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Chronique du Tueur de Roi – Première Journée : Le Nom du Vent
Patrick Rothfuss
Bragelonne, roman, traduit de l’anglais (États-Unis), fantasy, 648 pages, avril 2009, 30€

En présence de Chroniqueur, un scribe, et de Bast, son apprenti, l’aubergiste Kote se souvient du temps où il s’appelait Kvothe. Devenu un mythe depuis, personne ne sait plus démêler le vrai du faux à son sujet et, se sentant proche de la mort, il se livre à Chroniqueur pour témoigner de son passé glorieux.
Pour ce faire, Kvothe estime trois jours nécessaires.



« Le Nom du Vent », début de la trilogie Chronique du Tueur de Roi, est le premier roman de Patrick Rothfuss. Pour un coup d’essai, l’auteur fait très fort et cette sortie a été très remarquée, c’est le cas de le dire !

« Le Nom du Vent » expose la première journée du récit, où Kvothe revient sur les fondations de sa légende. Trois parties s’y distinguent : son enfance aux côtés de ses parents dans une troupe de comédiens ambulants, suivie de trois années d’errance misérable dans la ville de Tarbean, avant d’aller à l’université.

Au milieu des siens, les Edema Ruh, une sorte de saltimbanques qui voyagent et donnent des spectacles, Kvothe a acquis son éloquence et la manière de jouer la comédie suivant les circonstances. La rencontre avec l’arcaniste Ben, qui va suivre un temps la troupe, révèle les capacités hors du commun du jeune homme. Ce mentor lui apprend les bases de plusieurs domaines plus ou moins scientifiques, ce qui lui ouvrira, bien plus tard, les portes de l’université. Un jour, des êtres légendaires chamboulent son existence. Kvothe ne peut oublier leur nom : les Chandrians.

Alors commence l’errance solitaire dans la forêt, puis dans la ville sans pitié de Tarbean où Kvothe apprend à se débrouiller avec rien, à simplement survivre. Au bout de trois ans, il réalise que tel n’est pas son destin et il gagne l’université où il réussit à rentrer grâce à son bagout. La plus grande partie du récit de Kvothe nous relate ses débuts sur le chemin du savoir.

À la lecture de ces derniers mots, Harry Potter pourrait nous venir à l’esprit, mais cette comparaison tombe d’elle-même en avançant dans l’histoire. Kvothe est un étudiant plus que brillant, qui brûle les étapes, mais Patrick Rothfuss parsème son parcours d’écueils. Un succès peut entraîner un cinglant échec. La facilité n’est qu’apparence, car les besoins bassement matériels conservent à Kvothe le sens des réalités. Chaque fois qu’il pense enfin se tirer d’affaire quant à sa pauvreté, rien n’y fait, il doit toujours déchanter. Heureusement deux amis l’entourent et une jeune femme, aux multiples noms et aux motivations étranges, l’attire comme un aimant.
À travers ces nombreux revers de fortune, l’auteur lui garde les pieds sur terre et ne nous rend Kvothe que plus sympathique. De la façon dont l’histoire est présentée, le contraste entre Kvothe et Kote, l’individu qu’il est devenu, n’en est que plus saisissant.
Comment en est-il arrivé là ? Il sent sa fin proche, c’est pourquoi il veut rétablir la vérité sur son compte. Ici il nous dévoile ses débuts, sans s’étendre sur sa situation présente, même s’il semble s’estimer responsable de l’insécurité actuelle. Là-dessus le mystère reste entier.
S’il y a son passé, son présent n’en constitue pas moins une autre intrigue qui n’est qu’esquissée, mais sûrement appelée à se développer par la suite.

Pour ses débuts, Patrick Rothfuss a vu grand, mais il s’avère à la hauteur de ses ambitions. « Le Nom du Vent » est un livre passionnant et, malgré son épaisseur, il se lit très vite. Ce roman est si entraînant que veiller tard le soir ne pose guère de problème. Au moindre moment de libre, on ne pourra s’empêcher de le reprendre en main.
Dès le prologue où l’auteur nous présente les trois faces du silence régnant dans l’auberge, allez savoir pourquoi, on sent déjà que « Le Nom du Vent » présage de belles et grandes choses. Ce jugement se confirme au fil des pages.

La fin de cette première journée se solde par une mise en sommeil du récit, le temps d’une nuit pour Chroniqueur et Bast et de bien plus longtemps pour nous. En effet, le tome 2 n’est même pas encore sorti outre-Atlantique ! L’attente entre les deux romans s’annonce donc très longue et la publication en langue française de cette trilogie s’étalera sûrement sur plusieurs années.
Et c’est là que le bât blesse ! Si la qualité n’était pas au rendez-vous, le lecteur n’y prêterait pas attention. Heureusement, tel n’est pas le cas, mais l’intérêt suscité par cette parution risque de se diluer au long des mois, notamment si les délais s’allongeaient encore. Surtout que « Le Nom du Vent » ne se solde pas par un suspense insoutenable, ni par une réelle accroche sur la suite, on a juste envie de savoir comment les aventures de Kvothe se poursuivent.
Ici réside le défaut de « Le Nom du Vent », nous laisser sur notre faim sans aucune idée du moment où l’on pourra y remédier. Très frustrant !

Mais ce roman figure parmi les très bons crus de fantasy. Il fait partie de ces livres qui vous donnent envie de découvrir plus avant un genre.
L’éditeur parle de livre miraculeux ; sans aller jusqu’à cet extrême, la qualification de superbe ou magnifique ne s’avère pas usurpée.
Pour un premier roman, c’est un coup de maître, et l’on ne souhaite qu’une chose : continuer l’aventure dans les traces de Kvothe.


Titre : Le Nom du Vent (The Name of the Wind, 2007)
Série : Chronique du Tueur de Roi – Première Journée (The Kingkiller Chronicle : Day One)
Auteur : Patrick Rothfuss
Traduction de l’anglais (États-Unis) : Colette Carrière
Couverture : Marc Simonetti
Éditeur : Bragelonne
Directeurs de collection : Stéphane Marsan et Alain Névant
Lien internet : roman (site éditeur)
Pages : 648
Format (en cm) : 24,8 x 15,8 (Relié)
Dépôt légal : avril 2009
ISBN : 978-2-35294-283-2
Prix : 30€



François Schnebelen
14 juillet 2009


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Illustration de Marc Simonetti



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