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Sanctuaire
James Herbert
Bragelonne - Milady, Terreur, roman, traduit de l’anglais (Grande-Bretagne), terreur, 568 pages, mai 2009, 7€

Dans le village de Banfield, Alice, une jeune fille sourde et muette de onze ans, guérit soudain de son handicap. Retrouvée en adoration devant un vieux chêne trônant dans un pré proche de l’église, elle dit avoir été visitée par l’Immaculée Conception.
Le journaliste Fenn, présent la première fois qu’elle a parlé, colporte cette histoire. Les gens y voient un miracle et ils viennent nombreux assister à l’office religieux où Alice opère à son tour des miracles.
Il n’en faut pas plus pour transformer Banfield en lieu de pèlerinage, mais le père Hagan puis le monsignor Delgard s’interrogent sur l’origine du pouvoir de la jeune fille, en qui beaucoup voient une sainte.



Cette réédition de « Sanctuaire » chez Milady coïncide avec la parution de l’inédit « Les Autres » chez Bragelonne, alors pour ceux qui ne connaissent pas encore ce grand nom de la littérature de terreur (la trilogie « Les Rats », « Fog », « Le Survivant »…), c’est le moment de découvrir cet écrivain au grand talent, qui a vendu plus de cinquante millions d’exemplaires de ses ouvrages.

Au fur et à mesure des doutes qui naissent à l’encontre du don d’Alice, l’atmosphère du roman devient toujours plus pesante. Le tour de force de James Herbert repose justement dans sa capacité à transmettre aux lecteurs cette impression d’oppression. Il prend le temps de développer l’histoire pour bien nous imprégner de cette angoisse croissante. Malgré plus de 550 pages, la sensation de longueur n’existe pas et « Sanctuaire » figure au rang des livres que l’on a du mal à fermer avant la fin.

« Sanctuaire » interroge aussi sur la notion de miracles. Comment les définit-on ? Peut-on y croire ? Et, si oui, quels sont leurs origines et leurs effets ?
À ce titre, la religion fait partie intégrante du roman. Le prêtre, puis le monsignor en contact avec l’enfant, ressentent un certain malaise, sans qu’ils ne puissent vraiment l’expliquer, et aimeraient éviter toute mise en avant des prodiges. Par contre, l’Église montre un scepticisme de façade, mais se frotte en secret les mains à l’idée des personnes qui se découvriront de subites poussées religieuses et reviendront dans les lieux de culte. Même certains habitants de Banfield imaginent les profits futurs générés par cette publicité gratuite.
James Herbert nous montre les dérives inévitables consécutives à de tels évènements et l’opportunisme qui en découle. Une fois que la bonne affaire se profile, la machine commerciale prend vite le relais.
En l’occurrence, nous avons ici une belle critique de société !

Le choix du personnage d’Alice, une jeune fille sourde et muette de onze ans, est également habile. En effet, comment lui prêter de mauvaises intentions ? Tous ses actes ne peuvent être dictés que par le bon Dieu. D’ailleurs ce prénom n’est pas anodin ; en tête des chapitres, on trouve souvent des passages d’« Alice au Pays des Merveilles » de Lewis Carroll. Comme si l’auteur voulait suggérer l’envers du décor.
De son côté, le journaliste Fenn constitue le parfait témoin. Il n’est pas croyant, mais des faits étranges l’intriguent et il se lie d’amitié avec le monsignor Delgard. Son métier va passer au second plan, il cherchera d’abord à établir la vérité. Mais la réalité n’est pas toujours ce en quoi les gens veulent croire…
James Herbert nous brosse de belle manière le portrait d’un homme que les épreuves changent et qui voit l’avenir d’un œil différent, devenant ainsi plus humain.

Pour toutes ces raisons, « Sanctuaire » est un livre qui nous tient en haleine jusqu’à la fin. Au fil des pages, l’ambiance toujours plus oppressante y est pour beaucoup et justifie cette étiquette Terreur. James Herbert signe là un excellent roman, tout en nous interpellant sur les lieux de pèlerinage où l’aspect commercial a tendance à prendre le pas sur le message religieux.

Une réédition bienvenue !


Titre : Sanctuaire (Shrine, 1983)
Auteur : James Herbert
Traduction de l’anglais (GB) : Anne Crichton
Première édition française : Presse Pocket Terreur
Couverture (souple) : Anne-Claire Payet
Éditeur : Bragelonne - Milady
Collection : Terreur
Site Internet : Roman (site éditeur)
Pages : 568
Format (en cm) : 17,8 x 11,1
Dépôt légal : mai 2009
ISBN : 978-2-8112-0134-0
Prix : 7€



François Schnebelen
21 juin 2009


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Illustration d’Anne-Claire Payet



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