Genre : Thriller fantastique
Durée : 2h13
Avec Song Kang-Ho, Shin Ha-Kyun, Kim Ok-Bin, Mercedes Cabral, Eriq Ebouaney, Oh Dal-Su, Kim Hae-Sook, Park In-hwan et Song Young-Chang
En compétition officielle au 62e Festival Internationale du Film de Cannes (2009), « Thirst, ceci est mon sang » obtient, ex-aequo avec « Fish Tank » d’Andrea Arnold, le Prix du Jury.
Sang-Hyun est un jeune prêtre coréen très apprécié et totalement investi dans sa fonction. Il décide un jour de se porter volontaire, contre l’avis du Vatican, pour tester un vaccin expérimental contre un nouveau virus
mortel. Comme les 49 autres cobayes, il finit par succomber à la maladie, mais une miraculeuse transfusion le ramène à la vie. Petit à petit cependant,
Sang-Hyun commence à observer des phénomènes étranges : ses sens se développent à mesure qu’il se découvre un goût incontrôlable pour le sang et les plaisirs charnels. Notre jeune prêtre est devenu vampire... Sa réputation de miraculé franchit les murs de l’hôpital, attirant des malades en quête de guérison, parmi lesquels il retrouve un ami d’enfance, accompagné de sa mère et de son épouse,Tae-Ju, dont il va tomber passionnément amoureux.
Je me doutais, en allant voir « Thirst », que j’en serais quitte pour une bonne ration de bizarre. Je me doutais qu’une fois de plus, le thème du vampirisme serait étroitement lié à celui du désir. Je me doutais aussi qu’il y serait question de faute, de culpabilité, de rédemption.
Je ne m’attendais pas, en revanche, à y trouver ce ton totalement décalé, mélange détonnant d’humour, de gravité, de gore et de poésie. Car c’est bien là ce qui interpelle dans « Thirst », bien davantage que les giclées d’hémoglobine et autres scènes de sexe mâtinées de sadomasochisme.
C’est ce léger second degré, permanent, qui vous donne envie de vous marrer quand vous vous y attendez le moins. C’est ce talent du ridicule, qui tient toujours à un détail, insufflé à la gravité du propos. C’est aussi la grâce de certaines images : je pense notamment au plan dans lequel les pieds
nus de la jeune femme sont soulevés de terre par Sang-Hyun et reposés dans ses vieilles chaussures trop grandes.
Alors oui, « Thirst, ceci est mon sang » est long, très long, trop long. Oui parfois, le propos est trop appuyé pour servir un délire qui ne surprend pas. Mais Park Chan-Wook parvient, en multipliant les clins d’oeil et les
références cinématographiques (on pense ainsi à « Kill Bill » et Uma Thurman en voyant Tae-Ju surgir assoiffée de sang dans le couloir de sa maison) à s’approprier le thème plus qu’ancien du vampire, en y apposant sa patte complètement indéfinissable.
« Thirst » suprend et séduit : par les temps qui courent, on aurait tort de s’en priver.
Amandie Prié
Sang-hyun est un jeune prêtre Coréen, aimé et respecté. Contre l’avis de sa hiérarchie, il se porte volontaire pour tester en Afrique un vaccin expérimental contre un nouveau virus mortel. Comme les autres cobayes, il succombe à la maladie, mais une transfusion sanguine d’origine inconnue le ramène à la vie. De retour en Corée, il commence à subir d’étranges mutations physiques et psychologiques : le prêtre est devenu vampire. Mais la nouvelle de sa guérison miraculeuse attire des pèlerins malades qui espèrent bénéficier de sa grâce. Parmi eux, Sang-hyun retrouve un ami d’enfance qui vit avec sa mère et son épouse, Tae-Ju. Il succombe alors à la violente attirance charnelle qu’il éprouve pour la jeune femme...
On retrouve, dans « Thirst, ceci est mon sang », la thématique de référence du réalisateur : un individu criminel en quête de rédemption. Park Chan-wook est des plus cohérents dans son travail. De plus, il prépare ses films sur le long terme. Par exemple, dans « 3 extrêmes », en 2005, il invente un personnage de metteur en scène qui réalise un film de vampires afin de mettre en place un certain nombre de situations dramatiques que l’on retrouve dans « Thirst ». Comme quoi, il a de la suite dans les idées.
Le scénario est, de plus, très rigoureux et très bien construit. L’intrigue semble déjà-vu mais est, en fait, très originale. L’acteur principal, Song Kang-Ho, est très impressionnant : outre sa transformation physique spectaculaire, sa prestation est des plus frappantes.
On peut affirmer sans trop se tromper que le vampirisme est intimement lié au sexe et au sang. Ces deux éléments sont des principes récurrents et incontournables de cette mythologie aussi bien dans la tradition que dans la modernité. Dans certaines parutions littéraires relativement récentes dont « Je suis une légende » (1954), les vampires sont des êtres humains infectés par une maladie incurable, contagieuse et souvent mortelle. On les exclut donc de la société à laquelle ils appartiennent. Quelques films encore plus contemporains lie clairement le vampirisme au VIH : e « Les Vampires du Désert » réalisé par J.S. Cardone en 2001 en est un parfait exemple. La contamination favorise la culpabilisation archaïque intense liée à l’acte érotique : la divinité à laquelle on croit pourrait nous punir pour pratiques sexuelles anormales. On retrouve cette idée exprimée de manière transparente dans « Thirst » : Sang-hyun est atteint par un dangereux virus, en meurt, revient étrangement à la vie et est charnellement attirée par une femme mariée. Le comble pour un prêtre supposé être au-delà de ces instincts primaires. Pour cette raison, le vampire apparaît donc de moins en moins comme une créature surnaturelle. Il constitue plutôt une métaphore mouvante de nos craintes et de nos préjugés. Il est alors possible de se demander si cette figure monstrueuse est porteuse de sens.
Parallèlement, on retrouve dans « Thirst » les thèmes de prédilection du réalisateur : sa trilogie autour de la vengeance (« Old Boy », « Sympathy for Mr Vengeance » et « Lady Vengeance ») en traçait déjà les grandes lignes. Dans « Thirst », comme dans les précités, le héros est en quête de pardon alors que sa moralité est passée du côté obscur de la force. Ce pauvre prêtre, à priori image incarnée de la vertu, devient un monstre et refuse son nouveau statut du fait de sa croyance intensément encrée. Il s’y accroche comme il le peut car c’est un homme profondément bien.
Cécilia Jamart
FICHE TECHNIQUE
Titre original : Bak-Jwi
Réalisateur : Park Chan-wook
Scénario : Park Chan-wook et Jeong Seo-Gyeong
Producteurs : Park Chan-wook et Ahn Soo-hyun
Producteurs délégués : Miky Lee et Katharine Kim
Image : Chung Chung-hoon
Musique originale : Cho Young-Uk
Montage : Kim Jae-Bum et Kim Sang-Bum
Directeur artistique : Ryu Seong-hie
Chef décorateur : Ruy Seong-hie
Costumier : Cho Sang-kyeong
Maquilleur : Song Jong-hee
Ingénieur du son : Kim Chang-Sub et Kim Suk-Won
Chef éclairagiste : Park Hyun-won
Production : Universal Pictures, Focus Features, CJ Entertainment et Moho Film
Distribution : Le Pacte
Relation presse : Clément Rebillat, Céline Petit et Annelise Landureau pour Le Public Système
INTERNET
Le site officiel : http://www.thirst-lefilm.com/