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Imaginales 2009 - À pied, à cheval et en fusée

Épinal - 15 mai 2009 - 10h

Table ronde : À pied, à cheval et en fusée : imaginer nos transports, demain
- Animée par Christophe de Jerphanion, avec :
- Johan Héliot, pour « les Fils de l’Air », Flammarion Ukronie ;
- Andreas Eschbach, pour « En Panne Sèche », l’Atalante ;
- Jean-Claude Dunyach, pour « Séparations », l’Atalante, et en tant qu’ingénieur aéronautique ;
- Guy Eymann, directeur de la concession Renault d’Épinal.



Jean-Claude Dunyach explique pour commencer que la même démarche motive l’ingénieur et l’auteur pour offrir une réponse rapide aux contraintes qui s’annoncent. Contraintes technologiques, mais aussi pénuries.

L’évolution des véhicules est ainsi moins prévisible avec la fin annoncée des carburants fossiles, et l’avenir du transport devient un sujet important, à penser en profondeur. Il prend l’exemple des films de George Miller, « Mad Max », où les survivants se disputent les dernières réserves d’essence, au lieu de repenser leurs moyens de transports. Même si c’est cet avenir impitoyable qui se profile actuellement, plutôt qu’une réforme complète de nos modes de déplacements (vélos, etc.) ou de notre mode de vie (réductions des distances quotidiennes…).

La réflexion sera également guidée par l’impact inacceptable des transports sur la nature, et pourquoi pas le retour aux zeppelins, ou des avions solaires monoplaces…

Guy Ermann parle d’une vision « opérationnelle » sur l’automobile. La crise a entraîné une réflexion plus rapide des ingénieurs, et une accélération des projets déjà initiés par la marque qu’il représente, ainsi que la concurrence : des moteurs zéro émission à court terme, de nouveaux véhicules silencieux (car le bruit est aussi une pollution, merci à lui de nous le rappeler), et des concepts moins tournés vers l’individualisme…

Christophe de Jerphanion lui demande si la conscience de l’acheteur a évolué. Oui, l’impact sur l’environnement est devenu un critère de sélection, et pas seulement dans le cadre du bonus écologique.

Christophe de Jerphanion pose ensuite la question du pouvoir de la vision de l’auteur de science-fiction.
Johan Héliot commence par douter de la vision idyllique de Guy Ermann sur l’absence de la carotte économique dans le succès des véhicules propres, et préfère s’interroger sur comment produire de l’énergie propre, peut-être avec le nucléaire, et souligne l’oxymore d’une « voiture propre ». La France est le pays de grands constructeurs automobiles et de Total, où on n’arrête pas de fermer des gares de chemin de fer…

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Johan Hélio le matin


Il rappelle la grande importance des transports dans ses livres, avec les zeppelins, « qui renaissent de leurs cendres » ajoute Christophe de Jerphanion, provoquant l’hilarité générale. Johan Héliot insiste sur la conception du « temps du voyage », la durée de certains pouvant alors remettre en cause leur utilité.

Christophe de Jerphanion pose alors la question de la réinvention des transports après l’épuisement des ressources actuelles.
Andreas Eschbach répond à cette question avec son livre « En panne sèche ». Qu’utilisera-t-on après le pétrole ? Un problème sur lequel planchent les ingénieurs, guère aidés par le faible coût de l’or noir, et qui va toujours décroissant.
Si le carburant est encore abondant et bon marché, pourquoi financer la recherche sur des solutions alternatives de toute façon plus coûteuses ? Bref, seule la pénurie sera un déclencheur suffisant.

Christophe de Jerphanion souligne que c’est peut-être là un problème lié au capitalisme, mais que celui-ci peut y répondre, en créant un nouveau marché, et en suscitant un besoin, avec cette « conscience écologique » à la mode.

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A. Eschbach, Chr. de Jerphanion et J.C. Dunyach


Jean-Claude Dunyach poursuit : notre société a un rythme de fonctionnement, aussi il faut la réinventer, pour changer ce principe basé sur la vitesse et le besoin, bref l’effet de mode. Ce qui requiert de sensibiliser le public, pour espérer diminuer notre impact sur le monde extérieur.

Et le solaire ? demande Chr. de Jerphanion, en pensant au « Station solaire » de l’auteur allemand. Andreas Eschbach ne le considère que comme un pis-aller, d’autant que dans son roman, le système est dangereux (les panneaux solaires dans l’espace envoient l’énergie sur Terre sous forme de micro-ondes), et il préconise plutôt de favoriser le solaire terrestre, en employant les déserts notamment. Mais la technique est encore débutante, et le problème du transport et du stockage de l’énergie sont rédhibitoires.

Et la Lune ? Johan Héliot la déclare « peu intéressante », au point que les U.S.A. ont plus ou moins abandonné l’idée d’y retourner.
Jean-Claude Dunyach rappelle que le problème principal est de « s’arracher à la Terre », ce qui requiert un vitesse de Mach 25 et donc une formidable dépense d’énergie, au point de les ingénieurs astronautiques réduisent au minimum les charges à expédier hors de la Terre.
Néanmoins, l’espace est riche en énergie et en matière, ce qui sera utile lorsque se posera la nécessité future de la colonisation.

Revenant sur le problème de la distribution sur Terre (de l’énergie ou des produits), J.-C. Dunyach revient sur la nécessité d’éliminer le facteur de vitesse pour repenser la société. Il donne l’exemple d’Internet et des possibilités de « voyage immobile » ou encore de « tourisme en vidéo », qui réduiraient le trafic aérien.
Mais c’est son côté casanier qui parle, plus que son expérience d’ingénieur chez Airbus (« vous connaissez peut-être, on fabrique des avions… »). Même chose pour les « voyages professionnels », vente ou communication, rendues obsolètes par des techniques comme l’Internet, la vidéoconférence ou Skype (téléphonie par internet).

Le problème revient toujours à la production d’énergie au niveau local, nécessaire ne serait-ce que pour assurer le fonctionnement des services de communication. Rappelons qu’Internet est un gouffre électrique, avec des serveurs qui fonctionnent 24 heures sur 24 dans le monde entier, et la consommation de nos propres PC…

On évoque également la notion de pérennité, et d’abolir des aberrations comme la relation du temps et de la distance pour se rendre chaque jour au travail. Les gens d’aujourd’hui réfléchissent en temps de trajet et non plus en distance, certains d’avoir un moyen rapide et personnel à leur disposition (bref, une voiture), plutôt qu’envisager la marche à pied. Ce qui inclut également de repenser les villes au profit du vélo, des transports en commun propres et de la marche.

Enfin, repenser cette société signifierait revenir à un échelon de production au moins national sinon régional, et donc de « relocaliser ». Outre le coût d’un tel procédé (incluant la multiplication de petites structures aux dépends de grandes chaînes de production) qui est un frein économique et politique évident, cela le résout pas les problèmes d’une société désormais globalisée.

Mon avis d’auditeur : Une vraie discussion de prospective pour démarrer ce vendredi ! La présence d’intervenants bien documentés sur le sujet crucial des moyens de transports d’aujourd’hui et de demain a fait de cette table ronde une solide projection dans le futur proche, entre (science-)fiction et réalités à venir. Les notes d’humour dispensées ça et là ont dédramatisé un problème pas si éloigné que cela, et contribué à faire passer le message.

Pour revenir à la page des conférences du vendredi


Nicolas Soffray
10 juin 2009


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