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Sceau de Cyané (le)
Ménéas Marphil
Au Diable Vauvert, Jeunesse, fantasy, 397 pages, février 2009, 18€

Après l’ouverture que constituait « Abracadagascar », le premier volume de la fabuleuse histoire des lunes de Pandor, nous retrouvons Piphan’ dans l’antre du Sîmorgh, son grand oiseau potecteur. L’occasion de digérer les révélations familiales de la fin du tome précédent, et de découvrir ce que trament les nains. Le pouvoir de Piphan’ se réveille lentement grâce au cristal sous la montagne, et c’est revitalisé que le jeune héros revient à Elatha. Pour découvrir que la guerre est de plus en plus proche…
Devant l’imminence du conflit, les cours sont annulés et l’enseignement d’une petite élite de volontaires se recadre sur la magie de combat, tandis qu’afflue sur l’île tous les anciens élèves venus en soutien. Mais le temps presse, car les Dahals, menés par Kim le Rouge, le frère de Piphan devenu maléfique, ont entrepris de reconstituer le Sceptre de Taranis en attendant le Grand Rituel de la lune noire et l’incarnation de Lilith. Seul le Sceau de Cyané peut s’y opposer, mais Piphan’ n’en possède que la moitié… Les professeurs les envoient alors en quête des pierres magiques, dissimulées sur Abracadagascar.

L’action est au rendez-vous de ce second volume. Après toutes mes récriminations à propos du précédent, voir la guerre se déclencher si vite est agréable, comparé au conflit qui couve quatre années durant chez le petit sorcier anglais.



Néanmoins, les quelques 400 pages de ce second volume ne seront pas fabuleuses pour autant. La première moitié est une suite de passages obligés, l’un gagne un objet, l’autre fait une révélation, etc., ainsi qu’une bonne dose de decorum, l’occasion certes de souffler mais qui casse un peu le rythme.
On trouvera quelques scènes intéressantes, comme un tête-à-tête entre Piphan’ et l’objet de son cœur, la belle Aelys, où l’amour et la jalousie se succèdent. Malheureusement trop peu de temps, l’ambiance « bon enfant » reprend le dessus, tout le monde est ami, et tout va bien dans le meilleur des mondes, même si c’est bientôt l’apocalypse.
Les sentiments de Piphan’, qui apprend à maîtriser sa colère, sont de plus en plus éphémères, comme si le cristal avait fait de lui un (presque) sage. La scène de l’Itinérarium est impressionnante, mais celle des couloirs d’Escher, qui la suit, complètement inutile.

L’auteur nous étale une nouvelle fois sa méconnaissance totale de certains sujets, avec des schémas astronomiques aberrants à propos du rituel de la lune noire (figurez-vous que la Lune « éclaire la Terre », que le Soleil semble ne pas jouer grand rôle, et que la plus élémentaire notion de géométrie ou la pratique d’ombres chinoises fera voler en éclats la prophétie de Lilith…et par là même une piètre tentative d’humour). (pages 111-113)

Passons à l’entraînement. On sourira à l’initiative des Maîtres d’Elatha de n’envoyer que les volontaires dans des missions qu’ils savent dangereuses… ou pas. La magie de combat enseignée fera sourire les adeptes de manga, car il s’agit de créer des boules d’énergie et les envoyer sur l’adversaire. Sans crier « Kamehameha »…

La quête des pierres du Sceau de Cyané, qui prend la seconde moitié du roman, ressemble à une récompense pour avoir tenu jusque là. Si on s’étonnera toujours de quelques incohérences et autres facilités littéraires (des jeunes magiciens arrivés depuis quinze jours sont déjà capables d’exploits, gloire à l’Elu, tout tombe à point), on alterne aventures, combat, découvertes extraordinaires et même une pointe d’humour (saluons l’inventivité de l’auteur : le sort d’annulation est « Kontrolzède ! » (page 264)), mais aussi de drame, avec un certain bonheur de lecture.
La prise d’importance de personnages secondaires, P’tit Floriot (renommé « Cheveux d’Argent »), Salomon Flamel et Ashitaka, y est pour beaucoup.

On se prend à rêver, moins d’une centaine de pages avant la fin, que le combat qui oppose Piphan’ à son frère Kim sera le duel final, d’autant que suffisamment de conditions sont réunis, un dragon y compris.
Hélas, trois fois hélas, si ce combat est mémorable et vaut la bataille finale d’« Harry Potter et l’Ordre du Phénix », l’ennemi s’enfuit.

Nos héros retournent à Elatha, pour découvrir les premiers effets du Rituel de la lune noire. Un moment d’une certaine intensité, avec une scène entre Piphan’ et Aelys gâchée par un style et un vocabulaire affligeants, pas du tout en phase avec le drame qui se joue (pages 377-379).

Un style et un vocabulaire aussi aléatoires que dans le tome précédent, d’ailleurs. Certains passages font très peu littéraires, empiétant sur les phases de dialogue, au langage parlé du coup bien mieux rendu, mais pas exempts de variété lexicale.
Exemple page 280 (c’est Piphan qui parle) : « — Je découvre comme toi que cette fille lui donne des ailes. Pourtant, il n’est pas coureur de jupons, au contraire. Y a une semaine, il était persuadé que sa taille serait toujours un handicap pour trouver sa chérie. En plus, il pense qu’il n’est pas beau. À croire que Césarine lui donne du cœur au ventre. » Est-ce comme ça que parle un ado de quinze ans avec un autre ? le « y a », je veux bien, mais le reste… Et parfois, c’est l’inverse…

Les fautes restent nombreuses, avec une tendance manifeste à vouloir maltraiter la langue française.

Texte - 4.3 ko
Le Sceau de Cyané - corrections


Nous en serons quittes pour un troisième et (espérons) dernier volume. L’intérêt et la qualité allant visiblement crescendo, on est en droit d’attendre une fin digne de ce nom.


Titre : Le Sceau de Cyané
Série : La Fabuleuse Histoire des lunes de Pandor, tome 2
Auteur : Ménéas Marphil
Couverture et illustrations : Didier Graffet
Editeur : Au Diable Vauvert
Site Internet : fiche du roman
Pages : 397
Format (en cm) : 13 x 20
Dépôt légal : février 2009
ISBN : 978-2-84626-189-0
Prix : 18 €



Nicolas Soffray
10 juin 2009


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