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Kaëna : la prophétie
Film français de Chris Delaporte et Pascal Pinon (2003)
Sortie nationale le 4 juin 2003


Genre : fantasy animée 3D
Durée : 1h40

Sur Axis, arbre géant qui s’élève au milieu des nuages, vit ou plutôt survit une tribu d’humains. Dans ce monde hostile, les ressources s’appauvrissent, mettant leur vie en péril. Un prêtre fanatique les exhorte à toujours plus de foi, plus d’efforts dans leurs récoltes de la sève offerte en offrande aux dieux.
Kaëna, une jeune fille effrontée, curieuse et se moquant des tabous, va bientôt s’opposer au prêtre et aux “Dieux” qui manipulent les siens. Dans ses rêves, elle voit un monde meilleur. Tout se précipite lorsqu’elle découvre une lame en acier, matière inconnue de son peuple.
Sa quête la conduira à la rencontre de deux races non humaines, à la découverte des origines de son peuple, et à l’accomplissement de sa destinée.

Techniquement, Kaëna - la prophétie, premier long métrage francophone en 3D, s’en tire plus qu’honorablement et soutient la comparaison face à son modèle japonais, Final fantasy . Le décor frappe l’imagination et les pupilles dès les premières scènes, les premières images. Le monde d’Axis est grandiose, vertigineux, et l’on croit rapidement à cet improbable monde-arbre géant, et au mode de vie des humains dont le village est niché dans les immenses branches d’Axis. Les couleurs, superbes, les lumières, éclatantes, font de ce film un magnifique tableau animé où l’exotisme est au rendez-vous. Exotisme renforcé par la création d’une faune imaginaire et de deux races non humaines (avec pour l’une d’elle un hommage au Giger d’Alien). Et si l’on n’attaque pas trop d’importance au réalisme scientifique, on trouvera quelques jolies idées science-fictives, telle l’inversion de la gravité au centre d’Axis, qui donnent à cet univers un petit côté onirique. Nous avons souvent déploré dans nos pages la quasi absence de la SF dans le cinéma français, plus porté vers le fantastique : Kaëna vient en partie combler ce vide.

Côté personnages humains, le bilan est plus mitigé : si l’animation est à la hauteur, elle échoue en revanche à donner de véritables expressions aux visages, et l’on peine à se prendre d’affection pour les principaux protagonistes. Il faut dire que, pour ces derniers, les scénaristes n’ont pas lésiné sur les couches de clichés : l’orpheline effrontée, le gamin plein d’admiration pour la jeune adulte, son ami d’enfance devenu son amoureux, le prêtre fanatique... Jusqu’aux deux vers intelligents qui vont accompagner Kaëna dans ses aventures, et rappellent furieusement les deux robots d’une célèbre saga spatiale.

Dès lors, on pouvait craindre l’écueil qui va souvent avec ce type de personnages : le manichéisme. Heureuse surprise, l’histoire s’en tire plutôt bien, en mettant en scène trois factions où l’on trouvera moins de véritables “méchants” que des espèces en plein désarroi qui luttent pour leur survie. Kaëna se distingue en cela de ses modèles hollywoodiens, pour ne pas dire disneyens, non seulement par ce refus du manichéisme, mais également par une rationalisation du mysticisme : les rêves de Kaëna trouveront leur explication, et si les miracles finaux sont dignes des exploits de Moïse devant la Mer Rouge, ils relèvent en fait d’un athéisme assumé.

Alors certes, le scénario n’échappe pas aux clichés, s’avère un poil trop lent, voire confus, et nous délivre un message final très convenu. Mais on acceptera volontiers de fermer les yeux sur ces défauts pour se laisser porter par une histoire sympathique, se déroulant dans un monde fascinant à l’indéniable virtuosité visuelle.


FICHE TECHNIQUE

Réalisation : Chris Delaporte et Pascal Pinon
Scénario : Chris Delaporte et Tarik Hamdine

Producteur exécutif  : Aziza Ghalila, Dominique Mendel

Musique originale  : Farid Russlan
Montage : Bénédicte Brunet
Son : Jake Eberle
Effets visuels  : Yannick Leblanc, Thomas Marqué

Production : Chaman Productions, Studio Canal, TVA International
Distribution : Bac Films


Philippe Heurtel
4 juin 2003



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