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Tequila Frappée
Nadine Monfils
Belfond, Policiers, roman (Belgique), polar fantastico-déjanté, 250 pages, janvier 2009, 18,50€

On ne sait trop où se situe Pandore, mais il y pleut des pétales de rose, on y mange des oiseaux-sans-tête à la bruxelloise, les dealers voyeurs construisent des sous-marins en attendant les Russes, et on y croise parfois des marchands de rêves… On y tue, aussi, pour rompre l’ennui.
Lorsque la villa d’un prof accusé (à tort ?) de pédophilie vole en éclats, l’inspecteur Lynch, son second Barn et la profileuse nostalgique Nicky auront fort à faire.
Que viennent faire une précieuse collection de netsuke, ces aumônières japonaises, et une main coupée baladeuse dans cette histoire ?

Heureusement que Lynch peut toujours se confier à sa chienne adoptée Tequila, entre deux rasades du même alcool…



Alors que le « polar du Sud » mis à toutes les sauces (avé l’assent pour faire rire les Parigots ?) commence à nous escagasser sévère, pourquoi a-t-on tant de mal à reconnaître l’existence d’une école belge du roman noir et policier, souvent limité à la tarte à la crème vaguement insultante du « un polar qui a la frite ! » (ha ha, qu’est-ce qu’on rigole !) ?

La bande dessinée est incontestée, le fantastique (Jean Ray, Thomas Owen, Michel de Geldherolde) presque, la musique électronique du bout des lèvres (ben, oui, Front 242 et le label Play It Again Sam), alors pourquoi pas le polar ?
Pourtant, on peut rappeler les illustres prédécesseurs, Simenon bien sûr, mais aussi Steeman ou, plus près d’aujourd’hui, les dignes représentants du genre ne manquent pas : Bob Garcia, l’expatriée Pascale Fonteneau, Pieter Aspe, Alain Berenboom, Anne Duguel ou… Nadine Monfils, qui a mis fin à sa série décalogique du commissaire Léon.

Le critique paresseux balancera bien sûr la référence à David Lynch pour l’univers de Pandore (dès qu’on a affaire à un univers un brin décalé, il est de bon ton de citer le surestimé Lynch), mais en fouillant les archives, on se rapprocherait davantage de l’imaginaire du cinéaste André Delvaux (« Un soir, un train ») ou même de Jean Ray, qui n’a jamais chipoté sur l’humour noir et s’adonna souvent au « policier ».
Humour noir qui, bien sûr, n’est pas sans zones d’ombres, voire cruauté : on parle de sujets graves (pédophilie, viol) et les meurtres sont d’un macabre digne de « Seven ».

Le tout mené à un rythme effréné, en chapitres courts excluant la simple notion de délayage, avec une intrigue bien présente, tout en gardant ce sens de la grisaille et d’un ennui diffus typiquement nordique. Du coup, ce court roman immersif, truffé d’idées et de petites annotations fort justes, se dévore comme un… Eh bien, comme un polar !

Mais un polar qui a une petite musique qui n’appartient qu’à nos voisins d’outre-Quiévrain. Encore faut-il bien vouloir l’entendre…


Titre : Tequila Frappée (2009)
Auteur : Nadine Monfils
Couverture : Sargologo
Éditeur : Belfond
Collection : Policiers
Site internet : page collection & roman (site éditeur)
Pages : 250
Format (en cm) : 22,5 x 14, (moyen, broché)
Dépôt légal : Janvier 2009
ISBN : 978-7144-4533-9
Prix : 18,50€



Thomas Bauduret
25 mars 2009


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