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Beaucoup de forme et fort peu de fond
Janua vera de Jean-Philippe Jaworski
Délices & Daubes n°154


Vous me connaissez, je suis curieux et, même si je ne goûte pas trop la fantasy, je me devais de lire le Prix du Cafard Cosmique 2008. Son jeune auteur ex-rôliste est tellement apprécié du microcosme qu’il vient de recevoir le Prix Imaginales 2009 pour son nouveau roman « Gagner la guerre ».

Jaworski n’a pas trop forcé quand il a imaginé son monde, coincé comme d’habitude dans un Moyen-Âge mâtiné de Renaissance, Le Vieux Royaume. Il s’agit donc de « fantasy », où vont s’affronter les très classiques rois, chevaliers, assassins, magiciens, manants, belles dames, quelques rares elfes, etc. « Janua vera » est un recueil de sept nouvelles qui se passent dans cet univers.
La langue « finement ciselée », comme dit la quatrième de couverture, peut surprendre avec bonheur ceux qui sont lassés de la traduction pourtant fidèle de la fantasy anglo-saxonne usuelle.
Les premières histoires sont d’une grande banalité au niveau de l’intrigue mais très alambiquées quant aux noms des personnages et aux relations diplomatiques entre des factions indifférentes au lecteur.
Le premier texte qui donne son nom au bouquin, “Janua vera”, est particulièrement indigeste. Le travail sur la langue est tellement extrême qu’’il enlève toute vie au récit.
“Mauvaise donne” retrace le parcours d’un assassin narrateur et sympathique, un air décidément trop rebattu en fantasy (confer, entre autres, Robin Hobb et Steven Brust).
“Une offrande très précieuse” fait penser aux nouvelles chevaleresques de G.R.R. Martin, le vocabulaire savant en plus et l’humour léger en moins.
En zappant la suivante qui commence dans le fracas et l’horreur de combats sanglants (une spécialité de l’auteur que l’on retrouve en fil rouge au travers des différentes histoires), on peut lire « Le conte de Suzelle », le parcours de vie rude et misérable d’une paysane qui rencontra un elfe quand elle était gamine, allégorie tristouille et sans finesse du Prince Charmant.

Il y a sans doute eu beaucoup de travail de recherche sur le vocabulaire de la chevalerie, les noms des différentes parties d’une armure, des types d’arbalètes, des vêtements, etc. Si vous aimez ce genre, n’hésitez pas, ce livre vous plaira.
Pour le reste, nul doute que Jaworski est doué quand il travaille son écriture, mais tout le monde (par exemple moi) ne sera pas sensible à ces récits moyen-âgeux (qui n’ont par ailleurs strictement rien à faire dans une collection de science-fiction).

Alors oui c’est écrit, mais c’est d’une totale banalité, les histoires racontées ne présentent aucune surprise. On les a déjà lues ailleurs. Et il n’y a rien au-delà, aucune réflexion, aucun fond. Tout est dans la forme et, excusez-moi, chers estimés critiques professionnels, ça ne me suffit pas pour crier au génie.


Henri Bademoude
17 mai 2009


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