’un film qui ne mérite pas plus qu’une sortie en direct to vidéo.
Pas inintéressant, mais pas convaincant non plus.
Stéphane Pons
Beaucoup moins tendre que Stéphane, je dirais personnellement que ce « Mutant Chronicles » est un film complètement raté. Raté et indigeste.
L’idée était pourtant intrigante et le casting séduisant. Mais passé notre sympathie naturelle pour des acteurs comme Ron « Hellboy » Perlman ou John Malkovich, il faut se dévoiler la face.
« The Mutant Chronicles » ce sont deux longues heures d’une intrigue touffue et décousue, sans réel intérêt dramatique, social, politique, humain ou prospectif, une mise en scène bâclée, une direction d’acteur inexistante, et des effets spéciaux fabricolés à la va-que-je-te-pousse, ce qui est totalement rébarbatif quand il s’agit d’un film tourné comme « Le Capitaine Sky et le Monde de Demain » sur écrans verts.
Bruno Paul
FICHE TECHNIQUE
Titre original : The Mutant Chronicles
Inspiré par les jeux : Mutant Chronicles, Warzone et Doomtrooper
Réalisation : Simon Hunter
Scénario : Philip Eisner
Producteurs : Stephen Belafonte, Tim Dennison, Peter La Terriere, Pras, Edward R. Pressman
Coproducteurs : Suraj Gohill
Producteurs exécutifs : Stephane Bibeau, Alessandro Camon, Steve Christian, Charles Finch, Jon Katz, Fredrik Malmberg
Photographie : Geoff Boyle
Musique originale : Richard Wells
Directeur artistique : Jamie Campbell
Décors : Caroline Greville-Morris
Costumes : Yves Barre
Maquillages : Lauren Dunn, Annette Field, Jennifer Harty, Charlie Hounslow
Cascades : Rod Woodruff
1er assistant réalisateur : Max Keene
2e assistant réalisateur : Matthew Baker
Casting : Andrea Clarke, Jeremy Zimmerman
Montage : Sean Barton, Alison Lewis
Effets spéciaux (sociétés) : Baseblack, Dinamo Productions, Lip Sync Post, Men From Mars
Production : Edward R. Pressman Film Corporation (USA), First Foot Films (G-B), Grosvenor Park Productions (G-B), Paradox Entertainment (USA)
Distribution : Magnet Releasing (USA, 2009), Entertainment Films Distributors (G-B, 2008).
SITE INTERNET
Le site officiel : http://mutantchroniclesthemovie.com
(en anglais)